(Buffalo) Olivier Nadeau savait déjà qu’il raterait le tournoi des recrues. L’espoir des Sabres de Buffalo a été opéré à une épaule en juillet et son retour n’est pas prévu avant les Fêtes.

Mais il savait qu’il serait tout de même en ville pour le tournoi, afin d’y faire un suivi de son opération. Et qu’il aurait par le fait même la chance d’aller casser la croûte avec son vieux pote Joshua Roy. C’était le plan, jusqu’à ce que le Canadien annonce que Roy resterait à Brossard afin de soigner une blessure mineure à une main.

Les liens entre les deux attaquants sont étroits. « C’est mon meilleur ami depuis que je suis atome, raconte Nadeau, en entrevue avec La Presse pendant un entracte. J’ai commencé à jouer avec lui pee-wee, mais avant, on faisait des tournois d’été ensemble. On ne s’est jamais lâchés. Pee-wee, bantam, midget, on a fait la pluie et le beau temps. Je m’entraîne encore avec lui, je le vois tout le temps, c’est vraiment mon meilleur chum. Je suis déçu qu’on manque le tournoi, j’aurais aimé jouer contre lui ! »

Nadeau et Roy ont cheminé ensemble dans la structure du hockey de Beauce-Appalaches. « Déjà, dans le pee-wee, ils dominaient », se souvient l’entraîneur Mathieu Turcotte, qui a dirigé les deux joueurs à ce niveau, mais aussi chez les Chevaliers de Lévis dans le midget AAA.

Nadeau et Roy faisaient en effet équipe dans cette formidable édition 2018-2019 des Chevaliers, celle qui a signé un record en remportant 34 matchs de suite (!) en saison.

Avec 88 points en 42 rencontres, Roy était le meilleur marqueur du club. Nadeau en avait engrangé 52 en 31 matchs.

Au terme de cette saison, Roy avait été réclamé au tout premier rang du repêchage de la LHJMQ, par les Sea Dogs de Saint John. Nadeau, lui, est sorti quatre échelons plus bas, réclamé par les Cataractes de Shawinigan.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Joshua Roy au camp des recrues du Canadien de Montréal en 2021

Deux ans plus tard, Nadeau passait devant son ami au repêchage de la LNH, sélectionné au 97e rang par les Sabres. Roy a quant à lui attendu au 150e rang. Après deux saisons en dents de scie, l’espoir du CH a explosé la saison dernière, qu’il a conclue au 1er rang des marqueurs de la LHJMQ.

« Si le repêchage était à refaire, ça changerait beaucoup, estime Nadeau. Je n’avais aucun doute qu’il rebondirait. L’été après son repêchage a été notre plus gros été d’entraînement. »

Un attaquant complet

Comme dans tous les sports, le monde du hockey est essentiellement un entonnoir. D’un niveau à l’autre, des joueurs continuent à dominer, tandis que d’autres s’éliminent peu à peu.

À en juger par leur rang de sélection, Nadeau et Roy n’étaient pas considérés par les recruteurs de la LNH comme de futures vedettes. Mais ils ont néanmoins franchi une étape qui est loin d’être automatique pour des joueurs réclamés en milieu de repêchage. Ils ont tous les deux décroché un contrat d’entrée pour la LNH.

Roy y est parvenu grâce à la fabuleuse saison de 119 points qu’il vient de connaître, résultat du sérieux qu’il a mis dans sa forme physique. « Il a foncé dans le mur à sa première année junior. Lui-même l’a dit, il a repris sa nutrition et son entraînement en main, a rappelé Mathieu Turcotte. Sur le plan hockey, j’ai toujours su qu’il était en avance sur les gars de son âge. Donc en se reprenant en main, ce n’est pas surprenant qu’il ait connu du succès dans le junior. »

Nadeau, lui, n’a pas autant rempli les feuilles de pointage, récoltant 78 points en 65 matchs. Mais il a aidé Shawinigan à remporter la Coupe du président et à participer à la Coupe Memorial.

Il l’a fait en tant qu’assistant au capitaine, malgré une blessure à une épaule qui a mené à l’opération évoquée plus haut. Il traînait cette blessure depuis la mi-avril, mais n’allait pas déclarer forfait pendant un parcours en séries. Non seulement il a joué blessé, mais il a même pris des mises en jeu malgré son état.

« Olivier, c’est un très grand compétiteur. Sa façon de rester devant la compétition, c’est de travailler plus fort que les autres », souligne Turcotte.

La suite pour Nadeau sera à Gatineau, les Olympiques ayant fait son acquisition cet été. « Olivier peut tout faire, décrit son nouvel entraîneur-chef, Louis Robitaille. C’est un gars que les coachs aiment diriger. Il peut jouer les minutes dures. Il est très bon le long des rampes, devant le filet. Il doit encore améliorer sa vitesse et son explosion, mais sky is the limit pour lui. »

Reste maintenant à voir comment les deux copains continueront à s’adapter pour poursuivre leur chemin dans l’entonnoir.