Sidney Crosby a annoncé hier qu'il souffre de nouveau de symptômes associés aux commotions cérébrales. Il restera à l'écart du jeu jusqu'à nouvel ordre - un retrait préventif qui ne surprend guère le spécialiste des commotions cérébrales, Louis De Beaumont.

«Certains affirment qu'une fois guérie, la lésion au cerveau disparaît, mais scientifiquement, c'est une affirmation qui ne tient pas la route», affirme ce professeur en neuropsychologie à l'UQTR, lui-même un ancien hockeyeur ayant subi une commotion cérébrale.

C'est pourtant ce qu'avaient affirmé les médecins de Sidney Crosby en conférence de presse il y a quelques semaines.

«Même que les études démontrent hors de tout doute que les probabilités de subir une commotion cérébrale après en avoir subi une première augmentent de façon exponentielle, poursuit-il. Tu as trois fois plus de chance d'en subir une après une deuxième, six fois plus après une troisième, etc. Toute ma thèse de doctorat repose là-dessus. Ce qui nous a été présenté dans le cas de Crosby en début de saison était un peu simpliste.»

L'attaquant vedette des Penguins était revenu au jeu le 21 novembre, après une absence de 10 mois et demi causée par une commotion. Mais la semaine dernière, lors de son huitième match, contre Boston, il a été victime d'une solide mise en échec de la part de David Krejci et est entré en collision avec son coéquipier Chris Kunitz. Les maux de tête et les symptômes de commotion sont réapparus.

«J'ai passé le test pour les commotions cérébrales et ça allait très bien, a déclaré le capitaine des Penguins. C'était un bon signe. C'était bien différent du précédent. C'était encourageant. Mais j'ai patiné le lendemain avec effort et je ne me sentais pas bien. Après avoir consulté tout le monde, j'ai pensé qu'il valait mieux être prudent et ne courir aucun risque. J'en suis là pour l'instant.»

Louis De Beaumont ne croit pas qu'on reverra Crosby de sitôt.

«Quand un joueur subit une deuxième commotion cérébrale dans un court laps de temps de quelques mois, on s'attend à des symptômes qui durent très longtemps en raison de l'effet cumulatif des commotions. Mes nombreuses études ainsi qu'une multitude d'autres effectuées auprès de joueurs commotionnés qui ont fait un retour au jeu le prouvent.

«Je lui conseillerais une extrême prudence à court terme avant de revenir au jeu. Je serais très conservateur. Il ne doit pas penser à revenir au jeu avant un bon bout de temps. La retraite? Financièrement, il est à l'aise. Ça sera sa décision.»

Des outils à améliorer

Des cas comme celui de Crosby et de son coéquipier Kristopher Letang, lui aussi à l'écart pour une durée indéterminée depuis un match à Montréal le 26 novembre, l'interpellent.

«Je n'ai pas été surpris de voir qu'on ait laissé Kristopher revenir au jeu en prolongation contre le Canadien. Pour connaître très bien les protocoles de retour, s'il a bien répondu à des tests bien sommaires comme «Je n'ai pas mal à la tête» ou «Je ne suis pas mêlé», on a pu le renvoyer sur la glace. Mais les outils de diagnostic des commotions cérébrales avec les joueurs un peu mêlés, mais juste sur la limite, ce n'est pas si sensible que ça. Il va falloir s'améliorer beaucoup à ce chapitre. Ce sont des cas qui nous font réfléchir en tant que chercheur.»

Faut-il rendre l'équipement moins rigide comme le proposent plusieurs?

«Changer l'équipement ne constitue pas une solution, répond le neuropsychologue. Ça ne change pas grand-chose au transfert de vitesse. Si je te rentre dedans à 40 km/h, le transfert de force de mon corps au tien va s'effectuer de toute façon. Il faut changer les règlements. La science est assez avancée, je suis confortable d'affirmer que les effets d'une commotion cérébrale durent toute la vie. Il faut réfléchir à une façon de jouer de façon plus sécuritaire.»