Peut-on rêver d'assister un jour à une danse de la victoire entre le défenseur P.K. Subban et Malcolm, son frère gardien, dans l'uniforme du Tricolore?

À 16 ans seulement, Malcolm attire déjà la curiosité des dépisteurs de la LNH à sa première saison dans la Ligue junior de l'Ontario avec les Bulls de Belleville.

Ils seront sans doute nombreux à l'observer de plus près encore s'il participe au Championnat mondial des moins de 18 ans dans quelques semaines en Allemagne. Malcolm Subban sera admissible au repêchage de l'an prochain, en 2012.

Il faudrait un concours de circonstances extraordinaire pour que les deux Subban se retrouvent un jour au sein du même club puisque la Ligue nationale compte 30 équipes. Les trois frères Staal sont séparés, tout comme les Koivu, Saku et Mikko, et de nombreux autres frères à gagner leur vie dans la LNH.

«Comme je suis très compétitif, je préférerais jouer contre lui plutôt que dans son équipe», répond le jeune homme au bout du fil, dans une réplique typique d'un Subban.

«P.K. a toujours adoré le Canadien et il a eu la chance d'être repêché par eux mais moi, mon idole est Henrik Lundqvist, alors mon club préféré, ce sont les Rangers, ajoute-t-il candidement. New York... ensuite Montréal!»

Malcolm Subban a progressé de façon étonnante pendant l'hiver. Modeste choix de 11e ronde des Bulls, il a obtenu un poste avec le club malgré son jeune âge et a même réussi à terminer parmi les 10 meilleurs gardiens de la Ligue junior de l'Ontario au chapitre de la moyenne de buts alloués et du taux d'arrêts.

Samedi et dimanche, il a perdu ses deux premiers matchs en séries éliminatoires, 1-0 et 2-0, mais non sans avoir multiplié les arrêts spectaculaires.

Un entraîneur québécois

Subban apprend les rudiments du métier avec un entraîneur originaire de Laval, Sébastien Farrese.

«Malcolm, c'est un peu comme P.K. dans un uniforme de gardien de but, mentionne l'entraîneur des gardiens des Bulls. Avec son style, et parce qu'il est le frère de P.K., il ne laisse personne indifférent partout où il passe.»

Farrese connaît bien les deux frères. Il est en poste à Belleville depuis 2005 et le défenseur du Canadien y a joué pendant quatre ans, entre 2005 et 2009. «On lui apprenait le français avec les autres joueurs franco-ontariens du club, dit-il. On le taquinait en lui disant qu'il allait devoir parler plus que Saku Koivu.»

Farrese travaillait avec l'entraîneur et ancien gardien de la LNH, Dominic Roussel, dans la région de Laval-Laurentides-Lanaudière lorsqu'il a obtenu le poste à Belleville.

«Dominic avait eu l'emploi parce qu'il a joué pour le directeur général et entraîneur George Burnett dans la Ligue nationale. Mais il a dû quitter en 2005 et il m'a recommandé. Je travaillais dans la construction à Laval tout en étant entraîneur des gardiens et j'ai tout abandonné pour venir ici. Aujourd'hui, je travaille à temps plein à Belleville comme entraîneur.»

Son travail n'est pas passé inaperçu. Hockey Canada l'a embauché pour travailler avec les équipes des moins de 20 ans et des moins de 18 ans, et aussi avec l'équipe nationale féminine.

«Il ne le sait pas encore, mentionne Farrese au sujet de Malcolm Subban, mais l'équipe des moins de 18 ans s'intéresse à lui en prévision du Championnat mondial. Elle aura un choix à faire entre lui et notre autre gardien, Tyson Teichmann.»

Au plan des statistiques, Subban a accordé en moyenne un but de moins par match que Teichmann, 17 ans.

«Il n'était vraiment pas dans nos plans cette année, on prévoyait plutôt compter sur un gardien de 18 ans et notre choix de troisième ronde, mais ses performances nous ont renversés au camp d'entraînement, explique Farrese. Les gardiens de 16 ans sont déjà rares, alors présenter un taux d'arrêts de ,900 avec l'un des trois pires clubs offensifs de la ligue, c'est un exploit. Nous sommes en reconstruction mais nous avons pu nous qualifier pour les séries grâce à lui. Il fallait gagner notre dernier match de la saison et il l'a fait même si nous avons été dominés 44-16 au chapitre des tirs.»

Malcolm Subban est pourtant gardien depuis seulement six ans.

«J'ai toujours voulu être gardien mais mon père, qui était mon entraîneur, ne voulait pas. Il a toujours eu une fixation sur les défenseurs, particulièrement les défenseurs du Canadien dans les années 70, et il me trouvait bon à cette position. Mais je m'en foutais, je voulais être gardien. Il a finalement accepté à ma première année pee wee.»

«C'est facile de travailler avec lui, souligne Sébastien Farrese. Il a le coeur à l'ouvrage. Il possède une belle technique et il est très athlétique. Il mesure déjà presque 6'2. Nous recevons déjà beaucoup d'appels des dépisteurs.»

P.K. et Malcolm ont un autre frère, Jordan, défenseur lui aussi. «Lui, il va sûrement être repêché parmi les 10 premiers dans la Ligue de l'Ontario, dit Farrese. On prétend qu'il est meilleur que P.K. au même âge. Mais il est beaucoup plus réservé que les deux autres...»