Presque neuf ans plus tard, le repêchage de 2013 nous réserve de drôles de surprises. On pourrait presque le rebaptiser « la cuvée de la persévérance ».

Deux joueurs échangés l’un pour l’autre en 2020, et destinés, à 24 ans, à terminer leur carrière dans la Ligue américaine, ont fait les manchettes.

Le premier choix du Canadien cette année-là, Michael McCarron, du haut de ses 6 pieds 6 pouces, a connu une soirée de quatre points pour les Predators de Nashville le soir où Laurent Dauphin mettait Connor McDavid en échec, en plus de s’être fait refuser un joli but.

McCarron, désormais âgé de 27 ans, demeure un joueur marginal chez les Predators. Il comptait cinq points en 31 rencontres avant son fameux match et il a même disputé plusieurs matchs dans la Ligue américaine cette saison. Mais déjà qu’il se soit trouvé une niche au sein d’un club aussi puissant après un début de carrière si laborieux relève de l’exploit. Ce 25e choix au total se trouve toujours dans la LNH alors que six joueurs repêchés devant lui n’y sont plus.

Laurent Dauphin a été repêché à peine 14 rangs après McCarron par les Coyotes de l’Arizona, au début de la deuxième ronde. Il a été échangé à l’organisation des Blackhawks, a été renvoyé aux Coyotes un an plus tard, puis aux Predators de Nashville, avant de passer au Canadien.

Notre homme a égalé samedi son plus grand nombre de matchs en une saison, 24, établi à sa deuxième année professionnelle, en 2017. Entre 2017 et 2021, il a disputé trois petits matchs dans la LNH, contre 208 matchs dans la Ligue américaine, pour quatre équipes différentes, Tucson, Rockford, Milwaukee et Laval.

Un peu par défaut, grâce aux blessures, et à la COVID, il s’est faufilé dans la formation du Canadien. Il a subi un autre contrecoup lors du congédiement de Dominique Ducharme. Il a été laissé de côté lors des premiers matchs de Martin St-Louis à la tête de l’équipe.

Mais il a obtenu sa chance récemment et gagné la faveur de son nouvel entraîneur. Sans fanfare ni trompettes, il s’est immiscé au sein du deuxième trio entre Mike Hoffman et Brendan Gallagher afin de ralentir ces joueurs offensifs. Au contraire, il les a relancés !

Dauphin, 26 ans, n’est pas Phillip Danault, évidemment, mais sa façon de jouer rappelle Danault à certains égards. Il possède moins de physique, mais une intelligence supérieure à la moyenne, un grand sens de l’anticipation et un engagement total lors de ses batailles pour la rondelle. Il est toujours au bon endroit et fait les bons jeux au moment opportun.

S’il joue entre 15 et 17 minutes par rencontre et que le premier choix de l’équipe en 2017, Ryan Poehling, doit se contenter de huit à douze, c’est qu’il lui est supérieur.

Cette cuvée 2013 est sans doute la plus faible en vingt ans. Le sommet de la pyramide a permis aux clubs de repêcher d’excellents joueurs, MacKinnon, Barkov, Drouin, Seth Jones, Elias Lindholm, Darnell Nurse, Bo Horvat, Josh Morrissey, mais à compter du 25e rang, celui où McCarron a été choisi, seulement cinq joueurs peuvent se vanter d’avoir disputé 400 matchs : Andrew Copp, Brett Pesce, Antony Duclair, Ryan Hartman et Mattias Janmark.

Il y a eu des perles, Jake Guentzel, Oliver Bjorkstrand et Pavel Buchnevich en troisième ronde, Tyler Bertuzzi en fin de deuxième ronde ou Shea Theodore en fin de première ronde, mais on parle de quatre ou cinq sur une soixantaine de joueurs.

Parlant de persévérance, le premier gardien choisi, Zachary Fucale, par le Canadien en début de deuxième ronde, a finalement disputé ses premiers matchs dans la LNH cette année, après six ans dans les mineures, dont trois dans la ECHL. Il est de retour dans la Ligue américaine au sein de l’organisation des Capitals, mais il n’a sans doute pas dit son dernier mot.

Les recruteurs prévoyaient un manque de profondeur cette année-là et ça explique sans doute pourquoi le Canadien a pu amasser deux choix de deuxième ronde supplémentaires.

On a reproché au CH ses choix ratés, mais compte tenu de la faiblesse de cette cuvée, il peut se féliciter d’avoir pu mettre la main sur Artturi Lehkonen en fin de deuxième ronde. Lehkonen a plus de points en carrière que 17 attaquants repêchés avant lui, et disputé plus de matchs que 38 joueurs choisis avant lui… et il a été repêché au 55e rang !

L’autre choix de deuxième ronde du CH avec Lehkonen et Fucale, Jacob De La Rose, n’est jamais devenu le troisième centre espéré, mais il est l’un des cinq joueurs de deuxième ronde à avoir disputé au moins 240 matchs avec Adam Erne, J. T. Compher, Robert Hagg, Lehkonen, William Carrier, Tyler Bertuzzi et Zach Sandford.

Il est toujours plus dramatique de se tromper avec un choix dans le top quinze qu’un choix de fin de première ronde ou de deuxième ronde. Espérons pour le Canadien qu’il ne se trompe pas avec son premier choix et qu’il y ait une profondeur intéressante après les premiers de classe puisque l’équipe possède déjà un deuxième choix en première ronde, trois choix de troisième et devrait en ajouter en première, deuxième ou troisième ronde…

La renaissance de Suzuki et Caufield

Voici les statistiques de Nick Suzuki et Cole Caufield depuis l’arrivée de Martin St-Louis. Saisissant.

Cole Caufield

Avant : 30 matchs, 1 but, 7 passes, 8 points (-15) 14 : 42

Après : 11 matchs, 7 buts, 7 passes, 14 points (+2) 18 : 04

Nick Suzuki

Avant : 45 matchs, 9 buts, 18 passes, 27 points (-20) 19 : 56

Après : 11 matchs, 4 buts, 9 passes, 13 points (+3) 21 : 38

Il faut détruire un mythe une fois pour toutes : le développement des jeunes ne se passe pas seulement dans la Ligue américaine. Une bonne communication, du renforcement positif, de la compréhension, de la pédagogie, valent autant sinon plus que les points techniques.

À compter du moment où l’on repêche un jeune, il y a énormément de travail à faire pour déterminer son avenir : joueur de premier plan ou flop.

À ne pas manquer !

1- Simon-Olivier Lorange a assisté au plus récent match de l’espoir du CH, Kaiden Guhle, dans les rangs juniors à Edmonton, devant aussi la direction du Canadien. Simon-Olivier a été impressionné par le sang-froid du jeune homme.

2- Guillaume Lefrançois nous trace le portrait du nouveau responsable du développement des joueurs chez le Canadien.

3- Le gérant à l’équipement chez le Canadien, Pierre Gervais, en est à sa 35e et dernière année. Katherine Harvey-Pinard s’est entretenue avec lui.