Pierre Gauthier a rencontré Jacques Martin de très bonne heure, samedi matin, et lui a annoncé que c'est Randy Cunneyworth, et non pas lui, qui serait derrière le banc du Canadien ce soir, face aux Devils du New Jersey.

«Cela faisait quelques semaines que je ruminais cela dans ma tête, a indiqué Gauthier en conférence de presse.

«Après un mauvais début de saison, l'équipe s'est replacée à ,500, sauf que nous en sommes encore là aujourd'hui. Ce n'est pas assez.»

Martin en était à la troisième année d'un contrat de quatre ans comme entraîneur-chef du Canadien. Après avoir mené l'équipe à la finale de l'Association Est en 2009-10, l'équipe s'est inclinée dès le premier tour le printemps dernier et n'est pas en voie, après 32 matchs cette saison, de participer aux séries éliminatoires.

Le Canadien présente une fiche de 13-12-7, au 11e rang de l'Association Est, et il est dernier de la section nord-est.

Gauthier et Martin sont des collaborateurs de longue date et selon le DG, la décision n'a pas été facile du point de vue humain. Mais du point de vue professionnel, un changement s'imposait.

«C'est vraiment le cas de le dire, je l'ai remercié. Il a travaillé tellement fort et avec humilité. Mais dans la situation actuelle, c'était la chose à faire.

«Nous avons été sur la même longueur d'onde jusqu'à la fin, a insisté Gauthier. Il reste que notre équipe ne performe pas à un niveau acceptable. C'est certain que le facteur blessures est entré en ligne de compte, mais notre approche à l'égard des matchs et nos difficultés en troisième période pesaient sur les résultats.

«Même quand on récoltait des points, on regardait la situation après les matchs et on évaluait souvent que l'on n'avait pas bien joué.»

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Geste entériné par Molson

Lors de la réunion des gouverneurs de la LNH, la semaine dernière, Geoff Molson avait assuré à La Presse qu'il avait pleinement confiance en Gauthier et Martin.

Mais la décision de congédier l'entraîneur - qui avait encore une année et demie à son contrat - a nécessairement dû passer au bureau du président.

«C'est entièrement ma décision, a insisté Gauthier. Nous avions commencé à en parler, Geoff Molson et moi, et nous avons encore eu des conversations hier. J'apprécie son soutien dans ma décision.»

Le CH ne s'est pas vraiment replacé après avoir connu son pire départ en 70 ans avec une seule victoire dans ses huit premiers matchs. Après avoir congédié l'entraîneur adjoint Perry Pearn le 26 octobre, dans l'optique de provoquer un changement au sein de l'équipe et d'amener de nouvelles influences dans l'entourage de Jacques Martin, c'est au tour de l'entraîneur-chef d'y goûter.

«Il n'y a pas de relation entre les deux événements, simplement une évolution dans la situation de l'équipe», a affirmé Gauthier.

Cunneyworth et l'intérim

Le Canadien vient de créer une première en 30 ans en nommant un unilingue anglophone à la barre de l'équipe. Un fait qui n'a pas semblé émouvoir Pierre Gauthier.

«Ça ne veut pas dire que ces choses-là ne peuvent pas changer, a-t-il dit. Les langues, ça s'apprend.»

Gauthier a par ailleurs indiqué ne pas avoir fait de recherche à l'externe pour trouver un successeur à Martin.

«Nous avions besoin d'être compétitifs immédiatement», a-t-il invoqué.

C'est donc dire qu'à l'heure actuelle, autant le DG que l'entraîneur-chef ont été nommés chez le Canadien sans qu'il n'y ait eu d'entrevues à travers la LNH!

Cunneyworth, qui avait été amené à Montréal pour remplacer Perry Pearn, devient entraîneur-chef dans la LNH pour la première fois de sa carrière. Il a toutefois été nommé sur une base intérimaire.

«Nous allons d'abord nous occuper du court terme et pour ce qui est du futur au-delà de cette année, nous allons évaluer les choses après cette saison», a soutenu Gauthier.

Si Geoff Molson a entériné la décision de son DG, il ne serait pas surprenant qu'il lui ait refusé d'embaucher un entraîneur disponible qui aurait exigé un contrat à plus long terme.

«C'est un moment excitant et un honneur d'avoir été choisi pour ce poste, a confié Cunneyworth, un ancien capitaine des Sénateurs d'Ottawa.

«Je veux que nos joueurs fassent les choses dont ils sont capables. Quand nous avons la rondelle, tout le monde se doit d'être impliqué. L'une de nos principales forces est notre vitesse. Il faut l'utiliser et ne jamais lâcher.»





Pas un entraîneur... de carrière

Dans un geste aussi étonnant qu'inexplicable, Pierre Gauthier a nommé son adjoint Larry Carrière comme adjoint à Cunneyworth.

Carrière, qui a bien connu Cunneyworth dans l'organisation des Sabres de Buffalo, a longtemps été recruteur en plus d'occuper des postes de direction.

Mais il n'a jamais été entraîneur de sa vie.

«Il connaît beaucoup de choses à propos de notre équipe et de la ligue, a plaidé Gauthier. Il arrive avec des dispositions très positives et il peut apporter beaucoup.»

Ses fonctions ne sont pas encore claires, pas plus que la façon dont ce geste sera vendu aux joueurs.

Photo: Bernard Brault, La Presse

Cunneyworth et Martin lors du match contre les Flyers.