(Edmonton) Depuis que Martin St-Louis est devenu l’entraîneur-chef du Canadien, le 9 février dernier, à peu près tout ce qui allait mal va mieux.

Les attaquants se sont réveillés, les défenseurs se sont ressaisis, les gardiens arrêtent des rondelles. Tout le monde s’aime inconditionnellement et vit sa meilleure vie.

Une phase du jeu est toutefois imperméable au ruissellement du bonheur ambiant : l’avantage numérique.

Il s’agit, et de loin, de la pire lacune du Tricolore depuis 10 matchs – les 10 premiers de St-Louis derrière un banc de la LNH. Au moment du congédiement de Dominique Ducharme, l’équipe croupissait au 31e rang de la ligue à ce chapitre avec un taux de succès de 13,6 %. Dans ce qu'il est maintenant convenu d’appeler l’« ère St-Louis », les Montréalais ont perdu cinq points de pourcentage (8,6 %) en ne convertissant que 3 de leurs 35 dernières occasions.

Non seulement on ne marque que très peu, mais on ne menace pas beaucoup non plus. Presque tous les indicateurs pour mesurer le niveau d’attaque placent le CH dans le dernier quart de la ligue.

Il est évident qu’échanger Tyler Toffoli alors que des vétérans comme Christian Dvorak et Jonathan Drouin sont encore sur la liste des blessés ne laisse pas beaucoup de munitions au personnel d’entraîneurs, notamment Alex Burrows, responsable de l’avantage numérique.

Au cours d’un point de presse à Edmonton, vendredi, à la veille d’un affrontement de son équipe contre les Oilers, Martin St-Louis a avoué que l’avantage numérique n’avait pas été son « plus gros souci » à son arrivée à Montréal. Il a plutôt concentré son attention et son énergie sur le jeu à cinq contre cinq, avec un succès évident, il est vrai.

J’aimerais que ça aille beaucoup mieux, mais quand tu es capable de gagner des matchs et que ton avantage numérique n’a pas été là, c’est tout le temps bon signe.

Martin St-Louis, entraîneur-chef du Canadien

Le Canadien n’a inscrit que 3 buts en 10 matchs avec au moins un homme en plus, mais deux de ces réussites ont été signées au cours des deux derniers matchs, à Winnipeg et à Calgary. C’est ce qui fait dire à l’entraîneur que ses joueurs sont de plus en plus « confortables » et qu’ils développent une « identité » sur l’attaque à cinq.

« Je pense qu’on peut continuer à développer cette identité et améliorer ce qu’on veut faire », a-t-il précisé.

On ne saurait trop encore qualifier cette « identité », mais nous soulevons tout de même trois expériences qui ont été tentées récemment.

Petry ou Chiarot ? Ou les deux ?

Comme c’est devenu la norme depuis quelques années déjà dans la LNH, le Canadien préconise un avantage numérique à quatre attaquants, en tout cas sur la première vague. Pas besoin de chercher bien loin qui est le principal défenseur désigné : Chris Wideman est celui qui, 8 fois en 10 matchs, a obtenu le plus de temps de glace. Après lui, on cherche encore le bon candidat. Le choix évident, vu son profil offensif, serait Jeff Petry. Il n’a toutefois disputé que 40 secondes en avantage numérique jeudi à Calgary, presque deux minutes de moins que Ben Chiarot. Les deux vétérans tendent à alterner, quoiqu’ils aient été tous les deux utilisés au détriment de Wideman à Ottawa et à Winnipeg, au cours de la dernière semaine. À ce sujet, St-Louis a indiqué qu’il cherchait la gestion optimale du temps de glace de Chiarot et de Petry, qui, a-t-il rappelé, « jouent beaucoup de minutes ». Mentionnons par ailleurs que Kale Clague a disputé un peu plus de deux minutes avec un homme en plus, jeudi, mais le Canadien n’a obtenu aucun tir qui a atteint le filet en sa présence. À retravailler.

Cinq attaquants

À Calgary, jeudi, on a assisté à une nouvelle stratégie, celle de déployer cinq attaquants à cinq contre trois : Cole Caufield et Mike Hoffman dans le haut de la zone ainsi que Nick Suzuki, Brendan Gallagher et Rem Pitlick près du filet. Le quintette a fait chou blanc à sa première occasion, mais a pu se reprendre sur le but de Nick Suzuki en deuxième période. Après la joute, ce dernier a souligné qu’on préparait cette formation spéciale depuis un bon moment déjà, mais qu’aucun double avantage numérique ne s’était présenté – ce qui est exact. Jeudi soir, St-Louis a affirmé qu’il n’avait « pas peur de mettre des joueurs offensifs à cinq contre trois ». « Que ce soit un défenseur ou un attaquant, on prend la décision avec les infos et le feeling qu’on a. Ça nous donne les meilleures chances de marquer. »

Evans et Lehkonen, oui ; Dauphin, non

On l’a déjà évoqué, mais dans l’état actuel de la formation, les options ne sont pas infinies pour composer des combinaisons de cinq joueurs. Ainsi, Ryan Poehling ne saute plus jamais son tour, tout comme Rem Pitlick, qui semble dans les bonnes grâces de St-Louis. Mathieu Perreault a conservé le statut de spécialiste qu’il avait à Winnipeg. Artturi Lehkonen, lui, a pris du galon. Longtemps banni de cette phase de jeu, l’y voilà régulièrement. Même Jake Evans, sans doute l’attaquant le plus étiqueté « défensif » du Tricolore, a eu sa chance à Calgary avant de se blesser. Le seul qui attend toujours est Laurent Dauphin, qui pilote pourtant un trio offensif avec Gallagher et Hoffman à cinq contre cinq. Comme on le fait pour Joel Armia, on préfère préserver ses forces pour écouler des punitions.

En bref

Evans « au jour le jour »

Après avoir semblé ébranlé par un coup d’épaule et avoir reçu un coup bâton à la tête, Jake Evans a quitté prématurément le match de jeudi. L’équipe a indiqué qu’il soignait une blessure au « haut du corps » et que son état était réévalué quotidiennement. On nous assure qu’il n’a pas dû se soumettre au protocole de détection des commotions cérébrales. Il semble acquis qu’il ne jouera pas ce samedi à Edmonton. Mathieu Perreault, laissé de côté à Calgary, sera quant à lui ajouté à la formation. À moins d’une surprise, Cédric Paquette sera laissé de côté pour un 13e match de suite. Le défenseur Joel Edmundson, lui, continue de s’approcher d’un retour au jeu, mais ce ne sera pas pour samedi.

Hammond blessé, Primeau rappelé

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Cayden Primeau

Un autre soldat est tombé au combat, jeudi. Andrew Hammond s’est blessé au « bas du corps », et son nom a été ajouté à la liste des blessés, si bien qu’il devrait être à l’écart du jeu pendant au moins une semaine. Samuel Montembeault obtiendra logiquement le départ contre les Oilers, et Cayden Primeau a été rappelé du Rocket de Laval. Le jeune homme a peiné dans la LNH cette saison, mais il a remporté trois de ses six départs depuis qu’il a été rétrogradé dans la Ligue américaine à la mi-février. Par ailleurs, le rappel de Primeau a créé un vide à Laval, puisque le Canadien a échangé Michael McNiven plus tôt cette semaine. Le Rocket a donc offert un contrat d’essai professionnel à Tristan Bérubé, qui sera l’auxiliaire de Kevin Poulin jusqu’à nouvel ordre.