(Detroit) Les Dolphins de Miami de 1972 peuvent sabler le champagne.

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La boutade sur la saison parfaite à l’eau circulait abondamment, vendredi soir, parmi les loustics dans les corridors du Little Caesars Arena. Le constat plus prévisible que cruel a été fait après la défaite de 3-0 du Canadien face aux Red Wings.

Plus sérieusement, c’est une soirée au cours de laquelle Jake Allen a eu une idée de ce à quoi pourraient ressembler ses six prochains mois. C’était certes 0-0 quand il est rentré au vestiaire au premier entracte, mais c’était un miracle. Car il comptait déjà 25 arrêts à sa fiche, ce qui constituerait, dans des circonstances normales, une soirée complète de travail.

« Oh mon dieu, il était tellement bon ! Martin [St-Louis] est arrivé ici au premier entracte et l’a remercié. Il nous a permis de rester dans le match », a constaté Rem Pitlick, dans un vestiaire des visiteurs plutôt tranquille, après la joute.

Sauf que le Canadien de 2022-2023, on savait déjà que ça ne serait pas des circonstances normales. Il était déjà clair que ce serait une année de reconstruction, et le manque de ressources sautera encore plus aux yeux en attendant les retours de Joel Edmundson et de Michael Matheson en défense. Imaginez s’il avait fallu que Kaiden Guhle, qui a essentiellement été consacré défenseur no 2 de l’équipe après sa première période dans la LNH, doive rester à l’infirmerie quand il s’y est pointé en première période…

La jeunesse de la défense a été un thème à la mode au camp et ce le sera encore plus maintenant que Matheson est perdu à moyen terme. On admire ici l’optimisme d’Allen, qui voit ça comme « la chance d’une vie » pour ces jeunes.

« Plusieurs gars obtiennent leur chance comme ça. J’ai eu la mienne comme ça. », a-t-il plaidé.

Le hic, c’est que les Blues d’il y a une huitaine d’années étaient autrement plus matures que les Montréalais d’aujourd’hui. Pas mal plus facile d’intégrer un jeune dans un noyau de vétérans, que d’être pris avec trois défenseurs recrues parmi les quatre qui évoluent en désavantage numérique.

Manque d’attaque

Étonnamment, les problèmes de cette équipe après deux matchs ne sont pas ceux qui étaient nécessairement anticipés.

Par exemple, le désavantage numérique — parlons-en — était vu comme une faiblesse sur papier. Depuis son fou printemps 2021, le Tricolore perd un après l’autre les piliers de ces unités, et se retrouve aujourd’hui avec des Rem Pitlick, des Jordan Harris, des Johnathan Kovacevic parmi ses joueurs les plus sollicités à 4 contre 5. Pourtant, les Montréalais n’ont toujours rien donné en sept occasions après deux matchs. C’est un des « points positifs » que St-Louis a relevé après le match.

À l’inverse, c’est plus timide offensivement, pour une équipe qui compte tout de même sur une attaque assez équilibrée sur papier. La soirée de mercredi a certes été faste, mais les Maple Leafs ont offert leur part de cadeaux au Canadien.

Cette fois, ils rencontraient une équipe qui limitait bien sa vitesse, et au bout du compte, le Tricolore n’avait enregistré aucune chance de marquer de grande qualité (à 5 contre 5) après deux périodes, selon les données de Natural Stat Trick.

Disons qu’on était loin de ce que l’entraîneur des Wings, Derek Lalonde, qualifiait de « meilleure attaque de la LNH en relance » depuis l’arrivée de St-Louis.

« Ils mettaient beaucoup de pression, ils finissaient leurs mises en échec, a énuméré St-Louis, au sujet des Wings. On ne pouvait pas faire le jeu suivant pour garder la rondelle en mouvement, pour garder la pression. C’est un match dont on va apprendre et on sera meilleurs. »

La qualité de la défense et la production de buts sont souvent des vases communicants, surtout dans une ligue où les entraîneurs ne cessent de souligner l’importance de bons défenseurs capables d’appuyer l’attaque comme quatrième homme. Il faudra voir si le Tricolore restera aussi « dangereux » en relance avec une brigade défensive privée de Matheson, celui qui aurait dû être son meilleur arrière en relance.

En hausse : Jordan Harris

Après David Savard, c’est lui qui a été le plus occupé chez les défenseurs, passant 21 min 28 s sur la patinoire. L’absence de Kaiden Guhle en première période lui a valu quelques présences de plus et il n’a pas démérité.

En baisse : Rem Pitlick

Soirée difficile au bureau pour l’ailier. Sa capacité de jouer en désavantage numérique va toutefois l’aider à garder sa place dans la formation.

Le chiffre du match : 9 : 37

C’est le temps d’utilisation de Juraj Slafkovsky, le plus bas parmi du Canadien. Martin St-Louis opte pour la prudence avec son attaquant de 18 ans.

Dans le détail

Au pays des géants

À 6 pi 3 et 220 lb, Oskar Sundqvist ne s’est sans doute pas souvent senti petit dans sa vie. Pourtant, l’ailier des Red Wings occupait bel et bien le rôle de Luc Senay au sein de son trio, complété par Michael Rasmussen et la recrue Elmer Söderblom. Le premier mesure 6 pi 6, le deuxième, 6 pi 8. « On a de la vitesse et du talent, mais pas vraiment d’attaquants de gros gabarit, ou très peu », observait l’entraîneur-chef Derek Lalonde, en matinée. C’est bien parti pour cette unité, qui a embouteillé le CH dès ses premières présences. Le trio s’est aussi imposé physiquement ; c’est d’ailleurs un plaquage de Sundqvist qui a forcé Kaiden Guhle à passer du temps à l’infirmerie en première période. Leurs vaillants efforts ont abouti sur un but, celui de Söderblom, qui a ainsi marqué le premier filet de sa carrière, à son tout premier match.

Dach officiellement à l’aile

Au camp, on se demandait lequel des cinq centres du Canadien serait muté à l’aile. Pour l’heure, c’est Kirby Dach, qui s’est fait damer le pion par Sean Monahan. Ce dernier avait déjà pris la majorité des mises au jeu mercredi, et l’a encore fait vendredi. Sauf que cette fois, même à l’entraînement matinal et dans l’échauffement, Dach s’élançait du côté des ailiers droits. Monahan a continué son bon travail au cercle des mises au jeu avec un taux de succès de 72 % (13 en 18), pendant que Dach a été battu à ses trois tentatives. Monahan a d’ailleurs livré une autre performance inspirée et ressemble de plus en plus à un joueur dont les ennuis de santé sont chose du passé.

Veleno veut s’établir

Le Québécois Joe Veleno avait une première chance cette saison de montrer qu’il mérite une place à temps plein dans la LNH. Il le faisait au centre d’un quatrième trio qui comptait tout de même un ancien marqueur de 30 buts en la personne de Dominik Kubalik. Ça n’a toutefois pas été aussi concluant que le trio des géants. Dans un match où le buffet était à volonté pour les attaquants des Wings, l’unité de Veleno a essentiellement été la seule à ne pas en avoir profité. Cela dit, celui qui a eu droit au statut exceptionnel afin de jouer à 15 ans dans la LHJMQ a aussi réussi quelques bons jeux défensifs, ce qui devrait plaire à son entraîneur, qui soulignait vendredi matin le jeu parfois trop risqué de Veleno. L’an passé, le joueur de 22 ans a disputé 66 matchs dans la LNH et 11 dans la Ligue américaine.

Ils ont dit

On savait qu’ils auraient de l’énergie pour leur match inaugural. Ce n’était juste pas notre match. On a gardé ça serré. Mais c’est un long calendrier, donc il faut penser à demain.

Rem Pitlick

J’ai été chanceux. Je n’ai pas de mots pour décrire ça. Je crois que la rondelle a bondi sur son bâton avant qu’il tire. Ce n’est pas dans mon répertoire.

Jake Allen, au sujet de son arrêt du bâton contre Andrew Copp

Je ne savais pas que je venais d’égaler mon propre record. Je suis assez nul au sujet de mes statistiques. Je vais regarder ça à ma retraite.

Allen, à propos de ses 25 arrêts en première période, ce qui égale un record d’équipe du CH

On n’était pas capables de sortir la rondelle en la contrôlant. J’étais content de la troisième période parce qu’on s’est battus, c’est ce que tu veux voir. On avait la chance de voler la victoire grâce à Jake.

Martin St-Louis