Il y a 10 ans, Mike Komisarek avait des allures de future  vedette. Grand, imposant, l'Américain était le prototype du gros défenseur moderne, capable de faire la loi devant son propre filet, capable d'intimider l'adversaire par sa seule présence. Personne n'a été surpris quand, au repêchage de 2001, le Canadien en a fait son premier choix, le septième au total, et le premier défenseur choisi parmi tous les espoirs cette année-là.

Komisarek ne pouvait pas rater son coup, et à peu près tout le monde lui prédisait une grande carrière, incluant Red Berenson, son entraîneur lors de ses deux saisons à l'Université du Michigan. «Quand il restait une minute à jouer et qu'il fallait protéger une avance, c'est lui que je voulais sur la glace», se souvient Berenson.

Comme les choses ont changé.

Aujourd'hui, plus personne ne voit en Komisarek un joueur vedette. Sa fiche de -9 est la pire chez les défenseurs réguliers des Maple Leafs, et avec sa modeste récolte de neuf points en 52 matchs, il ne justifie certes pas le salaire de 5,5 millions que les Leafs lui versent cette saison.

Que s'est-il passé, au juste? C'est la grande question. Après avoir concocté quelques étincelles de magie en six saisons chez le Canadien, le joueur de 6'4 et 243 livres s'est joint aux Leafs il y a deux ans, et n'a pu devenir le défenseur que l'on croyait. «Au lieu de progresser, il s'est mis à régresser», résume un dépisteur de la LNH qui préfère garder l'anonymat.

À 29 ans, Komisarek n'est peut-être pas fini, mais sa carrière ne va certes pas dans la bonne direction. Red Berenson, lui, a du mal à comprendre.

«À 16 ans, à 17 ans, il passait déjà la rondelle comme un joueur professionnel, rappelle le coach des Wolverines du Michigan. J'ai toujours cru qu'il avait des qualités offensives. Dans les rangs collégiaux, il pouvait transporter la rondelle comme Larry Robinson. Il avait un excellent lancer et il savait repérer ses coéquipiers sur la glace.»

Berenson refuse de blâmer la direction du Canadien pour la dégringolade de Komisarek, mais il ajoute un détail important: en 2002, il avait fortement conseillé au défenseur de disputer une saison de plus au Michigan.

«C'est ce qui arrive parfois quand on demande à un joueur de passer trop vite chez les professionnels... Si Mike avait joué une saison de plus au Michigan, ça l'aurait probablement aidé. Il voulait rester, mais il a eu de la pression de la part de la direction du Canadien. Ensuite, il est devenu un défenseur strictement défensif à Montréal. Il avait pourtant des qualités offensives avec nous, il était de notre attaque à cinq et il avait un excellent tir de la pointe. Je le regarde aujourd'hui, et je ne vois plus ce joueur-là. C'est comme s'il était de retour à la case départ.»

Cette chute est d'autant plus inexplicable qu'il y a quatre ans à peine, Komisarek était considéré comme un intouchable chez le Canadien. Et puis, ne voyait-on pas en lui un futur capitaine à Montréal?

L'ancien défenseur Stéphane Quintal, qui lui avait offert quelques conseils à son arrivée dans le vestiaire du Centre Bell, en 2002, estime que Komisarek ne s'est jamais vraiment remis de cette rince face à Milan Lucic, des Bruins de Boston, en 2008.

«Ça l'a marqué, de répondre Quintal sans hésiter. Pour jouer ce rôle-là dans la ligue, ça prend une crédibilité. Pour un défenseur robuste comme lui, jeter les gants, ça fait partie du travail. Mais depuis le combat contre Lucic, il n'a plus cette crédibilité. Les gars le savent. Il a voulu être un défenseur robuste, mais ses talents de pugiliste ne sont pas terribles.

«Je me souviens, en début de carrière, j'avais affronté Bob Probert lors d'une bagarre générale, et je m'en étais bien tiré. Ça avait fait le tour de la ligue. Après ça, soudainement, j'avais plus d'espace sur la patinoire, et quand les gars arrivaient pour me frapper dans un coin, ils m'avertissaient juste avant. Si Komisarek avait mieux paru contre Lucic, ça l'aurait aidé pour sa confiance, c'est sûr.»

D'ailleurs, la notion de confiance refait souvent surface quand on cause de Mike Komisarek avec les gens du milieu. Le dépisteur interrogé pour ce texte juge lui aussi que le gros défenseur a un problème évident à ce chapitre.

«Il est souvent hésitant, d'expliquer ce dépisteur. Son jeu de position autour du filet est médiocre. Il avait déjà ce problème dans les rangs collégiaux, et il ne l'a pas corrigé. En plus, il est nerveux sur la glace. Ça le mène à commettre des erreurs. Il aurait dû être meilleur que ça, c'est certain.»

Les Leafs sont maintenant pris avec lui jusqu'en 2014. Les patrons montréalais, eux, peuvent sourire. On raconte qu'avant de dire oui aux Leafs en 2009, Komisarek avait dit non à un contrat de cinq ans pour 20 millions avec le Canadien...

Super Mario pète une coche

La honte de vendredi soir entre les Penguins et les Islanders à Uniondale a laissé des traces. Si bien que dimanche après-midi, c'est Mario Lemieux qui s'est permis de critiquer ce gâchis dans un communiqué. «Une farce», a dit Super Mario, tout en menaçant de quitter le navire de la LNH. Ce qu'il ne fera probablement pas, mais au moins, c'était spectaculaire comme sortie. Et ça rentrait au poste, comme on dit dans le milieu.

Car quand Mario parle, on écoute. Avec raison. Rappelons-nous, c'est un peu lui qui a forcé la LNH à revoir sa politique sur l'accrochage à la fin des années 1990.

Sauf que cette fois, il y a un petit problème: le message de Mario Lemieux risque de passer un peu moins bien cette fois-ci. Parce que ses Penguins ne sont pas exactement des exemples à suivre côté comportement.

Il y a d'abord un certain Matt Cooke qui porte ce chandail-là, un léger détail qu'une bonne partie de la Planète LNH a souligné avec plaisir sur Twitter quelques minutes après la publication du message de Mario, dimanche.

Mais il y a aussi que les Penguins sont le club le plus puni de toute la LNH cette saison. Les Penguins ont en plus écopé de 63 majeures cette saison, un autre sommet. Dur de se permettre de faire la morale quand votre propre club joue des bras de façon régulière, n'est-ce pas?

Cette autre sortie du grand Mario était parfaitement justifiée, mais malheureusement, tout ce qu'on va retenir, c'est que le grand Mario n'est pas trop placé pour parler. On va aussi retenir que monsieur n'est pas souvent là lors des réunions des gouverneurs.

La prochaine fois, il devrait peut-être se présenter. Il a des choses à dire, manifestement.

Une image à refaire

C'est très rare que les gros médias américains s'intéressent au hockey, et c'est très rare que la LNH se retrouve sur le tableau des sujets du jour sur le site d'ESPN.

Eh bien, c'est arrivé deux fois au cours de la dernière semaine: suite à la foire entre le CH et les Bruins, et suite au gâchis entre les Islanders et les Penguins vendredi soir.

Aux États-Unis, en d'autres mots, quand on parle de hockey, c'est quand les joueurs font des folies sur la glace.

Gary Bettman peut bien sortir ses beaux chiffres et nous endormir à coups de statistiques fabuleuses, un fait demeure: cette ligue a un sérieux problème d'image. Pour beaucoup d'Américains, le hockey demeure un sport un peu comique, voire louche, à ne pas prendre au sérieux. Bref, un genre de curiosité, comme le roller-derby ou la lutte professionnelle peuvent l'être.

Évidemment, il existe une solution à ça: imiter toutes les autres ligues professionnelles, et interdire les bagarres. Ce ne serait pas si compliqué. D'ailleurs, ça doit faire au moins 30 ans qu'on le suggère à gauche et à droite. Sur le plan de la crédibilité, ça aiderait.

Mais nous n'allons pas retenir notre souffle avec ça. En attendant, la LNH peut se contenter de continuer à être ce qu'elle est aux États-Unis depuis longtemps: une ligue qui, dans certains marchés, est moins populaire que les courses de camions et le rodéo.

Le retour de Peter Forsberg

Disons que ça ne s'est pas passé comme prévu. À ses deux premiers matchs depuis son retour avec l'Avalanche, le Suédois n'a pas récolté un seul point. Pire encore, il a une fiche de -4. Les deux fois, l'Avalanche a subi la défaite. Au fait, l'Avalanche vient d'en perdre sept de suite, sa pire série de défaites depuis le déménagement à Denver.

On raconte que Forsberg n'a pas été mauvais lors de ses deux matchs, mais qu'il a été quelque peu ralenti par des coéquipiers un peu mauvais.

La bonne nouvelle pour celui que l'on surnomme Foppa: il lui reste 26 matchs pour se reprendre. Et il risque d'avoir en masse de temps de glace, surtout si son club reste accroché à la 14e place dans l'Ouest.

En attendant, l'Avalanche a besoin d'aide, et ça presse. Au fait, est-ce que Patrick Roy a encore ses jambières quelque part?

La statistique de la semaine

L'ailier gauche Michael Grabner, des Islanders, a réussi 12 buts à ses 13 derniers matchs.

L'autre statistique de la semaine

Depuis la blessure à Evgeni Malkin, les Penguins (qui sont aussi sans Sidney Crosby, rappelons-le) n'ont aucune victoire en temps réglementaire à leurs cinq derniers matchs. Ça inclut une rince de 9-3 contre les puissants Islanders.

Un chiffre pour intéresser les gens de Québec

13,032

Ça, c'est l'assistance au match des Thrashers à Atlanta, dimanche soir, contre les Hurricanes de la Caroline.

La citation de la semaine

«Je suis fier de la façon dont notre équipe a joué, et je vais appuyer nos gars.»

Garth Snow sur les ondes de TSN, en réaction à la foire de vendredi soir entre ses Islanders et les Penguins.