C'était bel et bien jour de Saint-Valentin, mardi, mais dans le monde merveilleux du Canadien de Montréal, il n'y avait pas beaucoup d'amour sur la glace.

La saison du Canadien, qui est déjà assez spéciale comme ça, a pris une autre tournure vers l'absurde, mardi, lors de l'entraînement à Brossard, quand Scott Gomez et l'assistant Randy Ladouceur ont été impliqués dans une solide prise de bec.

L'attaquant mal-aimé a semblé prendre un peu à la légère un exercice contre un défenseur, ce qui a fait péter les plombs à Ladouceur. Visiblement en furie, l'entraîneur adjoint a ensuite engueulé Gomez à trois reprises, la deuxième fois devant tout le monde, alors que les joueurs étaient silencieux devant le tableau des jeux. Gomez lui a répondu, ce qui n'a pas fait l'affaire de Ladouceur, qui a pimenté sa réplique de quelques gros mots en anglais qui avaient tous l'air de commencer par la lettre F.

Cette engueulade est survenue moins de 24 heures après la douloureuse défaite de lundi soir face aux Hurricanes de la Caroline, pendant laquelle Gomez et Andrei Kostitsyn ont été ignorés par l'entraîneur Randy Cunneyworth. Gomez, qui voit son temps de glace fondre peu à peu au cours des derniers jours, a dû se contenter de 7:49 de jeu lundi soir.

Il n'est d'ailleurs pas exclu que Gomez soit tout simplement rayé de la formation en vue du match de mercredi soir au Centre Bell, contre les Bruins de Boston. Mardi, en tout cas, Randy Cunneyworth n'a pas voulu confirmer sa présence. «On verra», s'est contenté de dire le pilote du CH au sujet du numéro 11.

Ce qui est plus certain, c'est que l'accrochage de mardi ne va pas aider le cas de Gomez, qui serait probablement déjà sur le marché des échanges si son contrat n'était pas aussi lourd. Mais avec encore deux ans à faire, et avec une moyenne de 7,3 millions sur le plafond salarial, le décevant attaquant n'est certes pas si facile à refiler à quelqu'un d'autre.

Gomez, lui, jure qu'il ne se voit pas ailleurs.

«Il n'y a personne d'autre qui veuille gagner autant que moi à Montréal, a-t-il fait savoir après l'entraînement de mardi. Je crois que je laisserais tomber l'équipe si je ne voyais pas les choses de cette façon. Ce n'est même pas une question.»

L'attaquant de 32 ans a tenté de faire croire que la prise de bec avec Randy Ladouceur n'était pas si grave.

«C'est le genre de chose qui arrive... J'ai mal fait l'exercice et il me l'a fait savoir. Tout le monde s'engueule avec son patron, mais ici, il y a des caméras... Ce n'est pas la première fois que l'on crie après moi, ce ne sera pas la dernière. Ça fait partie du hockey. Je ne lui répondais pas. J'écoutais; c'est lui, le coach. Ça arrive chaque jour, mais ici, c'est évidemment un peu différent.»

Reste à voir si Gomez pourra remonter dans l'estime de l'entraîneur Cunneyworth, qui voit maintenant en lui un simple joueur de quatrième trio. À l'entraînement de mardi, il patinait avec Andrei Kostitsyn, un autre mal-aimé, et avec Ryan White, qui n'a pas joué un seul match cette saison.

«Je dois fournir un meilleur effort, a-t-il reconnu. J'imagine que je n'étais pas assez bon. Si le coach ne pense pas que tu donnes le meilleur de toi-même, tu ne joues pas, et c'est ce qui est arrivé lundi soir.»

Kostitsyn, lui aussi réduit à un rôle très effacé lundi soir contre la Caroline, en est un autre qui doit en donner pas mal plus au club, selon Randy Cunneyworth.

«Il est dans le même bateau que Scott, a fait savoir l'entraîneur. On a besoin d'une meilleure production de sa part. En trois présences (lundi soir), il a commis trois revirements.»

Avec la date limite des échanges (le 27 février) qui approche à grands pas dans la LNH, le nom de Kostitsyn n'a plus fini de circuler. Contrairement à Gomez, il n'a pas de contrat en poche pour l'an prochain. Et rien n'indique que le Canadien songe à lui soumettre une nouvelle offre d'ici là.