Les Bulldogs de Hamilton traversent une année de transition, mais la cavalerie arrivera bientôt. La majorité des meilleurs espoirs du Canadien feront le passage chez les pros l'automne prochain et, parmi eux, le défenseur Jarred Tinordi sera à surveiller.

De méchantes langues ont reproché au Tricolore d'avoir choisi en première ronde du repêchage de 2010 une version à peine améliorée de Hal Gill. Certes, les deux hommes mesurent 6'7. Mais pour le reste, il n'y a pas vraiment de comparaison.

Lors d'une récente visite à London, on a pu constater que Tinordi était un bien meilleur patineur que Gill. Il pratique également un style plus robuste et sait davantage quoi faire en possession de la rondelle.

«À pareille date l'an dernier, il avait besoin de se développer énormément s'il souhaitait faire le saut dans la Ligue nationale», a convenu Misha Donskov, le dg adjoint des Knights (Ligue junior de l'Ontario). «Or, il a accéléré ce développement cette année et il démontre qu'il va devenir un joueur solide dans la LNH.»

Il est vrai que la première saison de Tinordi à London n'a pas été des plus fructueuses. Confronté à un calendrier plus exigeant et souvent pris de court par la vitesse du jeu, le défenseur de 19 ans a dû faire des ajustements. Maintenant plus confiant et plus expérimenté, Tinordi a appris à ne pas se compliquer la vie.

«Il appuie l'attaque lorsque c'est le temps, mais se garde de le faire quand c'est dangereux. Et dans sa zone, il referme très rapidement l'espace disponible à l'adversaire et utilise bien son bâton», ajoute Donskov.

Même s'il faut éviter d'accorder une trop grande importance au différentiel d'un joueur, celui de Tinordi résume très bien ses progrès. Il a conclu la saison dernière à moins 8 tandis qu'avant les matchs d'hier, il était le meneur de la Ligue de l'Ontario avec une fiche de plus 40.

Donner l'exemple

Il y a deux ans, Tinordi avait été le capitaine de l'équipe nationale de développement des États-Unis. Puis, en janvier dernier, il a été assistant-capitaine de l'équipe américaine aux Mondiaux juniors. Et c'est lui qui porte le «C» à London. «En tant que capitaine, je veux mener par l'exemple, mais si mes coéquipiers ont besoin d'un coup de pied dans le derrière, je ne me gênerai pas. Je choisis mes moments pour parler.»

Cela dit, Tinordi a encore un tas de choses à travailler. Si son coup de patin a gagné en fluidité, son patinage arrière laisse encore à désirer. De plus, la férocité qu'avait son père Mark ne lui vient pas aussi naturellement. Des éléments comme la robustesse et l'intimidation s'ajoutent graduellement à son jeu.

«Il est une cible sur la glace à cause de sa grandeur, du fait qu'il est capitaine et que c'est un premier choix du Canadien», rappelle Donskov. «Mais il n'a pas peur. C'est un dur.»

Se maintenant pour l'instant à 213 livres, Tinordi aura besoin de remplir sa charpente de 6'7, mais il a du temps pour y arriver. En somme, son gabarit imposant, son rendement sur la patinoire et le caractère dont il fait preuve ne mènent qu'à un seul constat. «C'est un homme parmi les enfants ici», dit Donskov. «Il est prêt à faire le saut chez les pros.»