Les derniers mois, semaines et jours ont été « difficiles » pour les joueuses de l’équipe canadienne féminine.

Si la démission en bloc de l’ensemble des membres du conseil d’administration et du chef de la direction de Hockey Canada représente un « pas vers l’avant », il y a encore « beaucoup de travail à faire », croient Marie-Philip Poulin, Ann-Renée Desbiens et Laura Stacey.

Quelques membres de l’équipe canadienne ont rencontré les médias, mercredi matin, en vue du Showcase de hockey féminin de la PWHPA, qui réunira les meilleures joueuses au monde à l’Auditorium de Verdun, ce week-end. En entrevue avec La Presse, elles se sont exprimées sur la vague de démissions qui a balayé la fédération nationale.

« C’est ça qui devait arriver, a d’entrée de jeu laissé tomber Poulin. C’était enfin une respiration pour nous toutes. Ça a été quelques mois difficiles. Hockey Canada, on s’entraîne pour eux ça fait des années. On donne notre vie, on se sacrifie. C’est beaucoup de sueur, de larmes. Chaque matin, tu te réveilles, tu vois les grands titres sur Hockey Canada.

« Ça fait mal [de voir toutes les nouvelles], reconnaît la capitaine. Tu t’entraînes toute ta vie avec ce monde-là, tu as le logo ancré sur toi. Tu te rends à l’aréna en sachant que c’est pour ça que tu te pousses, pour représenter ton pays. D’avoir tout ça qui s’est passé dans les derniers mois, ç’a été très difficile. »

De l’avis de Desbiens, bien que la nouvelle de mardi soit « un pas dans la bonne direction », elle est « loin d’être une raison de célébrer ». La tâche est grande.

« On ne sait pas qui va être en position, les changements qui vont être mis en place, enchaîne-t-elle. Ce sont des choses qui prennent énormément de temps. […] Ça va prendre des années avant de changer la culture au hockey, mais aussi dans la société en général. »

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Ann-Renée Desbiens

Les joueuses rappellent d’ailleurs que « ça va très bien » du côté du hockey féminin et paralympique. Les scandales qui secouent la fédération depuis plusieurs mois touchent le volet masculin, mais ils ont inévitablement eu des répercussions sur l’ensemble des membres de la fédération.

« On est tous sous le même parapluie, mais on ne peut pas cacher qu’on a connu la meilleure année du hockey féminin l’an passé avec les moins de 18 ans, les Jeux olympiques, le Mondial, énumère Poulin. Malheureusement, c’était sous un nuage. »

Les hockeyeuses se tournent vers leurs exploits et leur programme pour avoir des raisons de célébrer.

« Notre équipe a donné beaucoup de raisons aux Canadiens d’être fiers, d’être heureux, évoque Desbiens. On est des athlètes, des modèles sur la patinoire autant qu’en dehors. On est des ambassadrices. J’ai arrêté de compter le nombre d’évènements que je vais faire, où je fais du bénévolat et tout ça. Je pense qu’on est des modèles. »

Et la suite ?

Hockey Canada devra se trouver un nouveau chef de la direction, un nouveau conseil d’administration. C’est donc à partir d’ici que les changements commencent. Mais quelle sera la suite ?

Jusqu’ici, les joueuses de l’équipe nationale n’ont pas été impliquées au sein des discussions chez Hockey Canada. Mais elles espèrent l’être dans les prochains mois.

« En tant que groupe, on communique beaucoup à savoir ce qu’on devrait faire, soutient Poulin. On prend ça très à cœur. Au fil des années, la culture qu’on a créée avec notre équipe, c’est vraiment d’avoir une voix dans tout ça. Le hockey féminin, on a une place. On veut continuer à créer ça et on espère vraiment, dans tout ça, que la diversité va être là et que la culture va changer. »

Il demeure que changer une culture est un travail de longue haleine. Et pour y arriver, il faudra « l’effort des équipes de hockey mineur, des fédérations provinciales », avance Desbiens.

« Veux, veux pas, le crime a été commis par de jeunes adultes, ajoute la gardienne de Charlevoix. Il faut changer cette culture-là aussi, pas seulement celle en haut. Il y a encore beaucoup d’efforts à faire dans la société, dans les lieux de travail. Le hockey, il faut que ça change. »

Selon Stacey, toutes les équipes de Hockey Canada doivent également « avoir leur mot à dire, une voix pour pousser pour l’égalité ». « Chaque voix est importante. Plus nous pourrons impliquer de voix inclusives et diverses, plus nous pourrons changer les choses et apprendre de nouvelles idées. »