Décédé en 2005 à l'âge de 88 ans, le recruteur des Kings de Los Angeles Alex Smart est le seul à avoir cru au talent de Luc Robitaille alors que celui-ci jouait dans les rangs juniors à Hull, au milieu des années 80.

Robitaille a été repêché par les Kings en neuvième ronde, au 171e rang en 1984. «Je les ai suppliés de le prendre, racontait Alex Smart il y a quelques années. Ce que j'aimais de lui, c'est qu'il mettait la rondelle dans le filet. Il y en a qui disaient qu'il ne patinait pas assez vite, mais pour aller marquer des buts, il patinait bien assez vite...»

Robitaille n'avait pas les ambitions de Mario Lemieux lors de cette fameuse journée de repêchage du 9 juin 1984 au Forum. Il entretenait tout de même l'espoir d'être sélectionné en quatrième ou cinquième ronde. Les rondes ont passé, les heures aussi. Robitaille, qui a eu le temps de dévorer sept ou huit hot-dogs, a retenu son souffle chaque fois que le représentant des Kings prenait le micro.

Finalement, le jeune homme d'Anjou a été choisi par les Kings en neuvième ronde dans un Forum déjà presque désert. Tout feu tout flamme, il a bondi de son siège dans les gradins et est descendu pour aller remercier ses bienfaiteurs. Un gardien de sécurité l'a empêché de passer puisque les joueurs repêchés aussi tard n'ont plus accès au plancher où se trouve la direction des équipes. Par chance, Pierre Lacroix, agent de joueurs à l'époque, l'a reconnu et a plaidé sa cause auprès du gardien.

La plupart des dirigeants des Kings avaient déjà disparu quand il s'est pointé à leur table. Alex Smart l'y attendait en compagnie du secrétaire de route. Embêté, Smart lui avait dit qu'il ne restait plus de casquette, mais il avait détaché de son veston une épinglette des Kings pour la lui remettre. Cette fameuse épinglette occupe encore une place de choix parmi les souvenirs de Luc Robitaille...

En ce sens, Smart a été un précurseur et n'a jamais favorisé la vitesse au détriment de l'intelligence et du désir de vaincre.

Pas assez athlétique...

Repêcher un bon gardien peut s'avérer une tâche complexe. À Montréal, par exemple, Jaroslav Halak n'a pas été le premier gardien repêché par l'équipe en 2003. Le Suédois Christopher Heino-Lindberg a été choisi presque 100 rangs avant le Slovaque. Heino-Lindberg n'a jamais traversé l'Atlantique.

La présence d'un entraîneur des gardiens aux côtés d'un recruteur n'assure pas nécessairement un choix judicieux non plus. Gilles Côté le sait trop bien.

À l'époque où il travaillait pour les Capitals de Washington, Gilles Côté s'était fait accompagner par Warren Strelow à Saint-Hyacinthe pour voir Martin Brodeur. Mais Strelow trouvait que Brodeur ne se déplaçait pas assez rapidement et qu'il n'était pas assez athlétique. Côté n'avait donc pas insisté auprès de ses patrons pour qu'ils repêchent Brodeur.

Les Capitals repêchaient au 10e rang cette année-là en 1990, 10 rangs avant les Devils, et ils ont opté pour le défenseur John Slaney. Ils avaient de grands projets pour lui et le voyaient comme leur éventuel quart-arrière en défense. Sa carrière n'a pas été très impressionnante. Brodeur, quant à lui...

 

Photo Reuters

Martin Brodeur