L'émergence des jeunes est en train de devenir un fait marquant de la saison du Canadien.

Depuis le rappel de Max Pacioretty et le retour dans la formation de P.K. Subban, à la suite de la blessure à Josh Gorges, on aurait dit que les jeunes joueurs de l'équipe ont pris le contrôle des opérations.

Compte tenu des nombreuses blessures et des vétérans qui piétinent, les quatre défaites lors des cinq derniers matchs seraient encore plus inquiétantes n'eût été des forces fraîches qui se distinguent soir après soir.

Qu'on pense à Pacioretty, qui a sept buts et 12 points à ses 11 derniers matchs; à David Desharnais, qui a récolté sept points en quatre rencontres; à Benoit Pouliot, dont l'implication a permis de marquer dans chacun des trois derniers matchs.

En défense, Subban s'impose de plus en plus comme le meilleur de l'équipe. Il a atteint un sommet en termes d'utilisation, mardi face aux Sabres de Buffalo (29:22). Quant à Yannick Weber, sans qu'il ne défonce rien en attaque, il est en train de prouver qu'il peut tenir son bout dans son territoire.

Et c'est sans compter le gardien Carey Price qui, après tout, n'a que 23 ans!

L'une des plus jeunes équipes

On a eu beau pester contre les difficultés du Tricolore à développer des joueurs, il y a tout un rattrapage qui s'est fait depuis un an.

« Il y a tellement de joueurs qui arrivent de la Ligue américaine, j'ai l'impression qu'on est l'équipe la plus jeune du circuit en ce moment », nous a lancé Carey Price, mercredi.

Statistiquement, les Blackhawks de Chicago demeurent l'équipe la plus jeune. Mais l'impression de Price n'est pas fortuite : face aux Sabres de Buffalo, mardi, le Tricolore a vraisemblablement aligné sa plus jeune formation depuis longtemps avec une moyenne d'âge de 26.75 ans.

« Toutes les formations passent par là, avec de plus jeunes joueurs qui sont appelés à prendre leur place et à assumer de plus grands rôles, a rappelé le vétéran Hal Gill. On ne voit plus trop de ces jeunes joueurs qui sont insérés petit à petit. Maintenant, ils sont rappelés et il faut les faire jouer. »

La cuvée 2007

Il n'y a pas si longtemps, nombre d'amateurs reprochaient à Trevor Timmins d'avoir préféré Pacioretty à David Perron au repêchage de 2007. Or, la cuvée 2007 s'avère un excellent cru pour le Tricolore.

Malgré le départ du premier choix de l'équipe cette année-là - le défenseur Ryan McDonagh - les Pacioretty, Subban et Weber ont rapporté des dividendes.

Et l'on aurait tort de lancer la serviette trop vite avec Lars Eller, qui avait été choisi au 13e rang cette année-là par les Blues de St.Louis.

Il s'agit de laisser les jeunes se développer.

Eller est peut-être un cas à part dans la mesure où il a été impliqué dans une transaction qu'il a fallu justifier rapidement. Mais la majorité des espoirs du Canadien se font expliquer qu'il y a un processus à travers lequel ils doivent passer.

« Ça va impliquer de jouer d'abord des matchs pré-saison, puis de prendre confiance dans les mineures et de goûter quelque peu à la LNH avant de s'y établir », explique Ryan White.

Et ce qui est crucial, c'est que lorsque le jeune sera prêt à faire le saut, il ne sera pas snobé par les vétérans.

« À Hamilton, la présence de bons vétérans comme Alex Henry et Curtis Sanford déteint sur les plus jeunes, de la même façon que rendus à Montréal, des gars comme Brian Gionta et Scott Gomez nous facilitent la vie, poursuit l'ailier de 22 ans.

« On profite ici d'un bon accueil des plus vieux. Ils sont très chaleureux et te font immédiatement sentir comme un membre de l'équipe. Moi je ne suis revenu que depuis une semaine, mais j'ai l'impression d'être au milieu de ces gars-là depuis un an! »

Pas inespéré, mais un peu inattendu

Embauché à titre de joueur autonome, David Desharnais a gravi lentement tous les échelons de ce processus. Ça a été long, mais lorsque l'opportunité s'est présentée, il l'a saisie au vol.

« Le plus difficile, ce n'est pas d'arriver à Montréal, c'est d'y rester, explique-t-il. Ramasser des points, c'est important, mais il faut aussi remporter des mises en jeu, ne pas être sur la glace pour un but de l'autre équipe, être bon défensivement...

« Tu ne veux pas seulement avoir un impact dans un match, mais sur une longue période. »

À l'instar de Desharnais, le défenseur Brendon Nash a lui aussi signé un contrat comme joueur autonome. Et il se montre extrêmement reconnaissant.

« Ça démontre que l'équipe croit vraiment aux joueurs qu'elle a repêchés ou embauchés, soutient Nash. Ça démontre qu'elle croit que ces joueurs-là seront appelés à devenir le visage de l'équipe dans quelques années.

« C'est une excellente opportunité pour ceux qui veulent vraiment. Tu peux évoluer à Hamilton en sachant que l'organisation n'aura pas peur de faire appel à toi si tu joues bien. »

En attendant que « les meilleurs soient les meilleurs » dans la dernière portion du calendrier, le Tricolore peut se rabattre sur le fait que plusieurs espoirs gagnent chaque jour un peu plus de galon dans la LNH.

Ce n'était pas inespéré, mais peut-être un peu inattendu.

En tout cas, ça change la donne pour le mieux au sein de l'organisation.