Enfant à Boucherville, Stéphane Quintal rêvait d'atteindre la Ligue nationale de hockey.

Il a constitué un choix de première ronde par les Bruins de Boston en 1987, joué avec les Bruins, les Blues de St. Louis, les Jets de Winnipeg, les Rangers de New York, les Blackhawks de Chicago et le Canadien, où il a été assistant au capitaine Saku Koivu.

Si on avait dit à ce garçon qu'après une carrière fructueuse, il irait oeuvrer dans les bureaux de la LNH avec en main les outils pour changer le monde du hockey, on aurait sans doute lu l'incrédulité dans son regard.

Depuis une semaine, Stéphane Quintal est l'un des rares conseillers de Brendan Shanahan au sein du comité pour la sécurité des joueurs de la LNH.

«Les gens peuvent penser que le gros du travail de ce comité est de suspendre des joueurs, dit-il. Mais le nombre d'heures que Brendan peut passer à éduquer les joueurs est impressionnant. Il parle aux agents, aux propriétaires, aux joueurs, il leur rappelle ce qu'il entend par coup légal et coup vicieux. Il a entrepris une tournée pour rencontrer les 30 clubs, il en reste 25 ou 26 à voir et je l'accompagnerai dans tous ces meetings.»

Quintal sera à New York deux semaines par mois. Le reste du temps, il travaillera dans le bureau de la LNH au centre-ville de Montréal.

«Il y a encore une quarantaine d'employés dans ce bureau, en majorité dans le secteur des Finances de la LNH, dit Quintal. Je regarde beaucoup de matchs à chaque soir. Quand survient un accident, Brendan nous appelle, moi, Rob Blake, son adjoint en Californie, Mike Murphy, Colin Campbell et Damian (Echevarrieta, directeur sécurité des joueurs), il prend notre avis séparément pour ne pas que nous soyons influencés l'un par l'autre, puis il tranche. Éventuellement, on verra si le boulot me conduira à déménager à temps plein à New York.»

Coéquipiers enthousiastes

Quintal a offert ses services à Shanahan il y a deux mois et demi.

«On se connaît depuis qu'on a joué ensemble à St. Louis (de 1991 à 1993). On est toujours demeurés amis. Il est venu à Montréal pendant les séries au printemps, nous sommes allés souper, Carbo (Guy Carbonneau) est venu nous rejoindre et il nous a expliqué son travail. Ça m'a donné envie de travailler avec lui. Je lui ai proposé mes services cet automne.»

Shanahan n'a pas hésité longtemps. Pas plus qu'il n'a mis de temps à rappeler un journaliste de Montréal pour vanter son nouveau bras droit.

«Si j'avais à bâtir un club avec tous ceux qui ont été mes coéquipiers, Stéphane serait parmi eux. Il est l'un des meilleurs coéquipiers que j'ai pu avoir dans ma carrière. Et je ne suis pas le seul à le penser. Il était fiable et il pensait toujours en fonction de l'équipe. Il a toujours protégé ses coéquipiers et l'écusson qu'il portait. C'était un joueur propre même s'il était robuste et c'est drôle, parce que les coups déloyaux subis par ses coéquipiers ont toujours semblé le choquer plus que ceux qu'il subissait lui-même!»

Shanahan estime que Quintal, qui a cédé ses parts dans le club Mansfield du Centre d'entraînement Bell du CH pour ne pas être en conflit d'intérêts, possède le profil idéal pour occuper le poste qu'il lui a destiné. «Il a connu beaucoup de succès (dans le milieu des affaires) depuis sa retraite. C'est un homme intelligent. Nous avons beaucoup de travail d'éducation à faire auprès des joueurs et Stéphane est un bon communicateur.»

Le nouveau vice-président à la sécurité des joueurs est satisfait de constater que la culture semble changer.

«Il y a autant de mises en échec qu'à pareille date l'an dernier alors que les commotions cérébrales ont diminué de 50% à 60%. C'est signe que les joueurs comprennent finalement ce que nous ne tolérons plus. La prévention aide. Nous préférons donner beaucoup de contraventions pour excès de vitesse pour éviter les carambolages.»

En français

Quintal suivra Shanahan presque pas à pas cette saison et il sera aussi amené à participer aux clips explicatifs lorsque des suspensions sont décernées.

«Nous voulons les présenter en français également, dit Shanahan. Nous comptons plusieurs fans qui souhaiteraient entendre ces explications en français. La communication est importante dans notre travail de changement de culture et nous avons des équipes dans deux pays et deux langues officielles. Alors si nous avons l'occasion de passer nos messages en français, nous le ferons.»

On verra bien comment messieurs Shanahan, Rob Blake et Quintal analyseront le coup de Max Pacioretty aux dépens de Kristopher Letang, mais ne soyez pas surpris si l'ailier du Canadien rate quelques matchs compte tenu de la nature de son coup...