Tim Thomas défend les couleurs de Boston. Mais le temps d'une journée, il a préféré celles du Tea Party à celles des Bruins.

Sa décision de bouder la visite des Bruins à la Maison-Blanche pour des motifs politiques, lundi, a fait jaser aux quatre coins de la Ligue nationale... y compris dans le vestiaire du Canadien.

Max Pacioretty, qui est originaire du Connecticut, hésitait à commenter puisqu'il ne connaît pas Thomas personnellement.

«Mais c'est quand même la Maison-Blanche, a-t-il dit. On peut ne pas soutenir la personne qui l'occupe, mais il y a là tant d'histoire et tant de choses qui s'y passent. Ça doit être une expérience assez cool que de voir tout ce qu'il y a à l'intérieur...»

Hal Gill, qui vient du Massachusetts, n'avait pas participé à la visite de la Maison-Blanche avec les Penguins de Pittsburgh puisque le tournoi de golf du Canadien - sa nouvelle équipe - créait un conflit d'horaire.

«J'aurais aimé y être pour vivre l'expérience, mais je ne crois pas que ce devrait être obligatoire pour autant, a soutenu Gill. C'est drôle que ça ait défrayé les manchettes...»

Peut-être est-ce parce qu'au-delà de ses opinions politiques, Thomas était le seul régulier originaire des États-Unis au sein de l'édition championne? Compte tenu du fait qu'il était aussi le deuxième Américain seulement à avoir été consacré joueur par excellence des séries, il y avait comme un éléphant dans... le bureau Ovale.

«C'est la beauté des États-Unis, chacun est libre de faire ce qu'il veut, a rappelé Gill. Cela étant dit, c'est notre président. Je n'ai pas voté pour lui, ce n'est pas mon préféré, mais il y a un moment et une place pour faire entendre ses opinions. Une visite à la Maison-Blanche est davantage une occasion de célébration pour l'équipe.»

Tomas Kaberle, en tout cas, a traîné son complet à rayures à Washington et il était bien heureux de participer à l'événement.

«Les Bruins m'ont demandé si je voulais y être et ça tombait à point puisqu'on avait congé, a raconté le défenseur du CH. C'était une belle expérience. On ne sait jamais quand on revivra quelque chose de semblable.»

Une décision qu'il a prise seul

Thomas a justifié son refus d'accompagner les Bruins à la Maison-Blanche sur sa page Facebook, lundi soir.

«Je crois que le gouvernement fédéral a pris des proportions hors de contrôle et qu'il menace les droits, les libertés et la propriété du peuple, a-t-il écrit. Cela a cours aux paliers tant exécutif, législatif que judiciaire. C'est en opposition directe avec la Constitution et la vision du gouvernement fédéral des Pères fondateurs.

«Parce que c'est ce que je crois, j'ai exercé mon droit de citoyen libre, aujourd'hui, de ne pas visiter la Maison-Blanche. Ce n'est pas une question de politique partisane puisque les deux partis sont à mon avis responsables de cette situation. C'est un choix que j'ai fait en tant qu'INDIVIDU. »

Thomas a dit ne pas vouloir faire de politique partisane, mais il a posé un geste éminemment politique en refusant l'invitation de Barack Obama. Un geste qu'il a mis aux devants de son équipe.

«J'imagine qu'il a d'abord demandé l'accord de ses coéquipiers, a proposé Pacioretty. C'est ce que feraient la majorité des gens dans cette situation. Espérons que c'est ce qui s'est produit...»

Malheureusement, non. Le capitaine Zdeno Chara a été informé le matin même que son coéquipier déclarait forfait.

Les joueurs ont invoqué la libre expression et surtout la volonté de tourner la page sur cet incident. Chose certaine, l'état-major de l'équipe est en furie envers le gardien de 37 ans.

Thomas, lui, ne s'est pas présenté devant les journalistes en matinée. Le soir venu, face aux Capitals, c'est Tuukka Rask que Claude Julien avait désigné comme gardien partant.

«Le hockey et la politique ne vont pas ensemble», s'est limité à dire Julien sur le sujet.