Le match est facile à résumer : le Canadien de Montréal a perdu 4-1 contre une version supérieure de lui-même, le Lightning de Tampa Bay.

Les deux équipes ont des styles apparentés : la vitesse, l'échec avant, la relance rapide, la recherche constante du revirement. Les deux équipes sont reconnues pour leur petit gabarit, mais aussi pour leur gardien de but de grand talent. 

Mais pour finir, le temps d'une soirée, une équipe a été meilleure que l'autre, tout simplement. Dans un tel contexte, la moindre erreur se trouve amplifiée. Inutile de chercher midi à quatorze heures. 

Le Canadien n'a pas démérité, loin de là, malgré le pointage peu flatteur. Max Domi a ouvert la marque dans la première minute et il s'est fait une habitude de démarrer ses matchs d'emblée en quatrième vitesse. Après la deuxième période, on répertoriait même deux fois plus de chances de marquer de haute qualité pour le Canadien. Ce n'est pas rien. 

Mais il y a eu cette pénalité de Nicolas Deslauriers en première période pour mise en échec illégale près de la bande sur Ryan McDonagh. Les avis sont partagés sur la validité de l'appel, et votre opinion vaut la nôtre. Deslauriers était-il en retard ? McDonagh s'était-il mal préparé à l'impact ? Un peu des deux. Bref, c'était un bon vieux 50-50. 

« S'il n'attend pas que je le frappe, je ne sais pas ce qu'il attend, a dit Deslauriers, visiblement irrité. Il devrait savoir quelle sorte de joueur je suis et se protéger quand je m'en viens. »

« Si je ne finis pas la mise en échec, j'ai l'air aussi dans la lune que si j'ai une pénalité. »

- Nicolas Deslauriers

Jeff Petry a défendu son coéquipier : un défenseur ne doit pas se placer dans une telle situation, dos à l'attaquant. Même Claude Julien a refusé de critiquer la fougue de son joueur d'énergie. « Pour ce qui est de la punition, certains soirs, les arbitres vont siffler. D'autres soirs, ils vont laisser passer. Ça va des deux côtés et ça s'équivaut dans une saison. » 

Toutefois, quand il affirme que la dynamique n'a pas changé après la pénalité, là, on peut trouver à redire. Le Lightning a dominé 12-2 aux tirs au but après la pénalité, et a inscrit deux buts avant la fin de la période. C'est la définition même d'un changement de « momentum ». 

« Ça arrive, des changements de momentum, a expliqué Brendan Gallagher. C'est surtout notre réponse après qui a posé problème. Ça arrive que ça aille mal pour une présence, mais le trio suivant doit changer ça. » 

Sauf que dans une telle soirée, on le disait, tout paraît plus gros. Même une simple pénalité. 

Même chose pour cette sortie de zone de Charles Hudon en fin de première période. Il a tenté une passe audacieuse, Anton Stralman l'a interceptée au vol, J.T. Miller a exécuté un tir parfait pour faire 2-1. Ou sur le but de Yanni Gourde, le quatrième, quand Noah Juulsen s'est retrouvé comme un cerf sur l'autoroute après avoir perdu son bâton. 

VASILEVSKIY ET L'AVANTAGE NUMÉRIQUE 

Le Canadien a été battu par une version supérieure de lui-même, et ç'a été tout aussi vrai devant le filet. Carey Price a bien fait, mais Andrei Vasilevskiy a été exceptionnel. La saison dernière, chaque gardien avait des allures de (insérez ici le nom de votre gardien favori) contre le Canadien. Samedi, au moins, tout le mérite revenait au gardien pour vrai. 

Vasilevskiy a réalisé ses plus beaux arrêts aux dépens de Xavier Ouellet en première période et de Juulsen en deuxième, dans les deux cas après qu'ils eurent été alimentés à merveille devant le filet. 

« Il est l'un des meilleurs de la ligue et tu dois créer de la circulation pour marquer, a expliqué Max Domi. Nous ne l'avons pas assez fait. Ça ne veut pas dire s'il joue bien qu'on ne peut pas marquer. »

« On doit aller dans les endroits difficiles contre ce genre de gardien pour briser son rythme. Le reste va suivre. »

- Max Domi

Au risque de se répéter, dans ce genre de matchs... Et c'est aussi dans ce genre de matchs que la discrétion du Canadien en avantage numérique paraît trop. Aucun but lors des 15 dernières occasions, ça ne pardonne pas. La rondelle bouge, les unités spéciales parviennent à s'installer en zone adverse, mais rien n'y fait. 

Max Domi a résumé la situation : « On doit être meilleurs », tout en refusant d'entrer dans les détails. Jeff Petry n'a pas vraiment plus ouvert son jeu, avec un générique « il faut garder les choses simples et envoyer des rondelles au but ». On n'écrira pas un livre de stratégies à partir de cette affirmation. 

« On essaie [en avantage numérique], a dit l'entraîneur. Il y a eu des changements, ce soir. On va regarder ce qu'on peut faire. La rondelle a bien bougé, mais il faut marquer. Mais la première étoile, c'est le gardien qui l'a eue, et c'est bien mérité. » 

À partir de là, il n'y a rien à ajouter. En ce 3 novembre, le Lightning a simplement été meilleur que le Canadien.