Noah Juulsen respire la confiance, sur la glace comme dans le vestiaire. Il est en train de devenir l'une des plus belles histoires de ce camp, et tout ça, sans faire trop de bruit. On n'a jamais vu le jeune homme perdre son sang-froid. Jamais vu le moindre signe de l'impétuosité qui accompagne souvent nos 21 ans.

Charlie Lindgren l'a décrit à merveille l'an dernier en utilisant l'expression imagée «cool as a cucumber». La célèbre expression en anglais se traduit par «imperturbable» ou «d'un calme olympien». Lindgren parlait de l'homme, qu'il connaissait bien pour l'avoir aussi côtoyé avec le Rocket de Laval, et du joueur de hockey.

Il suffit d'une courte conversation avec Juulsen pour comprendre le tempérament, calme mais entier. Il était laissé de côté face aux Panthers de la Floride au début du camp et il était sur la galerie de presse.

«Les Panthers ont une bonne formation. Les gars en arrachent.

- Aimerais-tu être sur la glace avec eux?

- Oh oui, j'espère juste que je vais y être au prochain match.»

Contre les Maple Leafs de Toronto mercredi, on a vu cette maîtrise de soi à plusieurs reprises. Deux moments reviennent en tête.

Au début de la deuxième période, John Tavares s'est amené à un contre un contre Juulsen et a commencé à sortir ses feintes du dimanche. Le défenseur du Canadien l'a laissé faire et l'a tranquillement poussé hors de la trajectoire vers le filet. Résultat, un tir sans angle et sans danger.

Au milieu de la première période, son coéquipier Victor Mete s'est retrouvé pris d'assaut, et débordé, de son côté de la patinoire. Mais Juulsen était là, derrière Mete, pour simplement récupérer la rondelle et la sortir du territoire d'un lob. Résultat: une percée des Maple Leafs qui ne mène à rien.

Ajoutez à cela quelques bonnes mises en échec, notamment contre Auston Matthews et Nazem Kadri, quelques poussées offensives, quelques sorties des Leafs annulées et vous avez le portrait du joueur. Systématiquement depuis le début du camp, le Canadien est plus dangereux que l'adversaire lorsqu'il est sur la glace à 5 contre 5, statistiques avancées à l'appui.

Avec Mete

On le savait bon, mais d'être jumelé avec Victor Mete crée une nouvelle dynamique que Claude Julien n'aura pas le choix de considérer. Cette dynamique est résumée par ces deux commentaires des comparses.

Victor Mete: «Je sais que je peux aider l'attaque quand il est avec moi. Nous avons bien fait pour le quatrième homme [qui appuyait les attaquants]. On s'est bien compris pour ça. Nous savions quand un joueur allait pousser.»

Évidemment, ce «joueur qui pousse» est généralement Mete, plus porté sur l'offensive. Et que fait Juulsen quand il voit Mete partir comme une fusée? «Je reste en arrière pour lui. S'il veut y aller, qu'il y aille. Je vais toujours être là pour couvrir ses arrières.»

C'est exactement en raison de cette compréhension mutuelle que la sauce prend. C'est aussi parce que les deux jeunes hommes s'entendent à merveille dans la vie de tous les jours. Ils ont le même âge à peu près, ils se parlent beaucoup, ils se tiennent ensemble. Mete a même expliqué qu'ils étaient devenus amis après avoir été colocataires pendant un certain temps la saison dernière.

«C'est un des plaisirs d'apprendre à se connaître, de mieux se comprendre d'un entraînement à l'autre et de match en match», a dit Juulsen.

Claude Julien avait été élogieux envers le duo au début du camp. Seul bémol, il l'a été un peu moins mercredi, surtout en raison de son rendement décevant en désavantage numérique.

«J'ai aimé le match de Mete, a dit l'entraîneur. Juulsen a été bon, mais il a eu des difficultés par moments, comme tout le monde quand on dissèque le match. Mais dans l'ensemble, ils ont connu un bon match.»

Mete et Juulsen étaient sur la glace pour les deux buts des Leafs en avantage numérique. C'est vrai que les Leafs déployaient une formation de classe mondiale, c'est vrai aussi que Mete et Juulsen devront apprendre à mieux composer avec ce genre de situations s'ils veulent prendre du galon. Julien a laissé entendre que Mete était là pour de bon en désavantage numérique, et il est acquis que Juulsen y sera pour longtemps.

Voilà de quoi les tenir occupés pour le dernier match préparatoire, demain, contre les Sénateurs d'Ottawa. Et surtout contre les puissances offensives des Maple Leafs et des Penguins de Pittsburgh... s'ils sont encore ensemble au début de la vraie saison.

Participez à notre pool de hockey