«Le nouveau shériff est en ville...»

L'expression colle bien à la peau du nouveau préfet de discipline de la LNH, Brendan Shanahan, qui lui se qualifie plutôt de responsable de la sécurité des joueurs.

Shanahan, 42 ans, s'attaque aux coups à la tête avec une fermeté renversante. Et il semble avoir un capital de sympathie énorme, même dans le milieu, qui ne s'offusque pas de le voir bousculer les traditions établies.

Le successeur de Colin Campbell distribue les suspensions à un rythme jamais vu et chacune de ses décisions est expliquée clairement à l'aide de la vidéo.

L'ancien défenseur du Canadien James Wisniewski vient d'y goûter lui et il ratera les huit premiers matchs de la saison régulière, ce qui le privera d'environ 500 000 $ en salaire.

Stéphane Quintal n'est peut-être pas le plus objectif quand vient le temps d'analyser le travail de Shanahan puisque les deux sont des amis de longue date.

Les deux ont été repêchés la même année, en 1987. Shanahan au deuxième rang derrière Pierre Turgeon, Quintal au quatorzième devant un certain Joe Sakic.

«On s'est connu chez les Blues de St.Louis en début de carrière. Nelson Emerson, Craig Janney, Brendan et moi étions toujours ensembles. C'était déjà un extraordinaire leader. Il était ouvert d'esprit et très empathique. Si on m'avait demandé à l'époque avec quel joueur j'aurais voulu bâtir mon club, je l'aurais choisi sans hésiter à cause de son talent et de son leadership. On est resté proches par la suite parce que nous étions tous les deux très actifs au sein de l'Association des joueurs.»

Quelques années plus tard, Shanahan passait aux Whalers de Hartford dans le célèbre échange qui a envoyé Chris Pronger aux Blues.

En 1996, à l'âge de 27 ans, il passe aux Red Wings de Détroit, où il remportera trois Coupes Stanley en dix ans. Il se liera d'amitié avec un autre Québécois, Mathieu Dandenault.

Il a eu un flirt avec le Canadien en fin de carrière mais finalement opté pour les Rangers de New York. Ses intimes affirmeront qu'il voulait ainsi se rapprocher des bureaux de la LNH en prévision de son après-carrière.

L'ascension de Shanahan ne surprend guère Quintal.

«Il a eu un impact important pendant le lock-out au sein du comité pour améliorer le spectacle. On voyait qu'il avait la volonté de faire changer les choses.»

L'ancien défenseur du Canadien n'est pas surpris de la belle unanimité autour de Shanahan même si celui-ci bouscule les conventions.

«Je n'ai pas parlé aux joueurs actifs, mais à titre d'ancien, tu vois un gars qui a participé aux Jeux olympiques, aux Championnats du monde, qui a remporté la Coupe Stanley, a connu une carrière de 20 ans dans la LNH, qui a pratiqué un style robuste et qui n'hésitait pas à se battre, il est bien placé pour imposer ses idées. Je ne serais pas surpris qu'il devienne commissaire de la LNH éventuellement.»

Quintal et Shanahan continuent d'échanger sur une base régulière.

«Quand j'ai quitté les Blues à l'époque, on a continué à se voir. J'allais le voir l'été à Cape Cod parce qu'il a une maison là-bas, je l'ai visité souvent à New York et il vient souvent à Montréal. Il y était pour le mariage de Mathieu (Dandenault). Il adore Montréal.

Pour Quintal, qui est devenu un féroce opposant aux bagarres et aux coups à la tête, l'arrivée de Shanahan était essentielle.

«J'adore ses interventions sur vidéo. On peut enfin comprendre clairement des décisions prises par la Ligue. Il fallait plus de transparence.»

Brendan Shanahan semble sérieux. Son premier véritable test se produira cependant lorsqu'un Alexander Ovechkin ou un Chris Pronger assénera un coup dangereux à un adversaire. Est-ce utopique de croire qu'il sera conséquent?