Avec le navire du Tricolore qui sombre un peu plus chaque jour, c'est à se demander si le vétéran Hal Gill finira la saison à Montréal.

Après avoir été le défenseur le moins utilisé dans la défaite face aux Capitals de Washington, Gill pourrait être laissé de côté à la faveur de Chris Campoli, vendredi, alors que le Tricolore affrontera les Penguins de Pittsburgh. C'est du moins une possibilité qui est ressortie de l'entraînement de jeudi.

À l'instar de joueurs comme Travis Moen et Andrei Kostitsyn, Gill sera joueur autonome sans compensation à la fin de la saison, ce qui augmente ses chances de changer d'adresse. D'aucuns croient que ce spécialiste serait en mesure d'aider une formation aspirante à la Coupe Stanley à la recherche de renfort en infériorité numérique. On pense à des équipes comme les Flyers de Philadelphie, les Blackhawks de Chicago ou les Sharks de San Jose.

«Pour l'instant, ma seule préoccupation est d'aider mon équipe à remporter des matchs, nous a assuré Gill. J'ai les yeux fixés sur le présent. Mais je présume que l'équipe ne me gardera pas pour que je me développe en tant que joueur...»

Lorsqu'un vétéran aux bons états de service se retrouve à la croisée des chemins, surtout avec une équipe vacillante, celle-ci tente parfois à l'accommoder, comme le veut l'expression consacrée dans le milieu.

C'est en plein ce qui pourrait arriver à Gill.

«Nous gagnons très bien notre vie à faire un travail, c'est notre première obligation, a-t-il commenté prudemment. Vient ensuite l'ambition de gagner la Coupe Stanley, ce que vise chaque joueur. L'expression «accommoder un joueur » sonne bien, mais il ne faut pas oublier que c'est un business.»

Une utilisation réduite

Gill indique que sa famille et lui sont prêts à toute éventualité. Mais du même souffle, il insiste sur sa volonté d'aider à la relance immédiate de l'équipe.

Or, la contribution du vétéran de 36 ans est de plus en plus sporadique.

L'un des premiers gestes de Randy Cunneyworth à la barre du CH a été d'employer sept défenseurs - tous à la ligne bleue - de façon à répartir le temps de glace selon les forces de chacun. Sans surprise, Gill voit beaucoup d'action en infériorité numérique, aidant à faire du Canadien la deuxième meilleure équipe de la LNH à ce chapitre.

Un joueur comme Tomas Kaberle, lui, est d'abord et avant tout utilisé en avantage numérique... avec des résultats moins probants. Mais les deux vétérans sont bien moins utilisés à forces égales que si le Canadien avait recours à six défenseurs.

«Ça nous permet d'être plus pointilleux à l'égard des joueurs qu'on lui oppose», a expliqué Cunneyworth à propos de l'impact de cette formule sur le travail de Gill.

«Hal fait du bon travail, mais il s'agit d'employer nos joueurs au bon moment. Tous les joueurs se battent pour du temps d'utilisation et d'employer sept défenseurs nous permet de tous les garder aux aguets.»

On soupçonne que cela ne fait pas trop l'affaire de Gill, qui n'a joué en moyenne que 12:47 lors des huit derniers matchs.

Mais ce dernier n'ira pas se plaindre.

«Ça me convient en autant que l'équipe gagne», a-t-il dit.

Il y a du bon et du moins bon dans cette situation, selon lui. L'avantage est de pouvoir se tourner vers un joueur plus frais et dispos lors d'une situation clé.

«En revanche, tous les joueurs sont plus à l'aise lorsqu'ils jouent leur tour régulier», a observé Gill.

La retraite pourrait attendre

Gill souhaite surprendre tous ceux qui assument qu'il en est à son dernier tour de piste.

«Je compte jouer aussi longtemps que je le pourrai», a-t-il affirmé.

Le hic, c'est que pour plusieurs joueurs, ce sont les 30 équipes qui déterminent s'ils en sont encore capables ou non!

«Je n'ai pas à ce point de fierté pour laisser ce genre de chose m'affecter», a répondu Gill en haussant les épaules.

L'arrière de 6'7 n'aborde pas le reste de la saison comme une tournée d'adieu. Sauf qu'il a appris à savourer chaque moment.

«Plus on vieillit, plus on réalise à quel point c'est agréable de jouer. On se soucie de moins en moins de ce qu'il y a autour de l'équipe et on se profite davantage du jeu et de côtoyer ses coéquipiers. C'est une progression naturelle que vivent tous les joueurs.»