Les vedettes de la LNH sont de plus en plus jeunes et elles font de plus en plus d'argent. Dans une industrie devenue hyper-compétitive, les joueurs ont besoin plus que jamais d'être conseillés. C'est la raison pour laquelle l'influence des 163 agents qui gravitent autour de la LNH est sans cesse grandissante. Qui sont-ils? En quoi consiste leur travail? Voici un survol de cette frange de décideurs qui, pour la plupart, préfèrent rester loin des projecteurs.

Le 2 juillet dernier, à la consternation générale, le gardien Tomas Vokoun signait avec les Capitals de Washington un contrat d'un an pour seulement 1,5 million, même s'il était l'un des deux meilleurs gardiens disponibles à l'ouverture du marché des joueurs autonomes.

Quelque chose a visiblement dérapé dans la stratégie du clan Vokoun pour que l'ancien du Canadien soit forcé de signer à rabais et perde en quelques heures tout son pouvoir de négociation.

C'est son agent Michael Deutsch qui en a fait les frais. Le gardien de 35 ans l'a congédié quelques semaines plus tard et l'a remplacé par l'agent d'origine montréalaise Allan Walsh.

Deutsch a commis le péché mortel des agents en n'obtenant pas pour son client les meilleures conditions de travail et la meilleure rémunération possible.

Bien comprendre le marché

Les agents font mille choses pour leurs clients, mais ce sont d'abord et avant tout des négociateurs. Et une bonne compréhension du marché est impérative pour qu'ils percent dans ce milieu.

Et lire les tendances du marché est un processus de longue haleine. Un travail à temps plein, en fait.

«Si un joueur est admissible à l'arbitrage, on doit lui fournir une évaluation précise de sa valeur et de ce à quoi il est en droit de s'attendre», explique Don Meehan, l'un des agents les plus influents du monde du hockey.

«S'il vise une entente à long terme sur le marché des joueurs autonomes, en revanche, on se doit de lui présenter tous les facteurs autres que l'argent qui vont entrer en ligne de compte: la qualité de vie dans une certaine ville, le niveau de taxation, les considérations familiales... Vous seriez surpris de voir à quel point les joueurs qui ne recherchent pas nécessairement l'entente la plus lucrative sont nombreux.»

Les agents sont avares de détails lorsqu'on leur demande de décrire l'allure d'une négociation. Ils invoquent des clauses de confidentialité et ne veulent déplaire ni aux joueurs ni aux directeurs généraux.

Mais une chose est certaine: il n'y a pas deux négociations identiques. Chacune possède ses propres paramètres et ses propres contraintes.

«J'ai déjà réglé des contrats dans un bar autour d'une bière», nous racontait récemment un agent. «Mais dans la plupart des cas, les négociations se compliquent en raison d'une multitude de facteurs: la possibilité de devenir joueur autonome le 1er juillet, un compte à rebours avant une date d'arbitrage, la fin d'un premier contrat professionnel...»

Le soutien dans l'adversité

Le travail principal des agents est certes de négocier pour leurs clients les meilleures ententes possibles. Mais il y a plusieurs autres facettes à la relation joueur-agent.

Les agents sont des conseillers et deviennent parfois des amis. Mais ils ne sont pas là pour toujours dire ce que le joueur veut entendre.

«Lorsque j'ai été un mois et demi sans jouer et que j'ai regardé les séries éliminatoires du bout du banc, j'aurais pu m'apitoyer sur mon sort, mais ce sont les conseils de mon agent qui m'ont aidé à garder une bonne approche, confie Carey Price.

«Dans les moments difficiles, il est toujours là. Il me connaît suffisamment pour savoir quand passer me dire bonjour et quand me laisser de l'espace.»

L'agent de Price, c'est Gerry Johannson, de la firme Sports Corporation. L'exemple que donne le gardien du Canadien est probant car selon Johannson, c'est justement lorsque le joueur est fragile et vulnérable que leur relation devient la plus significative.

«Notre principal défi en tant qu'agent est de garder nos joueurs concentrés lorsqu'ils font face à l'adversité, juge l'agent de Price. J'estime que le succès se définit par notre façon de gérer l'échec. C'est le résultat de notre réaction dans les situations difficiles. Le travail des agents n'est donc pas d'embellir les choses. Si les joueurs ont besoin d'une tape dans le dos, on sera là. S'ils ont besoin d'un coup de pied au derrière, on sera là.

«Devant l'adversité, il est important que l'athlète comprenne que c'est là que se trouve son occasion de réussite, ajoute Johannson. Ça peut être une blessure, un conflit avec l'entraîneur, un problème de temps de glace ou l'absence apparente d'opportunité ou de respect. C'est dans ces moments-là que le joueur doit prendre la décision de devenir meilleur.»

Le défi des commotions cérébrales

L'agent aide donc le joueur à garder une juste perspective lorsqu'il traverse des moments difficiles. Mais les choses se compliquent lors d'une commotion cérébrale, car bien peu de choses dépendent de la volonté du joueur.

Selon Don Meehan, la gestion des commotions cérébrales est devenue l'un des plus grands défis avec lesquels les agents doivent composer.

«Nous avons affaire tous les jours à des gens aux prises avec ces problèmes, constate l'influent représentant. En vertu de la convention collective, les joueurs ont le droit d'obtenir un avis médical indépendant de celui fourni par l'équipe. Il y a donc beaucoup de coordination à faire auprès des médecins.

«Mais il faut aussi s'occuper des incertitudes familiales. Des épouses des joueurs, qui s'occupent déjà de trois enfants, nous appellent et nous disent d'un ton désemparé: "Qu'est-ce que je fais? Mon mari n'est pas lui-même, il est constamment de mauvaise humeur..."»