Les partisans du Canadien qui souhaitent voir leurs favoris abandonner afin d'obtenir le premier choix au prochain repêchage risquent d'être déçus.

Depuis plusieurs semaines déjà, la campagne «Fail For Nail» («échouons pour Nail») fait fureur dans les médias sociaux.

Le phénomène fait de plus en plus jaser. En gros, il s'agit de partisans du Canadien qui aimeraient mieux que leurs préférés jettent l'éponge d'ici à la fin de la saison. Tout ça afin de pouvoir mettre la main sur un gros choix au prochain repêchage de la LNH, en juin.

Mais les membres du Canadien ne voient pas les choses de la même façon. Pas du tout, en fait.

«Je crois que les partisans seraient les premiers à se plaindre si jamais nous abandonnions, estime l'attaquant Max Pacioretty, rencontré avant le départ de l'équipe pour Long Island. Je doute qu'une équipe ait abandonné par le passé afin d'obtenir un bon choix au repêchage. Il y a plusieurs gars qui veulent montrer ce qu'ils savent faire, des gars qui jouent pour avoir un autre contrat. Cette histoire-là ne fait aucun sens.»

Le «Nail» en question est Nail Yakupov, un ailier du Sting de Sarnia, du circuit junior ontarien, qui est le premier choix d'une majorité d'experts en vue du prochain repêchage de la LNH.

Puisque le Canadien n'est pas en bonne place au classement de l'Association de l'Est, plusieurs partisans estiment qu'il serait préférable de lever le pied afin de pouvoir repêcher un joueur de premier plan en juin.

Mais, dans le vestiaire du Canadien, Nail Yakupov ne fait pas partie des préoccupations immédiates. «Il s'agit du joueur russe, c'est bien ça? a demandé Pacioretty. Ça n'a pas de sens, personne ne va abandonner même si on est mathématiquement éliminés de la course aux séries. C'est une question de fierté aussi. On croit qu'on a une bonne équipe ici, on ne croit pas qu'on a besoin d'un gros choix au repêchage pour venir nous aider la saison prochaine.»

En audition

Ces questions arrivent au moment où le Canadien demeure à seulement deux points du 15e et dernier rang dans l'Association de l'Est. Ce soir à Long Island, l'équipe tentera d'ajouter une troisième victoire de suite en visitant les Islanders.

Depuis le lock-out de 2004-05, le Canadien n'a jamais fait pire que la 10e place au classement de l'Est. Exception faite du repêchage de 2005, où un cinquième choix (Carey Price) avait été obtenu grâce à la loterie du lock-out, la formation montréalaise n'a pas obtenu un seul choix parmi les neuf premiers depuis 2001, quand le défenseur Mike Komisarek a été sélectionné avec le septième choix au total.

«On ne pense même pas à ça, a juré l'attaquant Lars Eller. Aucunement. Nous avons encore des chances d'atteindre les séries. On joue pour gagner, et on joue en théorie pour une Coupe Stanley. Pourquoi on abandonnerait? Et puis, si jamais on obtient un espoir en juin et qu'il joue cinq mauvais matchs de suite avec nous en octobre, les gens vont dire quoi?»

Selon Eller, les joueurs du Canadien sont en audition, d'une certaine façon. Même si l'équipe devait être éliminée de façon officielle au cours des prochaines semaines, les joueurs vont quand même devoir donner leur maximum. Parce qu'ils savent qu'on les regarde.

«Il y a toujours une raison de vouloir tout donner sur la glace, a conclu Eller. Si tu ne donnes pas ta pleine mesure, tu vas te retrouver sur le marché des échanges, et toute la ligue va savoir que tu es un gars qui abandonne. Plus personne ne va vouloir de toi. Jeter l'éponge, ça ne donne jamais rien de bon.»