Même si plusieurs le voient sortir au premier tour, Zachary L’Heureux, lui, ne s’en fait pas le moins du monde avec son rang de sélection ni même avec l’équipe qui le choisira, le 23 juillet. L’excitation d’enfin vivre ce moment prend toute la place.

« Moi, j’espère juste que ce que j’ai montré sur la glace cette année a été assez pour intéresser les équipes », lance L’Heureux en entrevue avec La Presse.

Parions que oui. À moins d’un revirement de situation pratiquement improbable, l’ailier gauche devrait trouver preneur. Mais pour lui, le repêchage est loin d’être l’aboutissement. Il ne s’agira que d’un – très satisfaisant – pas de plus dans la bonne direction. Cette mentalité de travaillant, elle transparaît dans toutes les réponses du jeune homme de 18 ans.

« En grandissant, c’est un rêve de se faire repêcher dans la Ligue nationale. Mais plus tu grandis et plus tu joues, ce n’est plus seulement un rêve, ça devient un but ultime [d’y jouer]. Je veux faire carrière dans la Ligue nationale, je ne veux pas juste être repêché et ne pas jouer une game»

Je ne vais jamais arrêter de travailler, le but ultime n’a pas été accompli encore.

Zachary L’Heureux

Ce n’est pas la première fois que L’Heureux se retrouve dans des discussions de premier tour. Le natif de Mercier a été le troisième choix au total de l’encan 2019 de la LHJMQ. À 17 ans, il est parti à Moncton, où il a porté les couleurs des Wildcats pendant une saison.

Une saison pas banale, alors qu’il a eu la chance d’évoluer aux côtés de plusieurs des meilleurs joueurs du circuit à ce moment-là comme Jakob Pelletier, Benoît-Olivier Groulx et Gabriel Fortier, entre autres, dans une formation qui aspirait aux grands honneurs avant que n’arrive la pandémie.

« C’étaient des leaders, dit-il. Je pouvais apprendre de leur professionnalisme et de ce qu’ils faisaient tous les jours. J’ai amené ça à ma game. Ça m’a aidé à devenir plus mature et à être un leader un peu plus vite. »

Cette année-là, il a été finaliste au titre de recrue de l’année du circuit Courteau après avoir inscrit 20 buts et 33 aides en 55 matchs. Puis, pendant la saison morte, il a été au cœur d’une importante transaction l’envoyant aux Mooseheads de Halifax, une jeune équipe qui avait terminé la saison précédente au 17e rang du classement général. Conséquemment, son rôle a changé.

« Je jouais beaucoup plus de minutes, de situations, dit-il. Ç’a peut-être pris un peu de temps pour moi à m’ajuster de ce côté-là. Mais après ça, une fois que j’étais bien installé, tous les gars on se connaissait bien et ça s’est bien passé. »

D’un point de vue individuel, la première moitié de saison ne s’est pas déroulée comme il l’aurait souhaité. Il ne jouait pas à la hauteur de ses propres attentes, dit-il.

« Mais la deuxième moitié, c’était beaucoup mieux, croit-il. Je jouais à ma façon. C’est sûr que les points sont venus avec. Mais c’était plus que les points : j’étais plus impliqué dans le match et tout. »

L’attaquant de 5 pi 11 po et 196 lb présentait une fiche de 19 buts et 20 aides en 33 matchs à l’issue de sa deuxième saison dans la LHJMQ.

Compétitivité, combativité et émotion

L’Heureux a tenté de ne pas trop se mettre de pression cette saison, même s’il s’agissait de son année de repêchage et que « peu importe où tu vas, tout le monde t’en parle ». C’était donc « un peu dur à bloquer complètement », admet-il.

« J’y allais au jour le jour. En plus, on ne savait rien de ce qui se passerait avec la COVID-19, donc il fallait vraiment y aller au jour le jour ! »

Attaquant de puissance, l’ancien des Grenadiers de Châteauguay affirme faire preuve de compétitivité, de combativité et d’émotion dans son jeu. Il accorde beaucoup d’importance à ses batailles le long de la bande et autour du filet, là où il inscrit la majorité de ses buts.

« Je ne suis pas juste un gars qui va dumper la rondelle dans le fond et être agressif. J’ai aussi le côté talent qui peut faire peur au défenseur, qui peut me permettre de faire une petite feinte à la ligne bleue pour me créer de l’espace. Je pense que c’est la combinaison des deux qui fait de moi une menace pour l’adversaire. »

Pour atteindre le prochain niveau, le jeune homme évoque devoir améliorer son accélération, ces « trois premiers pas » qui permettent de créer du temps et de l’espace par rapport au joueur adverse.

Parlant de prochain niveau, l’ailier gauche s’entraîne tout l’été afin d’être à son « plein potentiel » pour son premier camp professionnel. Camp qui pourrait avoir lieu à Montréal, s’il est toujours disponible au 30rang et si le Canadien décide de le sélectionner. Ça fait beaucoup de « si », mais sait-on jamais.

« C’est sûr que j’aimerais ça, laisse-t-il entendre. J’ai grandi en étant un fan fini du Canadien, donc ce serait le fun. Mais n’importe qui qui me repêche, je vais être content ! […] Ce serait excitant et le fun de dire que je pourrais jouer un peu plus proche de la maison, mais je ne serais pas plus content de sortir à Montréal que n’importe où ailleurs. »

« Ça va être un moment excitant pour moi et ma famille, dit-il. Je suis excité que ça arrive. »

Et tant qu’à y être, pour ceux qui se demanderaient si son numéro 66 avec les Mooseheads fait référence à un certain Mario Lemieux, la réponse est non : « Ma mère jouait au basketball en grandissant. Elle avait tout le temps le numéro 6. Depuis que je suis petit, j’ai toujours eu le 66 ou un numéro avec un 6. »