Les fans des Flyers de Philadelphie à la recherche de clarté ont été amèrement déçus lors du bilan du directeur général Chuck Fletcher.

Reconstruction ou participation aux séries éliminatoires dès la prochaine saison ? « Un peu des deux… », a répondu Fletcher aux journalistes.

Cette déclaration en a laissé plusieurs perplexes à Philadelphie. Fletcher devait à son arrivée parachever la phase de rajeunissement entreprise par son prédécesseur Ron Hextall.

Fletcher n’a pas lésiné sur les moyens pour y parvenir avec l’octroi de monstrueux contrats et le sacrifice de choix et d’espoirs pour des solutions rapides.

Mais les Flyers sont écartés des séries éliminatoires pour la troisième fois en quatre ans depuis l’arrivée de Fletcher. Ils viennent de terminer au 29e rang du classement général. Seuls le Kraken, les Coyotes et le Canadien ont fait pire. Le prochain entraîneur des Flyers sera le quatrième en quatre ans depuis l’arrivée de Fletcher.

L’ancien directeur général du Wild du Minnesota a toujours voulu donner l’impression d’être en deux eaux. Et les Flyers tournent en rond depuis son arrivée.

Quand les collègues de Philadelphie lui ont demandé cette semaine de préciser sa pensée, de façon à mieux saisir son plan d’action, Fletcher a fait référence à 2019.

« Les circonstances sont un peu différentes, mais notre été pourrait ressembler à celui d’il y a trois ans, a-t-il expliqué. Nous avons reculé de quelques rangs en première ronde pour obtenir un choix de deuxième ronde, échangé des choix pour des joueurs et avons acquis des choix à la date limite des transactions. Il faut tenter d’améliorer l’équipe constamment. On peut appeler ça une réinitialisation j’imagine. »

Quels choix a-t-il reçus dans les semaines précédant la date limite des échanges en 2019 ? Des choix de quatrième et sixième ronde. Il a aussi cédé un choix de cinquième ronde pour les droits exclusifs de négociation avec Kevin Hayes, embauché au coût de 50 M$ pour sept ans. L’apport de ce géant de 6 pieds 5 pouces ne se mesure pas seulement en termes statistiques, mais à 7,1 M$ par année, on aurait espéré le voir franchir au moins une fois la barre des 41 points en trois saisons.

Non seulement l’acquisition de choix au repêchage a-t-elle été très faible en 2019, il a cédé des choix de deuxième et troisième ronde pour le défenseur Justin Braun. Celui-ci vient d’être échangé aux Rangers pour un choix de troisième ronde.

Les Flyers détenaient le 11e choix au total en 2019. Les Coyotes de l’Arizona leur ont offert un choix de deuxième ronde, 45e au total, pour descendre de trois places et repêcher au 14e rang.

Les Coyotes ont opté pour le défenseur Victor Soderstrom, le Wild pour l’attaquant de puissance Matt Boldy au 12e rang et les Panthers de la Floride pour le gardien Spencer Knight au 13e rang.

Les recruteurs des Flyers se sont rabattus sur le défenseur offensif Cam York au 14e rang, devant Cole Caufield, Alex Newhook et Peyton Krebs.

Fletcher a ensuite offert le choix de deuxième ronde, 45e au total, et son choix de troisième ronde, 65e au total, pour s’avancer au 34e rang et sélectionner l’ailier Bobby Brink.

York, 21 ans, a passé une portion de l’hiver dans la Ligue américaine, avant de terminer l’année avec les Flyers, où il a obtenu 10 points en 30 matchs, et une fiche de -14, en jouant 19 minutes en moyenne.

Brink, 20 ans, un ailier droitier au physique semblable à celui de Cole Caufield, a rejoint l’équipe en fin de saison après une prolifique saison de 57 points en 41 matchs à l’Université Denver. Il a amassé quatre aides en dix matchs à Philadelphie.

Voilà donc pour la notion de « réinitialisation » de Fletcher : reculer de trois rangs en première ronde pour repêcher York devant Caufield, et s’avancer de onze rangs en deuxième ronde en cédant un choix de troisième et choisir Brink.

Cette année-là, Fletcher a aussi cédé son choix de septième ronde au Canadien contre le choix de septième ronde de Montréal en 2020, de façon à permettre au CH de mettre la main sur Rafaël Harvey-Pinard au 201e rang.

Petit détail tombé dans l’oubli, il a aussi échangé cet été-là, dans son contexte de « réinitialisation », Ryan Hartman, un éventuel joueur autonome trop coûteux aux yeux de Fletcher, pour obtenir Tyler Pitlick. Hartman est devenu depuis le premier centre du Wild, tandis que Pitlick s’est accroché à un poste au sein du quatrième trio du Canadien à la fin de l’hiver après avoir changé trois fois d’équipe par la suite.

Les Flyers ont connu une bonne saison en 2019-2020, il faut en convenir. Ils ont terminé au sixième rang dans l’Est et même remporté une ronde. Mais ils sont retombés à plat l’an dernier et raté les séries.

Fletcher a voulu y remédier rapidement et il a ressorti les diachylons l’été dernier. Il a payé un choix de première ronde en 2021, 14e au total, et un choix de deuxième ronde en 2023, pour Rasmus Ristolainen, un défenseur robuste, mais limité, il a échangé pour Ryan Ellis les jeunes Nolan Patrick et Philippe Myers, dont on ne s’ennuie pas à Philadelphie, mais contre un défenseur payé 6 M$ annuellement constamment sur la liste des blessés.

Notre homme a aussi offert des choix de deuxième et septième ronde aux Coyotes pour se débarrasser du défenseur Shayne Gostisbehere, 51 points en 82 matchs cette saison.

Avec les résultats connus aujourd’hui. Les Flyers ont terminé dans la cave du classement avec Montréal, Seattle et Phoenix.

Fletcher a eu la brillante idée d’obtenir un choix de première ronde des Panthers de la Floride en 2024 et le jeune ailier Owen Tippett pour son capitaine Claude Giroux, dont le contrat allait se terminer, et de faire jouer ses jeunes à profusion en fin de saison.

Mais quelques semaines plus tard, le voilà qu’il évoque aujourd’hui les spectres de 2019, où il n’a rien fait de très brillant pour rajeunir le club, et surtout misé sur les succès à court terme en vidant les coffres du club.

Chuck Fletcher se comprend-il lui-même ?

Et si Carey ne revenait pas ?

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Carey Price

Toujours avec sa franchise aussi brutale, le directeur général du Canadien, Kent Hughes, a révélé mercredi matin sur les ondes de la station 91,9 Sports que la relève ne viendrait peut-être pas de l’organisation si jamais Carey Price devait mettre un terme à sa carrière. « Jusqu’à ce que quelqu’un démontre qu’il peut être un gardien numéro un, c’est difficile à dire (s’il doit aller chercher de l’aide à l’extérieur advenant le départ de Price). On n’a personne encore parmi nos gardiens qui a démontré d’année en année qu’il pouvait être notre numéro un. »

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