Steve Tambellini a pris une décision importante il y a 18 mois, deux ans après son embauche à titre de directeur général des Oilers d'Edmonton.

Cette équipe piquait du nez après son accession à la finale de la Coupe Stanley en 2006 et n'allait pas se replacer sans un changement de philosophie draconien.

Tambellini a opté pour une reconstruction. Pari audacieux, car le plan ne fonctionne pas toujours aussi bien que prévu. Parlez-en aux Blue Jackets de Columbus et aux Thrashers d'Atlanta, entre autres.

Edmonton a donc sacrifié deux hivers et terminé chaque fois au dernier rang de la LNH. On a ainsi pu regarnir la banque de jeunes premiers en repêchant au premier rang deux des meilleurs espoirs de la ligue, Taylor Hall, 19 ans, et Ryan Nugent-Hopkins, 18 ans.

Tambellini a ainsi solidifié les fondations. À la surprise générale, non seulement les jeunes progressent-ils bien, mais les Oilers sont aussi compétitifs malgré le fait qu'ils n'aient même pas terminé la troisième phase de leur oeuvre.

Ils se classent troisièmes dans l'Association de l'Ouest en vertu d'une fiche de 8-3-2. Nugent-Hopkins est le premier compteur du club avec 11 points, dont 6 buts, en 13 matchs. Malgré ses 35 ans, l'ancien capitaine de l'équipe Ryan Smyth, obtenu des Kings de Los Angeles pour une bouchée de pain, a une fiche identique à celle du jeune Nugent-Hopkins.

«Notre objectif est clair depuis le départ; nous voulions obtenir le plus de jeunes joueurs d'élite possible, a lancé Tambellini en entretien téléphonique avec La Presse. Aujourd'hui, on se retrouve avec Hall, Nugent-Hopkins, Paajarvi, Eberle, Petry et compagnie. C'est une base solide.»

Nugent-Hopkins, repêché devant Gabriel Landeskog et Jonathan Huberdeau l'été dernier, n'était pas assuré d'entamer la saison à Edmonton. Certains observateurs le trouvaient un peu frêle. Il a prouvé qu'il était assez mature physiquement et psychologiquement pour rester dans la LNH et il est le favori à ce jour pour l'obtention du trophée Calder remis à la meilleure recrue.

«Nous lui avons dit avant le camp que c'était tant mieux s'il jouait avec nous, mais qu'il n'y avait aucune pression, car dans le pire des cas, il serait renvoyé à son club junior et il aurait eu la chance de participer au Championnat mondial junior. Mais après un solide camp d'entraînement et les neuf premiers matchs de la saison, il était notre meilleur compteur et il n'était pas question de le renvoyer.»

«Arrivés à la rivière...»

Certains spécialistes ont exprimé des réserves. Avec l'autonomie complète accordée aux joueurs après seulement sept ans, on s'est demandé s'il ne valait pas mieux épargner une année d'autonomie à Nugent-Hopkins le temps que les Oilers gagnent en maturité, de façon à ce qu'ils puissent compter sur le jeune homme de 19 à 25 ans plutôt que de 18 à 24 ans.

«Le plafond change bien des choses et il est plus difficile de bâtir des puissances d'une année à l'autre, a répondu Tambellini. Mais ce sera à nous d'établir notre noyau et de bâtir cette équipe autour de ce noyau. C'est un défi intéressant et un heureux problème. Nous franchirons le pont une fois arrivés à la rivière.»

Il n'y a pas que les jeunes chez les Oilers. Le gardien Nikolai Khabibulin, à qui Tambellini a offert un contrat de quatre ans pour 15 millions en 2009, est fumant. Il a une fiche de 6-0-2, une moyenne de 0,98 et un taux d'arrêts de ,963.

Cette embauche par Tambellini avait était vertement critiquée, autant en raison des pauvres performances de Khabibulin, diminué par les blessures, que par son comportement hors glace, entre autres une condamnation pour alcool au volant.

Et il y a évidemment le bon vieux Ryan Smyth, obtenu en échange de Colin Fraser et d'un choix de septième ronde, un contrat dont les Kings de Los Angeles voulaient se débarrasser.

«Nous voulions encadrer nos jeunes avec de bons leaders, a dit le DG des Oilers. Smyth, [Shawn] Horcoff et [Ales] Hemsky exercent une influence très positive sur nos jeunes. Ils leur montrent comment réagir après des victoires, après des défaites. Les entraîneurs peuvent répéter continuellement les bonnes consignes, mais il n'y a pas plus grande influence sur les jeunes qu'un coéquipier.»

Le départ de Ryan Smyth avait créé beaucoup de remous à Edmonton. Il y avait eu impasse contractuelle pour quelques centaines de milliers de dollars et le DG de l'époque, Kevin Lowe, l'avait échangé aux Islanders à la date limite des transactions en 2007 en retour de Robert Nilsson, Ryan O'Marra et un choix de première ronde.

Un échange qui n'a été salutaire ni pour les Oilers ni pour Smyth, qui a quitté la ville en larmes. «Je ne peux répondre pour Kevin à propos de cette transaction, a dit Tambellini. Je n'y étais pas. Mais il vous répondrait sans doute que les émotions étaient à vif à l'époque. Tout ce qu'on peut dire, c'est que nous sommes heureux qu'il soit de retour.»

Les objectifs à court terme de Tambellini ont-ils changé devant les succès surprenants des Oilers? «Pas vraiment, a-t-il répondu. Nous voulons continuer à faire progresser nos jeunes. Soyons réalistes, il nous reste encore beaucoup de chemin à faire. Nous n'avons pas une vieille équipe. Il y aura des hauts et des bas au cours de notre parcours.»

Belle sagesse, en effet.