Cette fois, il y avait de bonnes raisons d’enterrer les Bruins.

Blessé, leur meilleur défenseur, Charlie McAvoy, allait rater au moins la première moitié de saison. Idem pour Brad Marchand. À 37 ans, leur centre numéro un Patrice Bergeron avait contemplé la retraite ; David Krejci allait tenter de boucher un trou au centre du deuxième trio à 36 ans après une saison en République tchèque.

Et il y avait ce nouvel entraîneur, le Montréalais Jim Montgomery, sur la voie de la rédemption après son congédiement à Dallas en décembre 2019 en raison sa dépendance à l’alcool.

Nous voilà en novembre, et en date de jeudi matin, les Bruins possédaient la meilleure fiche de la Ligue nationale de hockey : 9-1-0, 45 buts marqués, 26 accordés.

David Pastrnak a trouvé l’élan des beaux jours avec 18 points en 10 matchs, Hampus Lindholm a compensé la perte de McAvoy en défense, Bergeron et Krejci produisent à un rythme d’un point par match, le gardien Linus Ullmark connait un départ phénoménal et Marchand vient de revenir au jeu…

PHOTO BRIAN FLUHARTY, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

David Pastrnak

Les gestionnaires des Bruins, son président Cam Neely et le DG Don Sweeney, œuvrent de manière atypique, mais il faut saluer leur créativité.

Ils n’auraient évidemment pas pu bâtir une formation aussi intéressante sans l’abnégation de leur capitaine Bergeron, qui a accepté de revenir au jeu pour un an moyennant un salaire de 2,5 millions, sans doute l’aubaine de la décennie dans la LNH.

L’acquisition de Hampus Lindholm illustre bien le savoir-faire de Neely et Sweeney. Les défenseurs de 6 pieds 4 pouces et 215 livres de 28 ans capables de jouer 24 minutes par match, brillants à l’attaque comme en défense, ne courent pas les rues.

Lindholm allait profiter de son autonomie en juillet. Les Bruins ont offert le jeune défenseur Urho Vaakanainen, leur choix de première ronde en 2022 et deux choix de deuxième ronde, en 2023 et 2024, aux Ducks pour l’obtenir, puis lui ont fait prestement signer une prolongation de contrat de huit ans à un salaire annuel de 6,5 millions.

Pour Neely et Sweeney, un 22e choix au total (les Ducks ont repêché Nathan Gaucher avec ce choix) et deux choix de deuxième ronde valaient largement le sacrifice pour un premier défenseur à gauche pour les huit prochaines années.

Dans la spectaculaire victoire des Bruins aux dépens des Penguins mardi, au cours de laquelle Boston a effacé un déficit de 5-1, Lindholm a joué 29 : 47 et obtenu quatre points, dont le but gagnant en prolongation.

Les 11 points en 10 matchs de Lindholm constituent une anomalie, puisqu’il amasse en moyenne une trentaine de points par saison, mais ce défenseur suédois vaudra son pesant d’or pour longtemps à Boston.

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Patrice Bergeron et Hampus Lindholm

Rappelons-nous aussi comment les Bruins ont obtenu Taylor Hall. Ils ont cédé uniquement Anders Bjork et un choix de deuxième ronde aux Sabres au moment où la valeur de Hall dégringolait.

Hall, 30 ans, n’est peut-être plus l’attaquant prolifique de jadis, mais il a obtenu 61 points l’an dernier et compte déjà cinq buts en dix matchs. Son contrat de six millions pour encore trois ans est raisonnable. Il permet à Boston de mieux équilibrer ses trios.

L’arrivée de Pavel Zacha constitue un autre bel exemple d’acquisition judicieuse. Sixième choix au total en 2015, Zacha constituait aux yeux de nombreux partisans des Devils un jeune centre décevant. Vrai qu’il n’a jamais produit à la hauteur des attentes.

Pour les Bruins, il constituait un centre de 25 ans à sa place sur un troisième trio, mais aussi capable de tenir un rôle sur un trio offensif, à l’aile comme au milieu. Le prix n’a pas été exorbitant : Erik Haula, 31 ans, 44 points l’an dernier, l’une de ses meilleures productions en carrière.

Zacha a commencé la saison à gauche, puis vient de remplacer Krejci, tombé au combat, au centre de Hall et Pastrnak. Il a six points après dix matchs. Peut-être pourra-t-il surpasser la marque des 40 points pour la première fois de sa carrière. Il l’aurait fait en 2021 sur une saison complète puisqu’il avait obtenu 35 points en 50 matchs.

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Pavel Zacha

Le génie créatif des gestionnaires des Bruins leur permet de compenser leur faiblesse au repêchage. Depuis Charlie McAvoy en 2016, aucun jeune, mis à part le gardien Jeremy Swayman, n’a réussi à percer la formation de façon permanente. Les Bruins, il faut l’admettre, n’ont pas repêché parmi les 15 premiers au cours de cette période, et se sont retrouvés sans choix de première ronde trois fois sur six.

Fabian Lysell est sans doute leur meilleur espoir. Ce 21e choix au total en 2021 a amassé neuf points en sept matchs à sa première année dans la Ligue américaine. C’est plutôt mince après lui.

Mais si le passé est garant de l’avenir, les Bruins parviendront sans doute à dénicher un centre de premier plan de 25, 26 ans le jour où Bergeron et Krejci tireront leur révérence. Pour l’instant, le Québécois ne donne pas l’impression d’un joueur en fin de carrière.

Rectificatif
Une première version de cet article attribuait par erreur une citation sur Auston Matthews à l'entraîneur-chef des Flyers de Philadelphie John Tortorella. Cette citation, largement distribuée, provenait toutefois d'un compte parodique. Toutes nos excuses pour cette méprise.

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