Malgré la vague de commotions cérébrales dont sont victimes de grandes vedettes de la LNH, le fossé idéologique sur la question semble s'élargir. Dans une surprenante déclaration, jeudi, le numéro deux de la LNH, Bill Daly, a suggéré le maintien du statu quo.

«Je ne crois pas qu'il y ait une crise. Je ne crois pas que c'est une épidémie. Il n'y a rien que nous puissions faire pour éliminer les commotions de notre sport sans changer fondamentalement le hockey. Tout compte fait, les commotions sont une réalité des sports de contact - pas seulement le nôtre - et elles continueront d'être une réalité.

Tant que nous comprenons la nature de ces blessures et que nous adoptons une approche responsable - et j'oserais dire que nous le faisons -, il n'y a pas grand-chose de plus qu'on pourrait faire.»

Hier, le légendaire Ken Dryden, ancien gardien émérite du Canadien, jadis président des Maple Leafs de Toronto, a sommé le patron de Daly, Gary Bettman, de sortir de son immobilisme.

«C'est assez»

«Bettman et ses successeurs ont un défi de taille: les blessures à la tête, écrit Dryden sur le réputé site de sport Grantland.com. En raison des désastres des dernières années, la mort prématurée par suicide d'anciens joueurs, la fin de carrière de certains athlètes en raison de commotions, sans compter l'avenir incertain de la plus grande vedette de la Ligue, Sidney Crosby, je m'attendais à ce que Bettman affirme: "C'est assez!" Qu'il s'y attaque avec autant de férocité qu'il l'a fait lors de la négociation de la convention collective. Mais au lieu de ça, il a laissé le dossier entre les mains de Colin Campbell, ancien préfet de discipline de la Ligue, puis celles de Brendan Shanahan.»

Selon Dryden, la LNH doit s'adapter aux changements intervenus sur la patinoire au cours des dernières années. «Les percées technologiques, stratégiques, des méthodes d'entraînement, sous l'impulsion d'entraîneurs créatifs et de scientifiques, évoluent trop rapidement et laissent les moyens de prévention un pas en arrière. De meilleurs casques, des cous et des épaules plus robustes, de meilleurs soins médicaux et le règlement 48 n'offrent pas de solutions pour les joueurs de plus de 220 livres qui frappent un adversaire à une vitesse de plus de 30 milles à l'heure. Même pas proche. Donc, les commotions cérébrales deviennent plus fréquentes et plus graves. Il faut des changements draconiens, comme il y en a déjà eu dans le hockey.»

Dryden prône la communication et l'éducation.

«Gary Bettman n'a pas à sonner la charge. Mais une façon de reconnaître le problème serait d'aider à créer une structure qui encouragerait et générerait des discussions publiques. Ça pourrait commencer par une conférence annuelle organisée par une université, au Canada d'abord, puis lors des années suivantes aux États-Unis et en Europe. La LNH pourrait devenir l'un des principaux commanditaires de l'événement. Les neurologues pourraient venir partager leur savoir. Des joueurs qui ont souffert de commotions cérébrales pourraient témoigner. Les dirigeants de sports, à tous les niveaux, pourraient venir parler et proposer des solutions, tout comme les meilleurs entraîneurs, les meilleurs joueurs, brasser des idées.»

«Le gros bon sens»

L'ancien gardien du Canadien adopte ensuite un ton plus sévère pour sommer Bettman de bouger.

«Parce qu'on a trop attendu avant d'écouter la science, des milliers de travailleurs de l'amiante et des millions de fumeurs sont morts. Dans la société, nous avons rarement le luxe d'attendre les réponses de la science. Nous devons tirer le meilleur de la science, nous informer. C'est le gros bon sens.

«Bettman doit agir comme un commissaire se doit d'agir, ajoute Dryden. Qu'on regarde ces gens qui défendaient le tabac et l'amiante il y a cinquante ans. Comment pouvaient-ils être si stupides? Bettman ne peut attendre que cette génération de joueurs vieillisse pour avoir des confirmations sur ce que l'on pourrait savoir dès aujourd'hui.»