En annonçant qu'Artturi Lehkonen amorcerait la saison à Montréal, le Canadien a envoyé un signal de plus que l'équipe qui sera sur la patinoire le 13 octobre sera méconnaissable par rapport à celle qui a amorcé la dernière saison avec neuf victoires de suite.

Si on compare les trios déployés depuis plusieurs jours au camp avec ceux d'il y a un an, quatre des neuf attaquants du top 9 sont de nouveaux visages.

En plus de la recrue Lehkonen, on retrouvera Alexander Radulov, de retour de la KHL, Andrew Shaw, acquis de Chicago, et Daniel Carr, qui avait encore des croûtes à manger en octobre dernier. Ces joueurs remplaceront Lars Eller, Dale Weise, Tomas Fleischmann et l'inoubliable Alexander Semin.

Aux yeux de beaucoup, le verdict est clair : les trois premiers trios du CH sont nettement améliorés.

«J'aime ça, a tranché Max Pacioretty, après l'entraînement d'hier. On a toujours eu l'équipe, on a été en finale d'Association [il y a deux ans]. Mais avec quelques ajouts ici et là, Radulov et Lehkonen dans le top 6, ça nous donne un nouveau look. On aura plus de profondeur dans les trois premiers trios. Et notre quatrième trio peut jouer dans les trois zones. Chaque trio a de la vitesse. On est tous sur la même longueur d'onde et hors glace, la chimie s'est installée.»

«On a comblé des besoins au cours de l'été, Marc a fait un excellent boulot», a estimé l'entraîneur-chef, Michel Therrien.

Le quatrième trio, composé de Brian Flynn, Torrey Mitchell et Devante Smith-Pelly lors du match inaugural de 2015-2016, devrait encore être piloté par Mitchell. Mais tout indique que Phillip Danault et Paul Byron sont les favoris pour être ses ailiers. Là aussi, on parle d'un groupe plus rapide, surtout à droite, où Smith-Pelly n'était pas un «marchand de vitesse».

Rien d'acquis

En l'utilisant avec Radulov et Tomas Plekanec, en cédant Michael McCarron à St. John's, en le préférant à Sven Andrighetto, qui patinait encore hier parmi les attaquants en trop, le Tricolore multiplie les votes de confiance envers Lehkonen.

Malgré tout, le petit Finlandais ne tient rien pour acquis pour la saison à venir. Ça se sentait quand un collègue lui a demandé quel serait son statut si le CH décidait de le rétrograder en cours de saison. Serait-il encore obligé de se présenter au club de Frolunda, en Suède, avec qui il a un contrat valide pour 2016-2017? «J'aimerais ne pas avoir à y retourner», a-t-il répondu.

«C'est un petit soulagement, mais je réalise aussi que c'est seulement la première étape et qu'il reste beaucoup de travail à faire. Je devrai monter d'un cran pour montrer que je peux jouer dans la LNH et que je peux produire ici.»

Lehkonen voit toutefois dans les derniers développements une validation de sa décision de passer trois saisons en Europe après que le CH l'a repêché en 2013.

«J'ai toujours su que c'était mieux pour moi de rester en Europe pour quelques années au lieu de venir immédiatement en Amérique du Nord. En Europe, tu joues moins de matchs, donc tu peux vraiment te développer physiquement. Je savais que physiquement, je n'étais pas prêt à faire le saut.»

Lehkonen pèse aujourd'hui 174 lb, selon les données du site Internet du Canadien. Son physique encore un peu frêle ne l'a pas empêché d'être dominant en séries, l'an dernier en Suède, dans une ligue où il affrontait également des hommes.



Dans la LNH à 18 ans

L'autre secret de Polichinelle confirmé hier, c'est que Mikhail Sergachev amorcera la saison à Montréal.

Le Russe, premier choix du Canadien en juin dernier, sera donc seulement le premier défenseur à jouer pour le CH à 18 ans depuis Mathieu Schneider, dont l'expérience n'avait duré que quatre matchs. Pour le dernier à avoir disputé une saison complète à cet âge à Montréal, il faut remonter à Petr Svoboda en 1984-1985.

À l'heure actuelle, le CH n'a pas grand-chose à perdre en accordant un essai à Sergachev. La première année de son contrat commencera à s'écouler seulement quand il aura disputé son 10e match. Le Russe en est visiblement bien conscient.

«Comme je l'ai dit [dimanche], je n'ai pas officiellement ma place pour le moment. Je sais que je suis ici pour au moins neuf matchs, car il y a le règlement. Mais je n'ai toujours pas décroché de poste.»

«Je me répète, mais je ne suis toujours pas un joueur de la Ligue nationale. Je tenterai d'en devenir un.»

Heureux hasard, l'entraîneur responsable des défenseurs chez le Canadien, Jean-Jacques Daigneault, avait lui-même percé dans la LNH dès son année de repêchage.

«C'est un gros ajustement, a admis Daigneault. La LNH, c'est une ligue d'hommes, une ligue où les bons joueurs ont rarement de mauvais matchs. Moi, je n'étais pas grand et gros, mais c'est un attribut que Sergachev possède. Ce sera peut-être plus facile de ce côté. On l'a vu dans les matchs préparatoires, il ne s'en laisse pas imposer, il est assez fort physiquement.»

Michel Therrien a déjà confirmé que Jeff Petry raterait le premier match. C'est donc dire qu'à la ligne bleue, le CH déploiera jeudi trois défenseurs qui n'étaient pas de la formation du premier match de la saison dernière. En plus de Shea Weber, il y aura deux joueurs parmi Sergachev, Greg Pateryn et Zach Redmond.

Photo Bernard Brault, La Presse

Mikhail Sergachev sera le premier défenseur à jouer pour le Canadien à 18 ans depuis Mathieu Schneider.