Michael Cammalleri n'en peut plus. Non seulement est-il frustré d'encaisser des défaites en séries, mais il est outré par l'«attitude de perdants» qui guide le Canadien depuis le début de la saison.

«Je ne peux accepter que nous affichions une attitude de perdants comme on le fait cette année. On prépare nos matchs en perdants (losers). On joue en perdants. Il ne faut donc pas se demander pourquoi on perd», a lancé Cammalleri en réponse aux questions posées par La Presse et LNH.com quant aux insuccès répétés du Tricolore.

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«On regarde les matchs qui s'en viennent en nous disant qu'on doit respecter le plan à la lettre si nous voulons nous donner une chance de gagner. Ça n'a pas de bon sens. C'est bien beau de regarder ce que les autres équipes font par le biais des vidéos. C'est bien beau de consulter les notes sur les tableaux. Mais, à un moment donné, il faut que l'on joue aussi. Et il faut jouer sans toujours craindre de commettre des erreurs», a lancé Cammalleri qui impute à cette attitude perdante le fait que le Tricolore n'arrive pas à retrouver le chemin de la victoire.

«J'ai joué pour des bonnes et des moins bonnes équipes. Quand tu affiches une attitude de perdants comme on le fait présentement, tu perds plus souvent que tu ne gagnes et tu t'enfonces au classement. Quand tu affiches une attitude de gagnants, que tu ne te laisses pas étouffer par les erreurs et que tu réponds à une erreur avec 15 beaux jeux à l'autre bout, tu gagnes et tu te sors de la misère. Ce n'est pas ce que nous faisons ici présentement», a enchaîné Cammalleri sur un ton tranchant.

«Que Crosby (Sidney) marque un beau but, qu'Ovechkin (Alexander) ou Malkin (Evgeni) réalisent de gros jeux on devrait s'en ficher complètement et répliquer. Quand on s'est rendu en finale (de l'Association de l'Est) il y a deux ans, c'est ce que nous faisions. Nous avions la conviction de pouvoir battre n'importe qui. De pouvoir gagner tous les soirs. Nous abordions les matchs d'une manière complètement opposée à celle que nous affichons aujourd'hui. Il faut gagner pour se sortir du trou. Mais pour gagner, il faut jouer en gagnants, pas en perdants», a-t-il répété en retirant son équipement après l'entraînement du Tricolore, mercredi midi.

Au lendemain d'une 26e défaite en 42 matchs, au milieu d'une saison marquée d'échecs, de déceptions, de contre-performances et de l'absence de signes encourageants et prometteurs, les paroles de Cammalleri donnaient clairement l'impression de lancer le message qu'il serait loin d'être fâché de quitter Montréal avant la date limite des transactions le 27 février prochain.

«Je pourrais en dire bien plus, mais vous pouvez lire entre les lignes», s'est-il contenté d'ajouter.

Utilisation insuffisante

Dans un vestiaire presque désert alors que le Canadien complétait ses derniers préparatifs avant l'envolée vers Boston où le Tricolore croisera les Bruins jeudi, Cammalleri s'est ensuite attaqué à son utilisation personnelle.

«Je suis habitué de jouer beaucoup plus que je le fais», a plaidé l'attaquant lorsqu'on lui a fait remarquer que ses performances personnelles étaient loin d'être convaincantes cette saison.

Limité à neuf buts et 22 points en 37 rencontres, le franc-tireur à qui le Canadien a consenti un riche contrat de cinq ans d'une valeur totale de 30 millions $ - il touche 6 millions $ cette saison et empochera 7 millions $ l'an prochain et dans deux ans - est loin d'afficher l'intensité et la conviction nécessaire pour secouer sa léthargie personnelle.

S'il a passé plus de 20 minutes sur la patinoire dans 17 de ses 27 premières parties de la saison, Cammalleri n'a pas atteint le plateau des 20 minutes à ses 10 dernières parties. De fait, il ajoué plus de 18 minutes (18:40) une seule fois au cours de cette séquence: le 31 décembre en Floride, où le Canadien a perdu 3-2 aux mains des Panthers.

Contraint à 15:01 d'utilisation mardi dans la défaite de 3-0 aux mains des Blues de St.Louis, Cammalleri a d'ailleurs été pointé du doigt sur le premier filet accordé par Carey Price. Bien qu'il faisait partie d'un groupe de trois joueurs du Canadien venus à la rescousse de P.K. Subban et Carey Price - Tomas Plekanec et Tomas Kaberle étaient les autres - Cammalleri a bousillé sa couverture défensive laissant Jason Arnott fin seul dans l'enclave d'où il a facilement pu donner les devants aux Blues.

«Je vais prendre le blâme sur ce jeu. J'ai couvert le mauvais joueur. Cela dit, nous étions rendus en milieu de deuxième période et j'en étais à ma cinquième présence seulement. Normalement, j'aurais effectué une quinzaine de gros jeux une fois à la mi-match. Ce ne fut pas le cas hier», a insisté Cammalleri.

Les doléances de l'ailier gauche n'ont pas atteint l'entraîneur-chef Randy Cunneyworth. «Je considère que nous leur offrons une utilisation juste et équitable dans les circonstances. Nous devons obtenir des résultats de la part de nos meilleurs joueurs. S'ils ne nous en donnent pas offensivement, ils doivent au moins empêcher les adversaires de marquer», a souligné le nouvel entraineur-chef du Canadien qui n'a pas exclu la possibilité de donner des congés à ses vétérans si les choses ne se replacent pas lors des prochains matchs. «Ce n'est pas mon intention dans l'immédiat, mais je ne peux assurer que ça n'arrivera jamais. On doit obtenir des résultats et prendre tous les moyens nécessaires pour y arriver.»