C'est tout de même un drôle de hasard: au moment où Lars Eller connaît ses meilleurs moments dans l'uniforme du Canadien, un certain Jaroslav Halak en arrache à St.Louis.

Eller, bien sûr, est l'un des deux joueurs obtenus par le Canadien en retour de Halak, en juin 2010. L'échange en question, doit-on le rappeler, avait secoué la ville au grand complet, puisque c'est avant tout Halak qui avait poussé le Canadien en finale de conférence cette saison-là.

Halak était le gardien sympathique sorti de nulle part, l'idole de partisans en quête d'un héros, tandis que Lars Eller était un pur inconnu pour la majorité des fans.

Comme les choses ont changé depuis!

La saison est bien sûr loin d'être terminée. Mais chez les Blues, le gardien slovaque vit des jours difficiles et n'a qu'une seule victoire en six matchs cette saison. Pire, voici qu'il doit batailler pour son poste avec Brian Elliott, un gardien qui devait pourtant se contenter du rôle de second à St.Louis.

Pendant ce temps, Lars Eller fait sa place chez le Canadien, et gagne de plus en plus la confiance de l'entraîneur Jacques Martin. Il s'agit certes d'un scénario bien différent de l'an dernier, alors que le joueur danois était incapable de se démarquer.

Quelle pression?

Quand on lui parle de Halak, de la pression qui est venue à la suite de l'échange d'un joueur aussi populaire, Eller hausse les épaules. Cette pression-là, il jure ne l'avoir jamais ressentie.

«Je me suis souvent fait poser des questions (par rapport à Halak), mais la pression, c'est celle que je me suis mise sur les épaules. Je n'ai jamais senti que cette pression venait des partisans, des joueurs de l'équipe ou des médias.

«La saison dernière, après une trentaine de matchs, l'équipe était au sommet, mais ça n'allait pas bien pour moi. Je ne jouais pas comme je le voulais et j'avais mis la barre très haut. Trop, je crois. Quand des gars comme David (Desharnais) et Max (Pacioretty) sont arrivés avec le club, qu'ils se sont mis à jouer aussi bien, c'était dur pour moi d'avoir à composer avec ça. Ces gars-là jouaient vraiment bien, et ça m'a mis dans une position difficile.»

Eller insiste pour dire qu'il a toujours pensé au club en premier («je veux que ce soit clair, si l'équipe gagne, je suis heureux»), mais il est évident que la saison dernière est un très mauvais souvenir pour lui.

Trouver son rôle

L'entraîneur Jacques Martin a d'ailleurs vu un peu la même chose. «Lars n'était pas assez fort, et les adversaires parvenaient trop facilement à le sortir du jeu, a expliqué le coach mardi midi, au terme de l'entraînement d'équipe à Brossard. Il a dû améliorer sa force physique cet été. Surtout les jambes.»

Selon l'entraîneur montréalais, Eller doit trouver sa voie. Trouver son rôle. «C'est un jeune joueur. Il ne m'a pas encore montré qu'il peut être un marqueur dans cette ligue, mais s'il joue bien en défense, des occasions vont survenir pour lui en attaque. Des gars comme Jordan Staal à Pittsburgh et Dave Bolland à Chicago jouent bien en défense, mais ils peuvent aussi contribuer en attaque.»

L'ancien premier choix des Blues le reconnaît sans hésiter: le jeu défensif, c'est un concept qui est un peu nouveau pour lui.

«Avant d'arriver dans la LNH, je n'étais pas un bon joueur défensif... C'est l'un des détails que j'ai vite compris par ici: il faut savoir jouer en défense. Ça va pour tous les entraîneurs de cette ligue, je crois. Pas seulement pour Jacques Martin.»

Au même moment où Lars Eller trouve son rythme, voici que Carey Price se remet à jouer comme il en est capable, à preuve son titre de joueur du mois d'octobre chez le Canadien. Soudainement, plus personne ne parle de Jaroslav Halak à Montréal... et Lars Eller fait enfin parler de lui.

«Je veux m'améliorer dans tous les aspects du jeu, a-t-il ajouté. C'est souvent une affaire de confiance; plus l'entraîneur te fait confiance, plus tu es confiant.»