Après 82 matchs de saison régulière et 18 parties en séries éliminatoires, voici les Canucks de Vancouver et les Bruins de Boston face à face en finale de la Coupe Stanley.

Une finale qui fait oublier le fait que les deux équipes étaient à un but d'une élimination dès la première ronde. Boston a éliminé le Canadien en prolongation lors du septième match alors que Vancouver a fait de même aux dépens des Blackhawks de Chicago, qui ont effacé un déficit de 0-3 avant de voir Alex Burrows anéantir cette remontée en prolongation lors de la partie décisive.

Cette finale pourrait couronner les Canucks pour la toute première fois en 41 saisons dans la LNH. Quarante-et-une saisons au cours desquelles ils se sont faufilés en finale à deux reprises, s'inclinant deux fois contre des équipes de New York: les Islanders en 1982, les Rangers en 1994.

Jamais deux sans trois? Non! Avantagés à plus d'un point de vue, les Canucks partent favoris et la troisième fois devrait être la bonne pour la troupe dirigée par Alain Vigneault.

Confinés dans le rôle des négligés, les Bruins ne donneront pas la Coupe sans offrir d'opposition. Loin de là. Ils sont en quête d'une sixième Coupe Stanley. Une première depuis que Bobby Orr, Phil Esposito, Ken Hodge et les autres membres de cette superbe équipe ont fait vibrer Boston en 1972. Cinq fois au cours des trente-neuf dernières années, les Bruins se sont hissés en finale. Des finales qu'ils ont perdues contre Philadelphie (1974), Montréal (1977 et 1978) et Edmonton (1988 et 1990). Les Bruins devront surmonter d'importants déficits et surtout sortir de leur grande torpeur en attaque massive pour éviter de voir la Coupe leur glisser entre les doigts pour la sixième fois de suite...



Attaque

De prime abord, les noms des frères Henrik et Daniel Sedin ajoutés à ceux de Ryan Kesler, Alex Burrows, Mason Raymond et Chris Higgins donnent l'impression que les Canucks et leurs 50 buts marqués en 18 matchs sont haut perchés devant les Bruins au chapitre de l'attaque. C'est faux! Car si on fait exception de l'attaque massive des Canucks - 16 buts en 60 occasions pour une efficacité de 28,3% -, les Bruins sont en avant partout. Ils totalisent 47 buts à cinq contre cinq, 17 de plus que Vancouver. Malgré une attaque massive anémique - 5 buts en 61 occasions (8,20%) et un tout petit sur la route en 26 occasions (3,8%) -, les Bruins ont marqué 55 buts en 18 matchs. Quatre l'ont toutefois été dans des cages désertes. Trois de plus que Vancouver.

Henrik Sedin domine les marqueurs avec 21 points (2 buts). Plus inquiétant encore pour les Bruins, il a récolté 12 de ces points (1 but, 11 passes) lors des 5 matchs de la finale contre San Jose. Au-delà des Sedin (Daniel affiche 16 points) et d'Alex Burrows (14 points), les Canucks comptent sur Ryan Kesler, qui a éliminé presque à lui seul les Predators de Nashville en deuxième ronde. Kesler (18 points) est l'épine dorsale de l'attaque des Canucks.

Dans le camp des Bruins, David Krejci domine la LNH avec ses 10 buts, 2 de plus que Daniel Sedin. Ses 17 points le placent sur un pied d'égalité avec Nathan Horton, marqueur des grandes occasions pour Boston. Il est le premier joueur de l'histoire à avoir enfilé deux buts gagnants dans un septième et décisif match (contre Montréal et Tampa Bay). Il compte trois buts gagnants et ses huit buts marqués en sept parties ont couronné des victoires de Bruins.

Très discret depuis le début des séries (3 buts, 6 passes), Milan Lucic n'est pas au mieux de sa forme. Blessé à un pied, il peine à patiner. Mais voilà le jeune leader des Bruins de retour à la maison, à Vancouver. Une motivation supplémentaire qui pourrait l'aider à éclore au bon moment...



Photo: Reuters

Daniel et Henrik Sedin

Luongo contre Thomas

Avant de parler des défenseurs, il est impératif de parler des deux gardiens: Roberto Luongo et Tim Thomas.

Après avoir éliminé Pekka Rinne (candidat au trophée Vézina) en deuxième ronde, Luongo pourrait répéter l'exploit aux dépens de Tim Thomas.

À l'image de la réputation de ses attaquants, Luongo part favori dans le duel qui l'oppose à Thomas. Les deux gardiens ont pourtant une moyenne identique de 2,29 buts accordés par match depuis le début des séries. Thomas a un léger avantage avec une efficacité de 92,9% (92,2% pour Luongo). Les deux gardiens totalisent deux jeux blancs. Thomas les a signés en finale d'association alors que Luongo les a obtenus contre Chicago et Nashville.

Si l'on se fie aux trois premières rondes, ce n'est pas le meilleur des deux gardiens qui l'emportera, mais celui qui limitera au minimum les cadeaux offerts aux adversaires. Avec des sorties hasardeuses, les deux gardiens ont été généreux plusieurs fois en séries. On doit s'attendre à voir les Bruins travailler près du filet de Luongo où, peut-être à cause de sa taille, il a accordé de vilains buts. Les Canucks convergeront eux aussi vers Thomas, qui est fort agile, mais qui a tendance à être incapable d'immobiliser les rondelles glissant autour de lui.

Thomas n'a accordé qu'un but aux Canucks en trois duels contre Vancouver en carrière. Tant mieux pour les Bruins et leurs partisans. La fiche de Roberto Luongo contre Boston (11-10-3) ne devrait toutefois pas inquiéter les Canucks et leurs partisans, car la majorité de ces matchs ont été disputés par les Islanders et les Panthers. Des équipes moribondes...



Photo Reuters

Tim Thomas

Défense

Les Bruins ont un candidat au trophée Norris en Zdeno Chara. C'est là le seul avantage de la troupe de Claude Julien aux dépens de celle d'Alain Vigneault. Car pour le reste, les Canucks sont en avant. Loin devant. Les duos composés de Kevin Bieksa et Dan Hamhuis, d'Alexander Edler et Sami Salo sans oublier celui de Christian Ehrhoff et Aaron Rome sont tous meilleurs que ceux des Bruins. Ehrhoff domine les défenseurs des deux équipes avec 2 buts et 11 points. Ses coéquipiers Bieksa (5 buts) et Edler (2 buts) le suivent avec 9 points.

Dans l'éventualité d'une blessure, Andrew Alberts (ancien des Bruins) et Keith Ballard sont des releveurs de premier plan. Si la Coupe Stanley se gagne cette année dans le cadre d'un duel de défenseurs, ce sont les Canucks qui gagneront.

Entraîneurs-chefs

Pour la première de fois de l'histoire, la finale de la Coupe Stanley opposera deux entraineurs-chefs francophones. Elle opposera aussi deux entraîneurs qui ont eu leur première chance dans les rangs juniors avec les Olympiques de Hull et leur première chance dans la LNH avec le Canadien de Montréal. Alain Vigneault et Claude Julien se connaissent bien. Ils sortent du même moule - défense d'abord, attaque structurée ensuite - et il sera intéressant de les voir batailler chacun derrière leur banc. Le plus grand défi de Vigneault sera d'assurer que les Sedin gardent, en finale de la Coupe Stanley, le rythme imposé en finale d'association. Celui de Claude Julien est très simple, mais pas facile à relever: faire fonctionner son attaque à cinq.



Photo: PC

Zdeno Chara

Impondérables

Déjà favoris, les Canucks renoueront avec Manny Malhotra en finale. Une blessure à un oeil a mis sa carrière en péril il y a deux mois. Le voilà à quatre victoires de soulever la Coupe Stanley et de voir son nom être gravé puisqu'il peut maintenant jouer et qu'Alain Vigneault l'utilisera sans doute. Ce retour en uniforme aidera la cause des Canucks. Mais ce retour tout court servira de source de motivation de premier plan.

Après le Canadien en 1977 et les Flames de Calgary en 1989, les Canucks pourraient gagner la Coupe Stanley une année après la tenue des Jeux olympiques dans leur ville. Une note historique qui n'a toutefois pas une grande valeur sur le plan sportif. Mais après avoir perdu trois matchs en première ronde, deux en deuxième et un seulement en finale d'association, les Canucks ne maintiendront sans doute pas la tendance pour balayer les Bruins. Mais ils devraient gagner une première Coupe Stanley... en cinq parties.

LES PRÉDICTIONS DE NOS EXPERTS

> Mathias Brunet: Vancouver en 6

> Philippe Cantin: Boston en 6

> François Gagnon: Vancouver en 5

> Marc Antoine Godin: Vancouver en 6

> Richard Labbé: Vancouver en 5

> Pierre Ladouceur: Vancouver en 5

> Réjean Tremblay: Vancouver en 7

Photo: PC

Manny Malhotra