« Je veux juste être sûr que je célèbre avec tout le monde qui est avec moi depuis le début. » Le sourire n’a jamais quitté le visage de Nicolas Aubé-Kubel, samedi après-midi, alors qu’il défilait fièrement dans les rues de son Sorel-Tracy natal, coupe Stanley au bout des bras.

Il y a eu la grande victoire, le 26 juin. Puis le défilé au Colorado, le 30 juin. Et la demande en mariage, le 5 juillet. Autrement dit, Aubé-Kubel a « fêté plus [qu’il n’a] dormi » ces deux dernières semaines.

Et ce n’est pas samedi qu’il a pu récupérer. Une fanfare et un groupe de danseurs accompagnaient le camion dans lequel le joueur de l’Avalanche du Colorado traînait le trophée. L’athlète de 26 ans saluait les quelques centaines de personnes réunies le long des rues du centre-ville, acceptant au passage quelques cannettes de boisson alcoolisée.

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« Ce sont juste des émotions fortes. La parade à Denver, c’était incroyable. Ici, c’est le fun parce que c’est juste mon monde, le monde de Sorel. C’est spécial », a lancé l’attaquant quelques minutes avant de monter sur scène, où une cérémonie était prévue après le défilé.

Je suis né ici, j’ai grandi ici. […] La communauté de Sorel est vraiment forte, j’adore ça. Je vais passer trois heures avec eux. J’apprécie ce moment-là. Je le fais parce que j’aime ça.

Nicolas Aubé-Kubel

Les parents du joueur, comme ses sœurs et sa compagne – bientôt sa femme –, l’ont accompagné pendant le défilé, dans d’autres véhicules.

« Je suis une Soreloise dans l’âme, a dit sa mère, Annie Aubé. Vous l’avez vu aussi avec mon gars, il est fier de sa ville, de Sorel. C’est notre cœur qui est ici. Je suis partie longtemps en Alberta, mais je suis revenue. Et je sais que mon gars reviendra aussi un jour. C’est comme ça quand tu es un Sorelois. »

La mère de famille, aussi enseignante, était à Tampa Bay pour le dernier match. Elle a vécu de près le grand moment, le plus important dans la jeune carrière de son fils.

« Je n’avais jamais passé ma dernière journée sans mes élèves. Je me suis fait remplacer. Mon cœur était déchiré. Entre mes élèves et mon fils, j’ai choisi mon fils. Je n’ai pas tant de mots. Les cinq dernières minutes du match étaient les plus longues de ma vie. Je me demandais si c’était pour finir. J’oubliais de respirer ! »

De la belle visite

Ce n’est pas la première fois que la coupe Stanley vient faire son tour à Sorel-Tracy. En fait, c’est « pas mal devenu sa deuxième résidence », dixit le maire de la ville, Martin Lajeunesse. Marc-André Fleury et François Beauchemin notamment ont porté le gros trophée dans la ville par le passé.

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C’était tout de même un premier défilé pour de nombreuses personnes rencontrées sur place par La Presse. Daniel Blanchet, 34 ans, habite à Saint-Roch-de-Richelieu, à 15 minutes de route. Son ami, qui l’accompagne, nous le présente comme l’un des plus grands partisans de l’Avalanche au Québec.

« Je suis un fan fini. Quand ils ont gagné cette année, j’étais euphorique. Je sautais partout. J’ai des caméras chez nous, on me voit sauter. Je braillais ! », s’écrie M. Blanchet, son chandail rouge vin sur le dos.

Danny Dostie, lui, porte fièrement son chandail bleu des Nordiques. Dans son dos, on peut lire « Sakic ».

« [Nicolas] est le seul joueur qui n’a pas joué pour les Nordiques qui a le droit de signer mon chandail ! s’exclame-t-il. Toutes les fois où il y en a un qui réussit à percer, c’est une fierté pour tous nous autres. C’est une petite ville, mais on est fiers de nos athlètes ! »

Plusieurs invités de marque étaient aussi présents pour cette journée. Du lot, l’ancien du Canadien Pierre Mondou et celui de l’Avalanche Éric Messier, tous deux d’ex-champions de la Coupe Stanley.

En nous promenant dans les rues pendant le défilé, on croise l’attaquant du Rocket de Laval Danick Martel, qui vient d’ailleurs de signer un nouveau contrat d’un an à un volet. Il fait partie des invités de la famille Aubé-Kubel pour la journée ; les deux joueurs ont été compagnons de trio et colocs de 2016 à 2018, quand ils évoluaient pour le club-école des Flyers de Philadelphie, les Phantoms de Lehigh Valley.

« Ça va être une belle journée. Moi, je vis le rêve à travers lui, finalement ! », dit Martel en souriant.

« Je suivais les résultats de Nic, ajoute-t-il. C’est sûr que j’ai été déçu pour lui qu’il n’ait pas joué les trois dernières parties. Mais en même temps, il est tellement jeune, il a amassé de l’expérience. Il a joué en finale de la Coupe. Tu ne peux rien demander de mieux. C’est un champion à vie. »

Folle année

Il n’y a pas que les derniers jours qui aient été mouvementés pour Nicolas Aubé-Kubel ; les derniers mois aussi ! Après sept ans dans l’organisation des Flyers de Philadelphie, il a été placé au ballottage en novembre dernier. Le lendemain, l’Avalanche le réclamait.

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« Du moment que j’ai été réclamé par l’Avalanche, il m’est arrivé juste du bon. Juste du bon », répète le principal intéressé.

« [Nicolas] m’a téléphoné pour me dire : “Mam, je m’en vais à Denver”, se souvient quant à elle Annie Aubé. J’étais contente. À Philly, il n’avait pas assez de temps de jeu, les Flyers ne le faisaient pas briller. Ça a bien viré. Dans la vie, il n’y a rien qui n’arrive pour rien. »

Avec l’Avalanche, son fils a joué 67 matchs de saison et 14 de séries éliminatoires. Il est désormais un champion de la Coupe Stanley. Et il le sera à vie.

« Je suis contente de voir à quel point il est humble, lance sa sœur, Alex-Anne. On a toujours peur, quand c’est un membre de notre famille, qu’il change dans des situations comme ça. C’est encore mon petit frère, le Nico super simple, super reconnaissant. C’est un gars qui aime sa ville. Pour lui, Sorel, c’est [précieux]… Je suis contente qu’il garde ça. »