Un total de 29 parties disputées, une grande récolte d'un seul but et 14 passes pour 15 points. Voilà, c'est tout.

Ce n'est certes pas ce que Pierre Gauthier avait en tête, le 9 décembre, quand il a fièrement annoncé l'acquisition de Tomas Kaberle. Le défenseur tchèque, obtenu des Hurricanes de la Caroline en retour de Jaroslav Spacek, devait arriver ici en sauveur et faire oublier Andrei Markov assez rapidement.

Mais ce n'est pas exactement ce qui s'est passé.

Kaberle, qui s'est déjà offert des saisons de 67 et 58 points au sommet de sa forme chez les Maple Leafs de Toronto, ne semble plus posséder l'instinct offensif qui a poussé le directeur général du Canadien à miser sur lui il y a un peu plus de deux mois. Le joueur de 33 ans n'a que deux points à ses neuf derniers matchs, et sa fiche de -16 est la pire parmi les joueurs montréalais.

«Par moments, on aimerait pouvoir remarquer un peu plus d'intensité dans son jeu, a admis hier l'entraîneur Randy Cunneyworth. Dans l'ensemble, nous aimons sa vision du jeu. Il essaie des choses qui ne fonctionnent pas toujours, mais nous aimons sa créativité. Sa force, c'est son jeu offensif, et sa capacité à faire de bons jeux.»

Kaberle, qui a dit oui à une offre de 12,7 millions sur trois ans des Hurricanes l'été dernier, n'a pas non plus la meilleure réputation. Jim Rutherford, DG des Hurricanes, a laissé entendre que le défenseur s'était présenté au camp d'entraînement du club, au mois de septembre, avec un surplus de poids.

En décembre, Rutherford était allé jusqu'à dire publiquement qu'il regrettait le contrat qu'il avait lui-même accordé au vétéran défenseur, un commentaire qui avait rapidement fait le tour de la LNH.

Jusqu'ici en tout cas, le Kaberle qui porte le maillot bleu, blanc et rouge ne produit certes pas comme prévu. Et il donne des munitions à ceux qui voient en lui un joueur sur le déclin, dont la production offensive ne cesse de chuter depuis sa saison de 49 points à Toronto, en 2009-2010.

Mais le principal intéressé n'est pas inquiet.

«Il y a toujours des choses à améliorer chaque jour, a-t-il commencé par dire hier, au terme de l'entraînement à Brossard. Qu'on soit avec le même club pendant une journée ou pendant cinq ans, ça ne change rien. Il y a toujours des choses à améliorer. Il y a encore plusieurs parties à disputer cette saison.»

Quand on lui demande s'il éprouve des ennuis sur la glace ces temps-ci, Kaberle hausse les épaules.

«Je ne crois pas. Je réussis à faire des jeux, et parfois, je tente aussi des jeux qui ne fonctionnent pas. J'essaie seulement de provoquer des choses quand je suis sur la glace. Tout ce que je veux, c'est aider l'équipe à prendre part aux séries.»

Avec Andrei Markov qui se contente encore de patiner en solitaire au complexe de l'équipe à Brossard, nul doute que le Canadien aura besoin d'un Kaberle en pleine forme s'il veut encore rêver aux séries éliminatoires.

Le vétéran défenseur est d'ailleurs conscient qu'il devra jouer mieux au cours des prochains matchs, à commencer par la rencontre de ce soir à Buffalo, contre des Sabres qui bataillent eux aussi pour une place en séries.

«Nous allons tous devoir jouer mieux que ça, a-t-il conclu. Ce que je dois faire, c'est de m'assurer de jouer de manière simple, de ne pas tenter le gros jeu si c'est trop risqué. Le plus important pour moi, c'est de gagner des matchs.»

Et, peut-être aussi, de se remettre à jouer comme le Kaberle des beaux jours.