Xavier Simoneau était amusé. Ça se passait jeudi, après un entraînement matinal au tournoi des recrues à Buffalo. Le Canadien venait de mettre à jour les mensurations des joueurs et Xavier Simoneau faisait partie de ceux qui avaient « rapetissé ». De 5 pi 7 po, il passait à 5 pi 6 po.

Alors, quelle est donc sa vraie taille ? Allons directement à la source. « 5 pi 6 et ¼… J’essaie de tricher, mais ça ne marche pas ! », répond-il.

Simoneau en rit, mais ce n’est qu’un exemple des obstacles sur son chemin dans le hockey.

Dans un tournoi où les joueurs de la taille de John Kerry ont davantage retenu l’attention, Simoneau s’est tout de même démarqué. Il a inscrit deux buts dimanche, a dérangé le gardien sur un autre filet, a réussi un florilège de passes judicieuses à ses coéquipiers et a livré des efforts inspirés en échec avant.

Ce qui a fait dire à Jean-François Houle, entraîneur des espoirs du Canadien cette semaine, que « c’est très important d’avoir des joueurs comme lui si tu veux gagner des matchs ».

« Je ne venais pas ici en touriste, a lancé Simoneau, après son doublé de dimanche. J’essaie de faire mon nom et de tracer mon chemin. »

Un apport sous-estimé

Houle pourra-t-il compter sur Simoneau pour « gagner des matchs » cette saison à Laval ? Ce sera un des enjeux du camp pour le club-école du Canadien.

Cet attaquant, 191joueur repêché en 2021, détient un contrat de la Ligue américaine seulement pour la saison à venir. Il vient de conclure une carrière junior productive, amassant plus d’un point par match en moyenne à ses quatre dernières saisons.

Ce n’est toutefois pas par manque de production que les joueurs de petite taille peinent à obtenir leur chance, généralement, mais bien plus en raison des doutes sur leur capacité à tenir le coup physiquement.

À sa première année d’admissibilité au repêchage, en 2019, Simoneau avait été boudé par les 31 équipes. Mais les Maple Leafs de Toronto l’avaient invité à leur tournoi des recrues cet été-là. Mathieu Turcotte, adjoint chez les Voltigeurs de Drummondville – le club de Simoneau à l’époque – se souvient de cet épisode.

« Un membre de leur organisation m’avait dit que selon leurs statistiques avancées, Xavier était parmi ceux qui gagnaient le plus de batailles à un contre un dans la LHJMQ », raconte Turcotte, aujourd’hui entraîneur-chef du Blizzard du Séminaire Saint-François.

L’agent de Simoneau, Philippe Bureau, avait aussi eu vent de cette donnée. Il se souvient également que son client excellait dans « le pourcentage de jeux réussis en zone offensive, par exemple, le nombre de passes complétées, le nombre de tirs qui se rendent au filet. Ça voulait dire qu’il ne faisait pas beaucoup de revirements ».

« Ça reste des statistiques, on peut leur faire dire ce qu’on veut, poursuit Bureau. Mais on l’a vu en fin de semaine : quand il est sur la glace, il se passe souvent quelque chose. »

Dans une intéressante analyse statistique, le consultant montréalais Jack Han, qui a déjà travaillé pour les Leafs, explique qu’il avait poussé pour que l’équipe repêche Simoneau. Parmi les qualités qu’il voyait en lui, il avait justement nommé sa capacité à « initier le contact physique ».

Lisez l’article (en anglais)

Comme Harvey-Pinard

Jusqu’ici, le cheminement de Simoneau ressemble beaucoup à celui de Rafaël Harvey-Pinard. Repêché par le Canadien à 20 ans, il est retourné dans le junior une dernière saison, avant d’obtenir un contrat d’un an de la Ligue américaine.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Rafaël Harvey-Pinard

Cette démarche permet à une équipe de gagner du temps. Les équipes ont en effet deux ans pour offrir un contrat de la LNH à un joueur issu du hockey junior canadien. Pour le cas typique du joueur repêché à 18 ans, il pourra jouer les deux années en question dans le junior.

Mais un joueur réclamé à 20 ans, lui, ne peut plus retourner dans le junior à 21 ans. L’athlète est ainsi coincé, ses seules options étant l’Europe ou négocier avec l’équipe qui l’a repêché. Comme les clubs ont droit à un maximum de 50 contrats de la LNH, l’entente d’un an dans la Ligue américaine permet de repousser la décision, mais limite le pouvoir de négociation du joueur.

Simoneau devra bûcher, car les attaquants sont nombreux au camp. Mais Harvey-Pinard avait saisi sa chance et avait ensuite obtenu un vrai contrat de la LNH.

« Xavier a toujours été jugé trop petit. Chaque fois qu’il montait, les gens disaient : ‟Il est bon dans le pee-wee, mais ça sera plus dur dans le bantam.” Et ainsi de suite, rappelle Philippe Bureau. Il a toujours très bien canalisé son adversité pour devenir ce qu’il est en train de devenir. »

En savoir plus
  • 86
    Xavier Simoneau a amassé 86 points (24 buts, 62 aides) en 48 matchs avec les Islanders de Charlottetown la saison dernière.
    SOURCE : LHJMQ