Les Flames de Calgary, adversaires du Canadien jeudi soir, constituaient un adversaire vulnérable l’an dernier.

Calgary a terminé au cinquième rang dans la division canadienne, quatre points derrière le CH, quatre devant les Sénateurs d’Ottawa, et a évidemment raté les séries.

L’arrivée du rugueux entraîneur Darryl Sutter au cours de l’hiver n’avait pas donné l’effet escompté et on évoquait la possibilité de faire exploser le noyau des Flames au cours de la saison morte.

Qu’a fait le directeur général Brad Treliving ? Rien, ou presque. Il a acquis l’ailier de troisième trio Blake Coleman et le robuste défenseur Nikita Zadorov sur le marché des joueurs autonomes. Zadorov servait à boucher un trou en défense après le départ du capitaine Mark Giordano, perdu au repêchage de l’élargissement des cadres.

Il a donné un choix de troisième ronde aux Bruins pour obtenir un deuxième gardien, un certain Daniel Vladar, cinq matchs en carrière dans la LNH, et beaucoup plus dans l’ECHL.

Avec essentiellement les mêmes joueurs, les Flames trônent aujourd’hui en tête de la division Pacifique, et au huitième rang du classement général, avec une fiche de 32-14-6.

Malgré la réputation d’entraîneur défensif accolée à Sutter, Calgary vient au huitième rang de la LNH pour les buts marqués par match. Les Flames sont aussi deuxièmes pour les buts accordés. Ils ont remporté 14 de leurs 16 derniers matchs. Ils viennent même de se donner le luxe de céder leur choix de première ronde et un espoir pour acquérir Tyler Toffoli !

On fait souvent l’erreur de se limiter aux noms sur le tableau et d'oublier les facteurs externes pour analyser le potentiel d’une équipe.

Le facteur externe ici s’appelle Darryl Sutter. Il a eu l’été pour préparer sa stratégie et le camp d’entraînement pour redonner à ses joueurs, plusieurs épuisés psychologiquement, un second souffle.

Il a instauré une structure défensive plus efficace. Il a remis ses joueurs en forme et leur permet désormais de jouer à plus haute intensité et d'exécuter plus rapidement.

Résultat ? Une majorité des joueurs des Flames connaissent la saison de leur carrière. Johnny Gaudreau, que de nombreux fans voulaient chasser de Calgary, a déjà 67 points en 52 matchs, une production de 106 points sur une saison complète. Matthew Tkachuk, 16 buts en 56 matchs l’an dernier, en a désormais 27 en seulement 52 rencontres, et l’autre membre du trio, Elias Lindholm, en a 24.

PHOTO SERGEI BELSKI, USA TODAY SPORTS

Johnny Gaudreau

Andrew Mangiapane, 25 ans, cinq ans dans la Ligue américaine ou sur un trio secondaire, vient enfin de s’établir comme un ailier de premier plan. Lui aussi produit à un rythme supérieur à 40 buts par année.

La plus belle surprise provient sans doute d’un choix de deuxième ronde en 2015 qui tardait à s’incrustrer dans la LNH, Oliver Kylington, lui aussi mêlé à de nombreuses rumeurs d’échange ces dernières années. Kylington s’est trouvé une belle niche au sein de la deuxième paire avec Chris Tanev. Il joue même au sein de la deuxième unité en supériorité numérique et a amassé 24 points en 52 matchs. C’est autant de points que Josh Anderson, deuxième compteur du CH. La comparaison est évidemment boiteuse, puisque Calgary a une offensive beaucoup plus relevée, mais il s’agissait ici de vous fournir une façon imagée de mesurer l’apport de ce défenseur de 24 ans.

Au cœur des succès des Flames se trouve évidemment le gardien Jacob Markstrom, un sérieux candidat au trophée Vézina avec sa fiche de 25-11-5, sa moyenne de 2,10 et son taux d’arrêts de ,927. Il rebondit après une première année difficile à Calgary.

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Jacob Markstrom

Gaudreau, 28 ans, aura droit à l’autonomie complète à la fin de la saison. Mais la signature d’une prolongation de contrat constitue une formalité, a confirmé l’adjoint au DG Craig Conroy récemment.

La saison victorieuse des Flames prouve à nouveau une théorie occultée : le joueur le plus utile à une équipe ne porte pas toujours l’uniforme, mais la cravate, et recycler un entraîneur de carrière n’est pas toujours une vilaine idée.

Il faudra maintenant gagner en séries. Les Flames ont gagné une seule ronde depuis… 2004. Bob Hartley avait mené Calgary à cet « exploit » en 2015 avec une équipe en pleine construction.

Gaudreau, entre autres, avec ses 19 points en 30 matchs en carrière en éliminatoires, voudra prouver qu’il peut aussi produire au printemps. Matthew Tkachuk, malgré son gabarit, est pire encore avec seulement cinq points en 15 rencontres.

Une défaite en première ronde effacerait un bel hiver en Alberta.

Un petit service des Flames…

Sans doute par reconnaissance pour l’obtention de Tyler Toffoli, sept points, dont cinq buts, en sept rencontres depuis son arrivée à Calgary, les Flames ont rendu un joli service à Kent Hughes mercredi en accueillant le gardien Michael McNiven en retour de… rien. Le Canadien était un peu coincé par le nombre de ses contrats avec 48, deux de moins que la limite permise. McNiven jouissait d’un contrat de la LNH à deux volets et ne figurait même plus dans les plans du Rocket de Laval avec le retour en force du vétéran Kevin Poulin, qui lui est sous contrat avec le Rocket et non le CH. Ce type de transaction parait anodin, mais pas pour Gorton, Hughes et Sedgwick, qui libèrent ainsi une place supplémentaire pour accueillir un joueur.

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