Le Rocket de Laval vient de vivre une année sans précédent. Motivé par une base partisane croissante et fidèle, l’apport des Québécois au sein de l’organisation a peut-être été l’élément le plus déterminant au cours de cette saison inoubliable.

Sur 28 joueurs recensés dans l’alignement officiel du Rocket, 15 sont québécois. Parmi eux, seul Rafaël Harvey-Pinard détient un contrat en vue de la prochaine saison.

Même si le visage de l’équipe risque de changer radicalement au cours des prochaines semaines, l’heure était au bilan, jeudi, à la Place Bell de Laval, au lendemain de la défaite de l’équipe lors du septième match de la finale d’association. Une quinzaine de joueurs se sont adressés aux médias.

À la sauce québécoise

Le club lavallois vient de connaître une saison du tonnerre, marquée par une première participation aux séries éliminatoires qui restera gravée dans les mémoires. Fort d’une cinquième place dans l’Est grâce à une fiche de 39-26-7, personne n’aurait pu parier sur le fait que le Rocket allait atteindre le carré d’as. Personne à part le groupe de joueurs. Un groupe uni et porté par l’envie de faire plus et mieux pour ce que tous les joueurs ont décrit comme les meilleurs partisans de la ligue.

Cet appui grandissant et intimidant pour l’adversaire a été fondamental aux yeux des joueurs tout au long de l’année, mais surtout lors des séries. Pour Jean-Sébastien Dea, il n’y a pas de secret, les joueurs québécois veulent jouer pour les Québécois. L’attaquant a même estimé que l’état-major du Canadien devrait davantage s’attarder à cette manière de faire.

PHOTO DENIS GERMAIN, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Jean-Sébastien Dea

Personnellement, je crois que le Canadien devrait prendre exemple là-dessus. Tu mets une gang de Québécois ensemble qui représentent le Canadien. Il n’y a pas une soirée où ça ne tentait pas aux gars de jouer avec fierté et honneur.

Jean-Sébastien Dea

« Lorsqu’on regarde dans le temps où ils ont beaucoup gagné, il y avait beaucoup de Québécois. Est-ce que c’était une coïncidence ? Le fait d’être québécois et de jouer à la maison, tu ne peux pas le comprendre si tu n’es pas québécois », a-t-il ajouté.

L’attaquant a aussi vanté l’apport du septième joueur. Sans l’appui démesuré de la foule, rien de ce beau parcours n’aurait été possible : « On est la seule équipe québécoise dans la ligue, et je pense que ça a probablement été un facteur. Les gens se sentaient connectés et plus proches des joueurs. C’est le fun en tant que partisan de sentir que tu fais partie de l’équipe. »

L’entraîneur-chef Jean-François Houle a aussi parlé du fait québécois comme d’un moteur de réussite.

PHOTO GRAHAM HUGHES, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Jean-François Houle

C’était excitant pour eux [les Québécois] de jouer à la maison. Je pense que ça nous a permis, peut-être, de nous rendre un peu plus loin dans les séries éliminatoires, en raison de l’esprit d’équipe et du sentiment d’appartenance.

Jean-François Houle

Le gardien Kevin Poulin a aussi remarqué qu’il n’avait jamais joué avec autant de Québécois depuis ses années chez les juniors et que jouer à la maison avait été extrêmement plaisant.

Quant à lui, Tobie Paquette-Brisson regrette aussi que le parcours de l’équipe ait pris fin, non seulement parce qu’il aurait aimé se rendre en finale, mais aussi parce qu’il est conscient que des joueurs importants devront quitter le navire. « C’est un groupe incroyable, et c’est ce qui fait un peu mal. [On] sait que ça arrive très rarement, un groupe comme on avait cette année », a lancé le défenseur.

La culture Rocket

Alex Belzile, originaire du Bas-Saint-Laurent, a souligné qu’être entouré d’autant de compatriotes lui avait permis de revenir à l’essentiel.

Ça aura aussi jeté les bases d’un véritable engouement autour de l’organisation. L’édition 2021-2022 du Rocket aura réussi à implanter une culture qui n’est pas près de s’effriter.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

De nombreux spectateurs étaient présents à la Place Bell lors de la série Rocket-Americans.

Se rendre loin en séries, ça peut faire ouvrir bien des yeux. La Place Bell en saison, c’est exceptionnel, mais je me souviens encore du premier match contre Syracuse, avec les gens tout en blanc, à quel point quelque chose était en train de se passer.

Alex Belzile

L’entraîneur-chef a aussi ajouté que l’intérêt et l’amour profond des partisans pour le club étaient incomparables et que c’est aussi venu confirmer que le projet du Rocket était viable, ce qui est l’une de ses plus grandes fiertés en rétrospective de la saison. « Ça a créé une frénésie vraiment intéressante et ça vient beaucoup avec l’éthique de travail. Si les gars travaillent et jouent avec passion, ça se transmet chez les partisans. »

Cette frénésie, les joueurs aimeraient la revivre. Ils ont tous confirmé, sans hésiter, qu’ils voudraient rejouer avec le Rocket l’an prochain.