Ceux qui suivaient le Canadien à la fin des années 90 ont peut-être pensé à Brian Savage quand ils ont vu Max Pacioretty se fracturer une vertèbre cervicale à la suite de la mise en échec de Zdeno Chara.

En revoyant les images, Savage a revécu la scène de novembre 1999 quand il s'était fracturé trois vertèbres à la suite d'un coup d'Ian Laperrière.

L'ancien attaquant du Tricolore se souvient d'avoir craint de ne plus marcher.

«Mon épouse était enceinte de cinq mois et, plutôt que de penser au hockey, je me demandais si j'allais être capable de tenir mon enfant dans mes bras.

«Cela a pris six semaines avant que je puisse bouger le cou. Mais j'ai pu revenir au jeu quatre mois après l'incident.»

D'autres joueurs comme Erik Cole ou Mike Modano ont eux aussi subi d'importantes blessures au cou.

Selon Savage, qui est maintenant âgé de 40 ans, on n'est jamais plus tout à fait le même quand on revient au jeu.

«J'avais peur à mon premier match, se souvient-il. Je croyais être prêt, mais je n'avais pas joué pendant quatre mois et il a fallu que j'encaisse une mise en échec percutante pour me convaincre que tout était correct.»

Contrairement à Pacioretty, Savage n'avait pas subi de commotion cérébrale lors de l'impact.

«Pas cette fois-là, a-t-il dit. Mais j'en ai quand même eu six au cours de ma carrière.»

Selon la sévérité de la commotion cérébrale dont souffre Pacioretty, c'est celle-ci - plus encore que la fracture à une vertèbre cervicale - qui pourrait laisser des séquelles.

«Le problème avec la guérison d'une commotion cérébrale, c'est la dépression qui l'accompagne, a raconté Savage. On veut être seul et ne rien faire. Je me souviens de m'être senti coupable en côtoyant mes coéquipiers, j'avais l'impression de les laisser tomber.

«Évidemment, on ne veut pas qu'un joueur souffre à la fois d'une commotion et de vertèbres fracturées. Mais Pacioretty sera tellement sous forte médication, au début, qu'il ne se rendra peut-être pas compte qu'il est sous le coup d'une commotion...»

Savage n'est pas prêt à dire que Chara méritait une suspension. «Pacioretty s'est retrouvé dans une position vulnérable. Chara y a mis toute la gomme et il aurait pu se retenir quelque peu, mais ça se passe tellement vite.

«En tout cas, il doit se sentir très mal. Je ne sais pas s'il va parler à Pacioretty, mais Ian était venu le soir même à l'hôpital. C'était mon ami et je sais qu'il n'avait rien voulu faire de mal.»