Si le repêchage de 2019 avait lieu aujourd’hui, le défenseur des Red Wings de Detroit, Moritz Seider, serait probablement repêché parmi les deux ou trois premiers, peut-être même au premier rang, devant l’explosif Jack Hughes, selon les besoins de l’organisation.

À 20 ans, Seider, un droitier de 6 pieds 4 pouces et 200 livres, a amassé 50 points à sa première saison complète dans la LNH et joué 23 : 02 en moyenne, un sommet chez les Wings.

À la fin de la saison, il est devenu le deuxième défenseur en trois ans, avec Cale Makar, en 2020, à remporter le trophée Calder remis à la recrue par excellence dans la Ligue nationale. Il est aujourd’hui l’indiscutable défenseur numéro un à Detroit.

Sans doute parce qu’il a été choisi au sixième rang, on n’a pas crié au scandale lorsque Seider a été rétrogradé dans la Ligue américaine au terme de son premier camp d’entraînement professionnel. Il y a passé la saison entière, sans le moindre rappel, avant de voir la pandémie mettre fin aux activités dans le monde du hockey en mars.

Il en a aussi profité pour participer au Championnat mondial de 2020 avec l’Allemagne, où il a obtenu six aides en sept matchs.

Seider se tapait donc les petits arénas de Milwaukee, Iowa et Rockford en autobus pendant que Hughes, Kaapo Kakko et même Kirby Dach jouaient dans la LNH.

La saison suivante, en 2020-2021, au lieu d’attendre la reprise des activités dans la Ligue nationale, Seider et les Wings ont opté pour la Suède, à Rögle, comme lieu de développement pour le jeune homme.

Le nombre de joueurs de sa cuvée établi dans la LNH avait grimpé à 11. Bowen Byram, Dylan Cozens, Trevor Zegras, Tobias Bjornfot et Nils Hoglander avaient rejoint Hughes, Kakko et Dach.

Alex Turcotte, Victor Soderstrom, Cam York, Cole Caufield, Alex Newhook, Peyton Krebs, Ville Heinola, Shane Pinto, Artur Kaliyev et Nick Robertson, entre autres, ont même eu l’honneur de disputer un premier match dans la Ligue nationale avant lui.

Moritz Seider est désormais l’homme autour duquel les Red Wings sont construits, avec Lucas Raymond. Mais le DG Steve Yzerman a été patient.

Après un excellent match contre les Maple Leafs de Toronto lundi, Juraj Slafkovsky a été promu au sein du premier trio avec Nick Suzuki et Cole Caufield mardi contre les Sénateurs.

Le premier choix au total en 2022 a connu une soirée plus difficile. On voit le potentiel énorme, mais le jeune homme semblait parfois mêlé sur la glace : trop fébrile en possession de la rondelle, pas assez hargneux dans ses batailles pour le disque. Rien d’anormal pour un jeune de 18 ans, peu importe son rang de sélection.

La direction du CH lui donne toutes les chances de réussir. On devrait savoir sous peu si on étirera l’expérience avec Suzuki et Caufield dans les Maritimes, ou si on lui permettra de trouver tranquillement ses repères et sa confiance à Laval dans la Ligue américaine, qui sait en compagnie de son grand ami et compatriote Filip Mesar.

Certains ne manqueront évidemment pas de déchirer leur chemise s’il est renvoyé dans la Ligue américaine, d’autant plus que Shane Wright, repêché trois rangs plus loin, entamera la saison à Seattle, confirmé mercredi par le DG du Kraken, Ron Francis, au collègue Pierre Lebrun.

Mais peu importe, Kent Hughes et Jeff Gorton ne prendront pas en considération l’humeur populaire. Ils ne l’ont pas fait non plus au moment de repêcher Slafkovsky au premier rang en juillet.

S’ils estiment que le jeune homme se développera mieux à Montréal sous les conseils de Martin St-Louis, le Slovaque restera avec le Canadien. Si on estime qu’il est mieux de l’éloigner du fourneau montréalais, on le fera. Et si c’est le cas, certains fans devront se rappeler le cheminement de Seider.

Oui, mais Seider est un sixième choix au total et Slafkovsky a été choisi au premier rang, diront plusieurs. En effet, mais on accorde beaucoup trop d’importance au rang de sélection, obsédés presque par le joueur choisi au premier rang, comme si le fait d’être repêché au premier rang le distinguait complètement des autres. Mais quelle différence y avait-il entre Nico Hischier, Nolan Patrick, Miro Heiskanen et Cale Makar le jour du repêchage de 2017, sinon des numéros ?

Cole Sillinger, repêché au douzième rang l’an dernier, sera-t-il un meilleur centre que Matt Beniers, premier attaquant repêché, au deuxième rang, parce qu’il a entamé sa carrière à 18 ans pendant que Beniers choisissait de disputer une saison supplémentaire dans la NCAA ?

Hughes a répété depuis le repêchage qu’il avait choisi Slafkovsky en fonction de son potentiel à long terme, de ce qu’il allait pouvoir donner à 22, 23 ans. D’ici là, il faudra éviter les crises d’anxiété, que le jeune homme se retrouve à Montréal ou à l’extrémité nord de la ligue orange de métro…

Pour l’instant, le Canadien quitte en direction des Maritimes, avec Slafkovsky à bord. Il aura sans doute droit à un ou deux matchs supplémentaires pour permettre à la direction de prendre la décision la plus avisée dans son cas.

Ron Francis n’avait pas fait une croix sur Shane Wright

PHOTO SERGEI BELSKI, USA TODAY SPORTS

Shane Wright

Contrairement aux Golden Knights de Vegas, le Kraken de Seattle fait confiance aux jeunes à ses premières années d’existence. Il entamera la saison avec deux centres de 19 et 18 ans, Matt Beniers, deuxième choix au total en 2021, et Shane Wright, quatrième choix au total cet été. Dans son entretien avec le collègue Pierre Lebrun, le DG à Seattle, Ron Francis, s’était préparé à l’éventualité de repêcher Wright au quatrième rang. « On en a parlé trois jours avant le repêchage. Montréal semblait viser un ailier, New Jersey un défenseur, on croyait pouvoir mettre la main sur l’un des deux centres au quatrième rang. Nous étions emballés de réaliser que Shane était toujours disponible à notre tour. »

Ron Francis a pu relayer à Wright sa propre expérience, en 1981. « Je lui ai dit de jouer au hockey et de s’amuser. Il est sous un microscope depuis trois ans. Le repêchage ne s’est peut-être pas déroulé comme il le souhaitait, mais à mon époque, je m’attendais à être repêché au cinquième rang par Washington, mais ils ont fait un échange pour repêcher Bobby Carpenter au troisième rang. C’est comme si les Capitals ne me voulaient pas. J’ai abouti à Hartford au quatrième rang. Je n’ai jamais laissé la situation m’affecter. »

Le premier choix au total, Dale Hawerchuk, a été le plus productif en termes de points par match, avec 1409 en 1188 rencontres, mais Francis a accumulé 1798 points en 1731 matchs en carrière. Le deuxième choix au total, le défenseur Doug Smith, a connu une carrière plus modeste…

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