Les Bulldogs de Hamilton ont bouclé leur calendrier, le week-end dernier, et à l'image du Canadien, ils ont terminé très loin dans leur association et une vague de blessures les a emportés.

Mais la filiale du Tricolore n'a remporté qu'une seule victoire de moins que la dernière équipe ayant accédé aux séries dans son association. Bref, elle a été dans le coup pas mal plus longtemps que l'équipe-mère...

Déjà qu'on s'attendait à une saison difficile à Hamilton, la formation à la disposition de l'entraîneur-chef Clément Jodoin a constamment été vidée de ses forces en cours de saison.

«Durant la moitié de l'année, j'ai été privé de mes deux premiers trios», a souligné Jodoin en faisant référence entre autres aux Louis Leblanc, Aaron Palushaj, Blake Geoffrion et Michael Blunden.

Dans la Ligue américaine, les rappels deviennent aussi problématiques que les joueurs sur la touche. Les blessures à Montréal ont créé un domino qui a hypothéqué les Bulldogs, de sorte qu'il a fallu embaucher des joueurs autonomes universitaires et faire signer des contrats d'essai en fin de saison pour compléter la formation.

«Il n'y a pas de plan A ni de plan B ici, lance Clément Jodoin. Il n'y a qu'un plan D, celui de la débrouillardise. Car les choses changent à tous les jours.»

Jodoin se console à l'idée que le grand club a pu mieux connaître les Leblanc, Palushaj et consorts. Et il réfute par ailleurs l'idée voulant que Louis Leblanc ait atteint la LNH avant d'avoir eu tous les outils pour y connaître du succès.

«Ce n'est pas vrai (qu'il a été rappelé trop tôt), affirme Jodoin. Louis a été bon chez nous. Il a récolté 22 points en 31 matchs et s'il était resté pour une saison complète, il aurait atteint le cap des 50 points. Il n'a pas mal fait avec le Canadien, au contraire il a bien joué.»

«Arrêtons de dire que le jeune n'est pas prêt. Les jeunes joueurs qui ont un plan iront toujours plus vite que les autres. Or, Louis a un plan: il est consciencieux, il est sérieux, il est dédié à la cause et pour un jeune, c'est un excellent professionnel.»

Une nouvelle ère

Une équipe de la LNH qui termine dernière de son association et dont la filiale ne fait guère mieux n'annonce rien de bien positif quant à ses réserves.

Mais voilà: Clément Jodoin mise sur l'afflux de sang neuf, la saison prochaine, pour relancer les Bulldogs.

«Une nouvelle ère va commencer avec l'arrivée à la ligne bleue des Nathan Beaulieu, Jarred Tinordi et Morgan Ellis, ainsi que des Michaël Bournival, Danny Kristo et Brendan Gallagher à l'attaque. Ça va nous amener une nouvelle énergie.»

«Ça va aussi créer de la compétition. Il faut faire de la place, car ça pousse tout le temps!»

Parmi ceux dont le statut risque d'être fragilisé, il y a le Russe Alexander Avtsin.

«Avtsin n'est pas ressorti comme il aurait dû, pas du tout, a convenu Jodoin. On voudrait tous les réchapper, mais dans son cas, ça a été difficile. Mais je pense quand même qu'il va revenir l'an prochain. Un athlète a sa fierté...»

Olivier Fortier, que Jodoin a déjà eu comme capitaine avec l'Océanic de Rimouski, sera joueur autonome avec compensation et il mérite une année de plus pour se faire valoir, croit le vétéran coach.

«Il a des atouts, mais on dirait que les blessures ne l'ont jamais lâché», dit-il.

Ce qui est fait ne compte plus

Sans surprise, Jodoin a loué la constance du défenseur Frédéric St-Denis et la progression du Finlandais Joonas Nattinen.

Il a qualifié le gardien Robert Mayer de «révélation» en deuxième moitié de calendrier en plus d'identifier Brian Willsie et Andreas Engqvist comme ses meilleurs éléments au fil de la saison.

«Je sais qu'en accédant à la LNH, il fallait qu'Engqvist performe tout de suite et qu'il n'y avait pas place à l'erreur, convient Jodoin. Mais chez nous, son travail a été excellent, tant offensivement que défensivement. C'est un joueur sur lequel je pouvais me fier.»

Ces belles notes en motiveront peut-être certains durant leur préparation estivale, mais tout sera à recommencer à l'automne.

«Au mois de septembre, ils seront 50 au camp du Canadien et l'évaluation se fera sur les faits, et non pas sur les noms, prévient l'entraîneur. Ce qu'ils ont accompli cette année leur appartient, mais c'est ce qui s'en vient qui compte.»

Qu'adviendra-t-il de Jodoin?

Quant à Clément Jodoin lui-même, il lui reste une année de contrat derrière le banc des Bulldogs. Toutefois, à l'instar de Randy Cunneyworth, son sort est lié à l'arrivée d'un nouveau DG avec le Canadien.

Trois scénarios semblent possibles. Le premier serait qu'on le laisse poursuivre le développement des espoirs de l'équipe au moins une autre saison. Les Bulldogs ont vu défiler cinq entraîneurs-chefs en quatre ans et un minimum de stabilité ne ferait pas de tort.

Mais il ne faut pas écarter la possibilité de voir Cunneyworth reprendre les rênes des Bulldogs, lui qui a manifesté le désir de rester à l'intérieur de l'organisation du Tricolore.

Enfin, si le CH entend valoriser le développement d'entraîneurs-chefs francophones, peut-être voudra-t-il nommer un coach plus jeune qu'il juge plus susceptible de diriger un jour dans la Ligue nationale.

«J'adore mon travail, c'est ce que j'ai fait toute ma vie, nous a dit Jodoin. S'ils ont aimé mon travail, tant mieux. S'ils ne l'ont pas aimé, ce sera quelqu'un d'autre...»