Les équipes canadiennes de la Ligue nationale de hockey (LNH) génèrent nettement plus de revenus en billetterie que celles installées aux États-Unis, révèle le Toronto Star. Un argument de plus pour rapatrier des franchises au nord de la frontière, estime le spécialiste en marketing sportif, André Richelieu.

Un rapport de la LNH obtenu par le quotidien torontois indique que les ventes de billets des six équipes canadiennes l'an dernier ont représenté 33% de tous les revenus en billetterie. C'est davantage encore qu'il y a cinq ans alors que les franchises au nord de la frontière en avaient généré 31%.

«Ces chiffres montrent que les marchés canadiens sont des locomotives extrêmement puissantes pour la LNH. Si vous êtes une ville qui souhaite attirer une franchise, comme Québec, c'est certain que ça vous donne un argument supplémentaire», estime André Richelieu, professeur titulaire en marketing du sport à l'Université Laval.

Le Canadien en tête de liste

Malgré son insuccès sur la glace cette année, le Canadien de Montréal pourra se consoler en se disant qu'il occupe tout de même la première place dans l'un des classements de la LNH. L'équipe arrive en effet en tête de liste pour les revenus en billetterie, générant 2 millions par partie jouée à domicile. Avec 41 parties disputées par saison au Centre Bell, les propriétaires sont ainsi assurés de toucher 82 millions par année, sans participation en série.

Les Maple Leafs génèrent à peu de choses près autant de revenus en billetterie, tandis que les Canucks de Vancouver font sonner le tiroir-caisse pour 1,7 million.

Une seule équipe américaine figure parmi les plus lucratives au tiroir-caisse. Les Rangers de New York ont récolté 1,6 million par match. L'autre franchise de la métropole américaine, les Islanders, 392 000$ par partie, en baisse de 28% depuis cinq ans.

Les revenus d'équipes américaines chutent

Les revenus de plusieurs équipes américaines sont en chute libre. Depuis cinq ans, les Stars de Dallas ont ainsi vu leurs ventes de billets passer de 950 000$ à 660 000$ par match. Les coyotes de Phoenix qui jonglaient déjà avec une santé financière précaire ont vu leurs ventes de billet reculer à nouveau pour s'établir à 420 000$. L'équipe perdrait ainsi 30 millions par année. «Vous pouvez avoir la meilleure machine marketing, s'il n'y a pas de demande, ça ne marchera pas», résume André Richelieu.

Ces données représentent seulement les revenus en billetterie et ne reflètent donc pas l'argent récolté grâce aux commandites et aux contrats de télédiffusion. Ils plaident néanmoins pour que la LNH revienne sur son offensive lancée dans le sud des États-Unis, poursuit André Richelieu. «La Ligue devrait se concentrer sur ses marchés naturels pour prospérer et éviter de s'enliser dans les marchés à l'ombre des palmiers et des cactus».

Déjà une première équipe américaine, les Thrashers d'Altanta, a d'ailleurs déménagé à Winnipeg pour permettre aux Jets de prendre un nouvel envol. L'équipe avait été celle à générer les plus faibles revenus en billetterie l'an dernier.

Reste que certaines équipes américaines ont réussi à améliorer leur situation en tablant sur leurs succès sur la glace. Les Blackhawks de Chicago, qui ont remporté sa quatrième Coupe Stanley en 2009-2010, ont vu leurs revenus passer de 500 000$ par partie voilà cinq ans à 1,1 million l'an dernier. Les Penguins de Pittsburgh, propulsés par leurs jeunes joueurs étoiles, ainsi que les Bruins de Boston, champions de la dernière saison, ont également vu leurs revenus augmenter de 38% durant cette période pour s'établir à 1,1 million par match.

Ces données concordent avec les statistiques publiées début décembre par le magazine Forbes qui incluait toutes les sources de revenus. Ceux-ci avaient évalué que les Leafs et le Canadien dominaient largement la LNH. À l'inverse, plus de la moitié des équipes généreraient un déficit. Les 16 équipes déficitaires sont principalement situées dans le sud des États-Unis.