(Syracuse, New York) Si cette série entre le Rocket et le Crunch est à l’image du premier match, on ne s’ennuiera pas ! Pendant que les séries de la LNH sont ponctuées de nombreux duels à grands écarts de pointage, les filiales du Canadien et du Lightning ont offert un match à la fois serré et divertissant.

Serré parce que ça s’est réglé au compte de 5-3 pour Syracuse, qui prend l’avance 1-0 dans la série trois de cinq. Les Lavallois auraient très bien pu prolonger le plaisir, mais le tir à bout portant de Rafaël Harvey-Pinard a été bloqué en défense, et quelques secondes plus tard, Anthony Richard marquait le but d’assurance dans un filet désert.

Divertissant en raison de scènes burlesques comme cette présence que le défenseur Fredrik Claesson a effectuée sur un genou après avoir perdu une lame de patin. Divertissant aussi grâce au génial responsable de l’écran géant qui a fait jouer des extraits d’un combat de l’Undertaker à la suite d’une escarmouche. Mais surtout, divertissant parce que c’était un véritable match des séries, où chaque coup de sifflet ou presque déclenchait du rififi, entrecoupé de jurons en français entendus ici et là en raison du fort contingent québécois de chaque côté.

« Ça faisait du bien de revenir en séries. Ça faisait un bon moment. C’est pour ça qu’on joue au hockey », a lancé l’attaquant du Rocket Joël Teasdale, après la défaite.

Teasdale est bien placé pour parler. Deux déchirures ligamentaires au genou droit, en plus de la pandémie, ont contribué à lui faire manquer un an et demi de hockey. Il se retrouvait donc en séries pour la première fois depuis le printemps 2019, quand lui et Harvey-Pinard avaient mené les Huskies de Rouyn-Noranda à la Coupe Memorial.

« Justement, on en parlait ce matin dans le vestiaire. On se demandait : “Toi, ça fait combien de temps que t’as pas joué ?” Même si on a perdu, ça fait du bien, un match comme ça », a ajouté le défenseur Tobie Bisson, après son baptême des séries de la Ligue américaine.

Alex Belzile en est lui aussi à ses premières séries, étonnamment. Il y avait goûté dans la LNH, dans la bulle de l’été 2020. Mais c’était dans des circonstances étranges, devant des gradins vides.

« C’est ma première fois et j’ai 30 ans ! », a-t-il lancé.

Des fois, quand t’es jeune, tu penses que tu seras en séries chaque année, mais ce n’est pas la réalité du hockey professionnel. Tout le monde prend de l’expérience. T’as pas besoin de motivation et tu t’en vas à la guerre.

Alex Belzile

Le baptême

Pour ce premier match, ce sont les joueurs ayant plus de millage qui sont ressortis dans le camp lavallois.

« Belzile avec deux gros buts. [Jean-Sébastien] Dea a joué un gros match. [Sami] Niku a eu trois passes. On a des gars qui ont bien joué ce soir », a résumé l’entraîneur-chef du Rocket, Jean-François Houle, faisant abstraction du revirement provoqué par Niku qui a mené au premier but de l’adversaire.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER DU ROCKET DE LAVAL

Alex Belzile a inscrit deux filets dans la défaite des siens.

Plus tard, le pilote vantera aussi Xavier Ouellet, son capitaine, qui a joué comme un gars avec un « C » sur son chandail.

C’était plus discret pour les plus jeunes. Des 18 patineurs en uniforme, Harvey-Pinard et Jesse Ylönen sont les plus près de la Ligue nationale. Mais les deux attaquants sont aussi parmi les plus jeunes de l’effectif, et il y avait de l’autre côté des Gabriel Dumont, des Gemel Smith, des Claesson, des joueurs qui ont du hockey dans le corps.

Rafaël joue physique, il travaille. J’ai trouvé qu’il a eu un bon match. Ylönen pourrait être un peu meilleur, mais il a eu plusieurs tirs, des chances de marquer. Dans l’ensemble, je suis content de l’effort.

Jean-François Houle, entraîneur-chef du Rocket

Cela dit, les deux évoluaient au sein des deux premiers trios et auront dans les matchs à venir des chances d’inscrire leur nom sur la feuille de pointage.

Le gardien Cayden Primeau, un autre espoir de l’organisation, n’a pas eu la chance de vivre son baptême des séries parce que Houle lui a préféré le vétéran Kevin Poulin. Il sera intéressant de voir si Primeau sera envoyé dans la mêlée pour le deuxième match, qui a lieu dès ce samedi. Idem pour le défenseur Mattias Norlinder, choix de troisième tour du CH, qui vient de revenir de sa Suède natale pour les séries. Il a été laissé de côté pour ce premier match.

Parce que Houle a beau dire qu’il ne coache plus pour « développer » une fois en séries, il y a tout de même de la précieuse expérience à acquérir pour ses joueurs qui ont des chances de faire partie du Canadien à l’avenir. De l’expérience qui a grandement manqué sous l’ancien régime. Doit-on rappeler que les filiales du Canadien ont participé aux séries une seule fois sous Marc Bergevin, en 2017, et que ça n’avait duré que quatre matchs ?

Encore faut-il que Houle ait le temps d’offrir ces expériences à ses joueurs. Car une série trois de cinq, ça peut se régler vite !

Le dossier en suspens de Stapley


PHOTO BRIAN FLUHARTY, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Brett Stapley

Un dossier que l’on croyait au point mort n’est peut-être pas réglé. C’est celui de l’attaquant Brett Stapley, repêché au septième tour par le Canadien en 2018. L’équipe détient ses droits jusqu’au 15 août prochain, et comme il n’a toujours pas signé de contrat et que Montréal s’est entendu avec d’autres joueurs universitaires depuis, il était facile de croire que le Tricolore laisserait simplement expirer ses droits et que Stapley deviendrait joueur autonome. Or, le CH évalue toujours ses options, a-t-on appris. Le Tricolore a notamment exploré l’idée de l’inviter à se joindre au Rocket pour les séries de la Ligue américaine, mais Stapley s’est abstenu. Une transaction mineure pour ses droits n’est pas à exclure non plus, d’autant que tous ceux qui l’ont repêché à l’époque ont maintenant des postes ailleurs dans la LNH. Auteur de 43 points (18 buts, 25 passes) en 41 matchs cette saison, le joueur de 23 ans a aidé l’Université de Denver à remporter le Championnat national de la NCAA.