Le Canadien traverse une crise, et Pierre Gauthier avait l'air d'un homme qui joue ses dernières cartes, lundi, lors de son bilan de mi-saison au centre d'entraînement de l'équipe à Brossard.

Gauthier était là avant tout pour parler du nouveau contrat de six saisons accordé dans la journée de dimanche au défenseur Josh Gorges, mais rapidement, cette bonne nouvelle a fait place à une longue réflexion un peu moins joyeuse du dirigeant montréalais.

Le ton hésitant, le regard fuyant, le directeur général ne semblait pas tout à fait à l'aise au moment de parler des performances de son club. Alors que l'équipe ne cesse de piquer du nez - seulement 3 victoires au cours des 10 derniers matchs -, alors que les probabilités d'une place en séries sont de moins en moins élevées, Gauthier se retrouve lui-même sur la sellette.

Déjà, un assistant a été sacrifié au mois d'octobre, et un entraîneur aussi, en décembre. La logique et la loi du marché dans la LNH laissent croire que le directeur général pourrait aussi y laisser sa peau si ça continue de cette façon.

«On se réévalue continuellement, a répondu Gauthier, quand on lui a demandé s'il ne craignait pas pour son poste. Tout le monde, on doit se regarder dans le miroir. C'est ce qu'on fait. Il y a des solutions à trouver, c'est là-dessus qu'on travaille tous les jours.»

Et quelles sont ces solutions, au juste? Un échange majeur, peut-être? Difficile à dire. Gauthier n'a pas voulu préciser s'il prévoyait apporter des changements en faisant un échange sous peu.

Mais il a tenu à s'excuser du piètre rendement de son équipe depuis le début de la saison.

«Nos fans méritent mieux. Ce qui se passe, ce n'est pas seulement à cause des blessures. Il y a d'autres problèmes, et c'est pour ça qu'on n'est pas satisfaits de notre performance.»

Sans les nommer, Pierre Gauthier a montré du doigt les vétérans de l'équipe, qui devraient fournir un meilleur rendement selon lui.

«Quand nos vétérans ne jouent pas bien, cela a un effet sur le jeu de nos jeunes joueurs... Ces gars-là doivent trouver la solution, parce qu'on exige trop de nos jeunes joueurs présentement.»

Gauthier, qui s'est aussi longuement excusé de la controverse entourant l'embauche d'un entraîneur unilingue anglophone (voir autre texte), a parlé du retour éventuel des blessés, mais pour le moment, personne ne sait exactement quand les Brian Gionta, Scott Gomez et autres Andrei Markov reviendront.

Les deux premiers sont blessés à l'aine et ne s'entraînent toujours pas avec le reste de l'équipe. Andrei Markov, lui, n'est pas attendu avant la pause du match des Étoiles, à la fin du mois. Il n'a pas remis les patins depuis sa plus récente opération au genou droit en Floride, au début du mois de décembre.

Pour l'heure, le DG rappelle que la source de l'espoir n'est pas tarie, puisque la formation montréalaise doit disputer 11 de ses 15 prochains matchs au Centre Bell. Mais si l'objectif d'une récolte de 96 points doit être atteint pour penser à une place en séries, le Canadien doit obtenir une trentaine de victoires d'ici la fin pour espérer.

Ce qui semble un tantinet irréaliste, surtout pour un club qui a du mal à enchaîner les gains depuis le début de la saison. En décembre, la plus longue séquence de victoires du Canadien s'est arrêtée à deux.

«Notre équipe doit trouver des solutions, et je pense que ça passe par trois étapes, a ajouté Pierre Gauthier. En premier, il y a les renforts qui vont arriver, nos joueurs blessés qui vont revenir au jeu. Ensuite, ça doit passer par les joueurs, qui doivent tous s'impliquer entièrement. Enfin, il y a les dirigeants de l'équipe. Nous aussi, on doit faire notre bout. Notre objectif, c'est de nous remettre à gagner... Nous avons beaucoup de matchs à disputer au Centre Bell prochainement, et on mise sur cette série de rencontres pour changer la trajectoire de notre saison.»

Et si la trajectoire ne change pas? Alors là, on pourra s'attendre à un autre bilan... qui sera encore plus pénible que celui-ci.