Jeudi soir, Gilbert Dionne a fait ce que tout le monde a fait, ou presque : il a regardé le match du Canadien à la télé… et il s’est mis à penser à 1993.
« Écoute, c’est sûr que ça ramène des souvenirs incroyables, commence-t-il par expliquer au bout du fil. On voit des jeunes qui jouent avec émotion, on voit qu’ils sont confiants et qu’ils s’amusent. Alors tout le monde dit que ça ressemble à 1993… »
Gilbert Dionne est très bien placé pour parler de 1993. Ce printemps-là, à titre d’attaquant du Canadien, il a pris part à la 24e conquête de la Coupe Stanley de l’histoire du club, mais surtout, il y a campé un rôle de premier plan : il a réussi 12 points en 20 matchs des séries, dont 6 buts, la plupart importants.
Dionne faisait partie d’une équipe dirigée par l’entraîneur-chef Jacques Demers, qui avait choisi de miser sur un judicieux mélange de jeunes et de vétérans pour cette folle aventure qui allait se conclure avec le gros trophée remporté en plein Forum de Montréal.
« Je me rappelle que Jacques, à un moment donné, était allé voir les vétérans du club pour leur dire une chose : il allait faire jouer les jeunes. Et c’est ça qui est arrivé. Même si on faisait des erreurs, Jacques ne lâchait pas et il nous faisait confiance. Il y a eu un match où Jacques a envoyé mon trio sur la glace avec une minute de jeu à faire… Ce n’est pas tous les coachs qui auraient fait ça.
« D’où je suis, je vois un peu la même chose avec l’équipe de maintenant. »
Tous les gars du club ont leur chance, même les plus jeunes. Et il n’y a personne qui boude, parce que tout le monde sait qu’il va avoir une occasion de se mettre en valeur. Tout ce que tu as à faire, c’est de faire ton travail, et tu vas avoir ta chance. C’était comme ça aussi avec Jacques.
Gilbert Dionne
En voyant Artturi Lehkonen envoyer la rondelle au fond du filet lors de la prolongation, jeudi soir au Centre Bell, rondelle qui envoyait du même coup les Golden Knights de Vegas en vacances, Gilbert Dionne s’est aussi souvenu des héros que l’on n’attendait pas en 1993. Il y en avait eu quelques-uns…
« En 1993, pour nous, c’est comme si c’était un joueur différent qui marquait le gros but à chaque match… Je me souviens des gros buts de John LeClair, et j’en ai marqué aussi, tout comme Stéphan Lebeau, Kirk Muller, Guy Carbonneau… Tu vois, jeudi soir, c’est Shea Weber qui a marqué le premier but. »
Il suffit d’ailleurs de rappeler que tous les attaquants du Canadien ont au moins réussi un but depuis le début des présentes séries, sauf Phillip Danault, qui démontre toutefois son utilité de plusieurs autres façons.
Devant le filet
Mais le plus important point de comparaison se trouve probablement devant le filet. En 1993, Patrick Roy était un gardien en état de grâce, et en 2021, Carey Price est lui aussi un gardien en état de grâce.
Sans surprise, Roy avait gagné le trophée Conn-Smythe, remis au joueur le plus utile des séries, et s’il fallait passer au vote en ce moment, Price finirait sûrement en tête de ce scrutin.
« Un gardien qui joue comme ça, ça donne beaucoup de confiance au reste de l’équipe, ajoute Gilbert Dionne. Quand ton gardien est dominant, tu commences à penser qu’une avance d’un seul but va être suffisante pour gagner. En retour, ça met de la pression sur le gardien adverse, qui comprend bien qu’il devra être aussi bon, sinon meilleur. »
Un gardien comme Patrick en 1993 ou Carey maintenant, ça te donne l’impression que le match est déjà gagné avant même qu’il soit commencé !
Gilbert Dionne
Et maintenant, Gilbert Dionne, qui habite en Ontario, va continuer à faire ce que tout le monde, ou presque, va faire : regarder les matchs du Canadien en grande finale à compter de lundi soir.
Tout en se rappelant que la dernière fois que ce club s’était rendu aussi loin, il faisait partie des artisans de ce triomphe.