(Newark, New Jersey) Tout est parti d’une question bien innocente de Jonathan Bernier, du Journal de Montréal. A.J. Greer rencontrait les médias après l’entraînement matinal des Devils, en vue du match contre le Canadien.

L’attaquant, rappelé mercredi d’Utica, était déjà particulièrement généreux dans ses réponses. C’est là que le collègue a simplement demandé à Greer si sa famille était toujours dans la région de Joliette.

Greer énumère ses proches, à Oka, Repentigny, Joliette. Puis, il part.

« Ma mère travaille à Ciment St-Laurent, à Joliette [NDLR : maintenant, CRH Cement). Ils sont en lock-out en ce moment. C’est une situation très difficile pour moi et ma famille », commence-t-il, la voix nouée par l’émotion.

« Ma mère travaille tellement fort. Elle est là depuis qu’elle a 18 ans. Elle pourrait tout lâcher, parce qu’elle est proche de la retraite. Mais elle travaille et elle se force à aller dans les meetings, elle travaille pour le syndicat et elle pousse pour les autres employés.

« Beaucoup de personnes auraient lâché. Ça démontre du caractère, du respect. C’est une situation très difficile et j’espère que ça va se résoudre bientôt. Ça fait deux ans qu’ils font du piquetage en avant et la compagnie ne veut rien savoir. C’est difficile financièrement pour tout le monde. Il y a des gens qui ont des enfants, qui reçoivent une centaine de piastres par semaine. J’espère que ça va se résoudre rapidement. Moi, je joue au hockey professionnel, j’ai une très bonne vie et ça m’écœure que des gens vivent des situations comme ça. »

Greer a terminé son envolée par un « Je t’aime, maman » bien senti.

Maman fière

On contacte donc la maman en question, Josée Paquette. Elle manque notre premier appel pour une très bonne raison : en tant que présidente du local 177 d’Unifor, qui représente les employés de bureau de la cimenterie, elle était à l’Assemblée nationale en ce jeudi. Le lock-out, qui touche 154 employés syndiqués, a été déclenché en mai 2021.

Mme Paquette accompagnait donc Véronique Hivon, députée de Joliette, qui déposait une motion en chambre afin de dénoncer le recours à ce qu’elle qualifie de « briseurs de grève ».

Voyez le point de presse de Véronique Hivon.

Mme Paquette a mis de côté les activités syndicales pour quelques minutes, le temps de parler de celui qu’elle appelle Anthony.

« Il a quitté la maison à 15 ans pour aller au prep school. On lui a toujours dit que c’était l’éducation en premier, parce qu’il ne jouera pas au hockey toute sa vie, explique-t-elle. Et encore aujourd’hui, il continue ses cours en ligne à Boston University. Et on a toujours voulu lui donner toutes les occasions. Son grand frère, Christopher James, est patineur pour Disney on Ice. On leur a toujours enseigné que si tu commences quelque chose, tu n’arrêtes pas tant que tu n’as pas terminé. »

Un parallèle avec Dauphin

Greer a clairement retenu la leçon, car à 25 ans, au moment où plusieurs joueurs pourraient évaluer leurs options, lui s’accroche toujours au rêve de jouer dans la LNH.

« Ça a toujours été son rêve. Il l’avait écrit dans un travail d’école à 11 ou 12 ans, se souvient Mme Paquette. On a donc tout fait pour l’accompagner, pour lui ouvrir les portes. On s’assurait qu’il fasse ses entraînements, on l’accompagnait à Boston pour des tournois d’été. »

Ce rêve semblait à portée de main quand l’Avalanche du Colorado l’a repêché au 39e rang en 2015. Sauf que son parcours a été complexe depuis : admis à Boston University, il a quitté l’établissement au milieu de sa deuxième saison pour se joindre aux Huskies de Rouyn-Noranda. Depuis son arrivée chez les pros, il a joué 43 matchs dans la LNH, et 275 dans la Ligue américaine.

Greer a dit s’inspirer notamment de Laurent Dauphin, son bon ami, avec qui il pourrait renouer jeudi soir sur la patinoire du Prudential Center. Au-delà de leur rang de repêchage (Dauphin a lui aussi été réclamé au 39e rang, mais en 2013), les deux joueurs ont en commun d’avoir bûché longtemps dans la Ligue américaine.

Dauphin a été récompensé pour sa persévérance cette saison en jouant 34 matchs avec le CH, son plus haut total en une saison dans la LNH.

« Laurent est un excellent joueur, un de mes bons chums. On a joué midget AAA ensemble, on était dans la même association dans le pee-wee et le bantam. J’ai beaucoup de respect pour lui, il travaille tellement fort, il a eu des hauts et des bas et il n’a jamais lâché. Ça m’inspire, c’est sûr. Et il joue pour Montréal, c’est un rêve pour lui.

« C’est inspirant pour moi et ça donne espoir à tout le monde. Un gars comme ça, qui n’a jamais arrêté de travailler, qui a fait quelques organisations, qui arrive à Montréal et qui a une saison comme celle-là… Je suis content pour lui. »

Formation des Devils à l’entraînement

Sharangovich-Hischier-Bratt
Tatar-Zacha-Mercer
Kuokkanen-Boqvist-Zetterlund
Greer-McLeod-Johnsson

Siegenthaler-Severson
Graves-Hamilton
Smith-Subban

Hammond