Martin St-Louis a posé un geste hautement symbolique au début de la prolongation, lundi.

Il a envoyé trois jeunes de 23 ans ou moins, Nick Suzuki, Cole Caufield et le défenseur Kaiden Guhle pour lancer cette période de surtemps à trois contre trois.

St-Louis connaissait pourtant l’opposition, puisqu’il détenait le droit du dernier changement à titre d’entraîneur de l’équipe hôtesse : Sidney Crosby, Jake Guentzel et Kristopher Letang.

Un entraîneur plus conservateur, ou moins audacieux, aurait probablement envoyé sur la glace un défenseur plus expérimenté, comme Chris Wideman par exemple, comme c’était parfois le cas l’an dernier, et épaulé Suzuki d’un ailier plus responsable défensivement.

Mais St-Louis a choisi d’envoyer en défense un kid de 20 ans à son quatrième match en carrière dans la Ligue nationale de hockey.

Lors de cette première séquence, Guhle a réussi deux gros jeux défensifs avant l’arrivée de la deuxième vague. Il a plongé devant Letang, qui s’approchait dangereusement de l’enclave, et harponné la rondelle avec son bâton.

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Kaiden Guhle

Puis trois dizaines de secondes plus tard, il doublait Guentzel de vitesse en repli défensif pour empêcher une échappée partielle.

Quelques instants après, Jeff Petry écopait de sa troisième punition mineure du match pour un double-échec devant son filet à l’endroit de… Jordan Harris, 22 ans, le deuxième défenseur choisi par le coach après Guhle.

Martin St-Louis aurait pu ménager à nouveau les susceptibilités lors de cette supériorité numérique à quatre contre trois en désignant un bon vétéran, un Gallagher par exemple, un Dvorak, un Wideman à la pointe.

Mais il a osé à nouveau. En plus de Suzuki et Caufield, il y avait la plus récente acquisition cet été, le jeune vétéran Sean Monahan, et Kirby Dach, 21 ans, obtenu pour Alexander Romanov, à la pointe. Dach s’est aventuré à l’orée du filet adverse après un échange de passes à quatre et envoyé les Penguins aux douches en redirigeant une belle passe de Monahan derrière Casey DeSmith…

Il faut retenir un autre moment clé du match. Il restait 2 : 26 à faire en troisième période lorsque St-Louis a choisi de retirer son gardien, avec une mise en jeu en territoire offensif. C’est encore très tôt, selon les standards de la LNH, lorsqu’on tire de l’arrière par seulement un but.

À six contre cinq, on retrouvait trois jeunes sur la glace, Suzuki, chargé de cette délicate mise en jeu contre Jeff Carter, Caufield, Guhle, en plus de Monahan, Gallagher et Drouin. La passe lumineuse de Drouin à Caufield a permis au CH d’égaliser.

Temps d’utilisation lundi

  1. Kaiden Guhle — 24 : 43
  2. Nick Suzuki — 22 : 44
  3. David Savard — 22 : 37
  4. Sean Monahan — 22 : 12
  5. Jordan Harris — 20 : 45
  6. Cole Caufield — 20 : 05

Autre décision salutaire de l’entraîneur en chef : placer Guhle à la pointe en supériorité numérique sur la deuxième vague en début de troisième période à la place de Jonathan Drouin, qui avait pris la place de Josh Anderson sur la première vague en fin de deuxième. La présence de Guhle allait annoncer la suite. Guhle a obtenu une aide sur le but de Suzuki quelques instants après la fin de cette supériorité numérique et en a ajouté une sur le but égalisateur en fin de troisième.

Six joueurs du Canadien ont joué plus de vingt minutes contre les redoutables Penguins. Quatre ont 23 ans ou moins, dont deux recrues en défense. Cette équipe est en train de se façonner, et elle appartient de plus en plus aux jeunes. Et merci au jeune entraîneur…

Quelques statistiques révélatrices en vrac

— 13 tirs au but pour Suzuki et Caufield, 8 pour Suzuki, 5 pour Caufield.

— 7 tirs bloqués pour le défenseur David Savard, déjà un favori au trophée Jacques-Beauchamp remis au joueur ayant joué un rôle déterminant dans les succès de l’équipe sans en retirer d’honneur particulier.

— 67 % d’efficacité pour Nick Suzuki lors des mises au jeu.

— 11 : 38 d’utilisation pour Mike Hoffman, le plus faible total après Juraj Slafkovsky.

— 4 tirs au but pour Jordan Harris, un sommet chez les défenseurs des deux équipes.

— Moyenne de 2,48 et taux d’arrêts de ,912 ce matin pour Samuel Montembeault, dont on ne parle pas assez.

Emploi limité de Slafkovsky

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Le temps d’utilisation va évidemment au mérite. On sent encore le premier choix au total cet été, Juraj Slafkovsky, hésitant sur la glace. Ça ne l’empêche pas de montrer de beaux flashs : des mises en échec retentissantes, avec le poids de ses 238 livres, de belles récupérations de rondelle le long des bandes et quelques brillantes passes. Mais son équilibre fait parfois aussi défaut et sur certaines séquences, on le sent réfléchir au lieu d’agir. Il a joué 9 : 52 lundi. Normal. Il a 18 ans. Le seul autre joueur de sa cuvée dans la LNH cet automne, Shane Wright, joue encore moins souvent à Seattle. À son âge, Suzuki entamait sa deuxième de ses trois saisons dans les rangs juniors en Ontario, même chose pour Kaiden Guhle en Alberta. Caufield, lui, était encore à deux ans de quitter l’Université du Wisconsin. Imaginez un peu les dégâts que pourra faire Slafkovsky en 2027-2028 quand il aura l’âge de Suzuki…

À ne pas manquer

  1. Guillaume Lefrançois souligne avec justesse le travail de Kaiden Guhle contre Sidney Crosby, dans son analyse du match de lundi.
  2. Jeff Petry est passé par toute la gamme des émotions à son retour à Montréal. Il a fait acte de contrition après la rencontre, pour son jeu dans l’ensemble et ses trois punitions.
  3. Le CF Montréal affrontera donc le NYCFC lors de la demi-finale d’association, dimanche au stade Saputo. Les explications de Nicholas Richard.