En se faisant blanchir pour la huitième fois de la saison, jeudi soir à Boston, le Canadien s'est approché dangereusement du record d'équipe (9) qu'il a établi à cinq reprises, la dernière fois durant l'infâme saison 2000-2001.

Au lendemain d'un revers humiliant, le pire depuis le début de l'ère Jacques Martin, les joueurs ont pansé leurs plaies. Et l'inertie de l'attaque semblait davantage indisposer l'équipe que les sept buts qu'elle avait accordés aux Bruins.

«Ce n'est pas la somme des blanchissages qui fait mal, c'est le fait d'en avoir subi deux coup sur coup, estime David Desharnais.

«Il y a des soirs où ça ira moins bien et où l'on va se buter à un gardien en forme de l'autre côté. Mais quand ça se produit deux matchs de suite, il faut se regarder dans le miroir.»

Pourtant, s'il y en a un qui n'a pas à rougir de sa contribution, c'est bien Desharnais. Depuis son rappel des Bulldogs de Hamilton, aucun attaquant n'a récolté plus de points que lui (22). Il y a certes eu des blessés, mais ce n'est pas l'ordre des choses auquel on se serait attendu.

D'ailleurs, le centre québécois est un peu mal à l'aise devant cette statistique.

«C'est sûr que sur le plan personnel, c'est bien de se faire dire ce genre de chose, mais si on a de la difficulté en ce moment et qu'on ne marque pas de buts, c'est moins le fun que ce soit moi qui mène, a confié Desharnais.

«Ça nous en prend plus de tout le monde.»

Pourquoi toujours Gomez?

Combien de fois entend-t-on au cours d'une saison que «les meilleurs doivent être les meilleurs»?

L'observation est tout à fait valable chez le Canadien, où Scott Gomez, Michael Cammalleri et dans une certaine mesure Brian Gionta connaissent une campagne difficile.

La production anémique de Gomez a été largement étayée. On a voulu attaquer la question de front auprès de Jacques Martin, mais l'entraîneur a refusé d'expliquer pourquoi il persistait à lui donner tout ce temps de glace.

«Ce n'est pas ce qui est arrivé dans le passé qui importe, c'est de se préparer pour les séries, s'est objecté Martin.

«Dans notre plus récent segment de cinq matchs, il était l'un de nos joueurs avec un différentiel positif (Gomez était à... 0). On a besoin de tout le monde et on va avoir besoin de lui dans les sept prochains matchs.

«Car en ce moment, on essaie de trouver de l'attaque.» 

Cammalleri se sent misérable

L'an dernier, le Tricolore pouvait se tourner en toute confiance vers Cammalleri pour marquer des buts importants. Or, cette année, au-delà de la blessure qui l'ennuie présentement, l'ailier de 28 ans avoue en arracher.

«Je vis l'une des saisons les plus pénibles de ma carrière, nous a-t-il dit. Il m'est arrivé certains trucs que je ne partagerai jamais, mais je ne dois pas m'arrêter à ça.

«Je ne suis pas heureux de la situation, même que je me sens misérable, mais au moins je continue d'avoir une entière confiance en mes habiletés.»

Gionta, lui, est un éternel insatisfait. Il pourrait atteindre son deuxième plus haut total de buts en carrière - il en a 26 présentement - mais il rate trop souvent.

On l'a vu face aux Bruins lorsqu'un de ses tirs aurait pu replacer le Canadien dans le match quand c'était 3-0. Mais le capitaine a raté la cible.

«Je ne me sens jamais à mon mieux, a-t-il raconté. Même quand les choses vont bien, j'ai toujours le sentiment qu'il y a des aspects que je peux améliorer.

«Plusieurs joueurs dans ce vestiaire - moi y compris - ne sont pas contents de la façon dont les choses vont depuis quelques matchs et il nous faut trouver des manières de nous en sortir.»

D'où cela sortait-il?

À sept matchs de la fin du calendrier, «s'en sortir» ne sera pas une sinécure. Si la défaite de 8-6 subie à Boston en février a laissé des séquelles, on peut se demander quel impact aura la dégelée subie jeudi.

On a rencontré vendredi des joueurs déçus, mais peut-être pas suffisamment fâchés par la tournure que prend cette fin de saison. Ils se rabattent pour l'instant sur le fait que les choses peuvent changer rapidement.

Mais auront-ils seulement les réserves pour y arriver?

«Nous ne sommes même pas passés proches d'être dans le match face aux Bruins, a admis James Wisniewski. Il faut en tirer des leçons, mais en même temps, rendu au 75e match de la saison, ce genre de chose ne devrait pas se produire. Je ne sais pas d'où cela sortait.

«Et ce ne sera plus facile dans le prochain segment. Nous allons affronter les Capitals de Washington samedi, puis d'autres équipes qui se battent pour une place en séries. Il n'y a rien d'acquis en ce moment.»