Max Pacioretty aimerait bien parler d'autre chose, mais chaque jour il y a quelqu'un, quelque part, qui lui pose LA question: «Alors, la tête?»

Pour l'attaquant de 22 ans, c'est comme ça depuis ce fameux soir de mars dernier, quand Zdeno Chara a mis un terme à sa saison avec la mise en échec que l'on sait en plein Centre Bell.

Du coup, le défenseur des Bruins de Boston a fait de Pacioretty l'un des symboles dans la lutte contre les coups à la tête, un rôle que le principal intéressé ne tient pas à camper très longtemps. D'où sa hâte de disputer un match au plus vite, même en calendrier préparatoire.

Il ne sera toutefois pas en uniforme pour le premier match préparatoire de son club, mardi soir au Centre Bell, face aux Stars de Dallas. Mais il assure ne ressentir aucune séquelle du fameux coup subi au mois de mars.

«Je me sens bien depuis le début du camp d'entraînement, a-t-il confié au terme de la journée de lundi, à Brossard. J'ai encaissé quelques bons coups, j'ai bien réagi et je suis prêt. Je suis prêt à jouer.»

L'ailier gauche l'admet sans hésiter: il a hâte qu'on lui parle de hockey avant tout. Hâte qu'on lui parle de ses bons coups sur la glace. «Je veux qu'on me reconnaisse comme un bon joueur, pas comme le gars qui a encaissé cette mise en échec... Je dirais que ça m'ajoute un peu de pression. Les gens savent que je suis prêt à passer à autre chose. Je veux montrer que je suis capable de jouer de façon physique malgré tout.»

Mais pourra-t-il y arriver? Pacioretty le reconnaît lui-même: il ne pourra plus jouer avec le même abandon, ne pourra plus foncer tout droit sans regarder autour de lui. En d'autres mots, il devra modifier son style de jeu.

Pas si facile pour un type qui a toujours joué à sa façon au fil des ans, avec ce style robuste qui lui a permis d'être choisi en première ronde du repêchage de 2007. À 6'2 et 210 livres, celui que l'on surnomme «Max Pac» pourrait certes devenir cet attaquant de puissance que la direction du Canadien cherche à dénicher depuis très longtemps.

Mais il devra être plus prudent dorénavant.

«Quand je prends de la vitesse maintenant, quand je m'amène le long de la bande, je suis beaucoup plus conscient de ce qui se passe autour de moi. Je ralentis un peu plus, je fais attention.  

«Cela a toujours été une partie importante de mon style de jeu; me servir de ma vitesse en arrivant le long des bandes, j'ai toujours joué comme ça. J'aime être capable de me faufiler le long de la bande, afin de battre le défenseur avec ma rapidité. Je dois continuer à jouer de cette manière, oui, mais en même temps, je dois être conscient de ce qui se passe autour de moi.»

Max Pacioretty jure que les partisans peuvent se rassurer: même s'il ne va plus foncer tête première sans trop regarder devant lui, son style combatif ne va pas disparaître pour autant. Ce qui s'est passé ce triste soir de mars au Centre Bell est déjà loin derrière lui.

Et maintenant, on va peut-être cesser de lui en parler...

«Juste le fait de me débarrasser de cette peur... Quand on revient d'une blessure comme ça, la moitié de la bataille est psychologique. Je réalise maintenant que je suis capable d'encaisser des mises en échec, capable d'en donner aussi. Comme je l'ai dit, je suis prêt.»