Mitchell Miller obtient cette fameuse « deuxième chance ». Et ce, même si les Bruins de Boston conviennent qu’il pourrait s’agir d’une « mauvaise décision ».

Le défenseur avait été repêché, puis libéré par les Coyotes de l’Arizona en 2020 après qu’une histoire d’intimidation envers un jeune Noir en retard de développement avait fait surface. Vendredi, les Bruins lui ont offert un contrat d’entrée dans la LNH. Le joueur de 20 ans se rapportera à leur club-école en premier lieu.

« Quand j’étais en huitième année, j’ai pris une très mauvaise décision et j’ai agi de façon très immature, souligne Miller, cité dans le communiqué des Bruins. J’ai intimidé un de mes collègues de classe. Je regrette l’évènement et je me suis excusé auprès de la personne. »

« C'est une belle occasion pour moi et les Bruins, a-t-il enchaîné lors d’une mêlée de presse. Je veux m’améliorer hors de la glace avec une implication communautaire et des formations sur la diversité. »

« Quand je suis venu à Boston rencontrer les dirigeants, j’ai été transparent avec ce que j’ai fait et avec ce que je veux faire pour continuer à avancer. Ils m’offraient les meilleures ressources pour y arriver. »

Miller avait été le tout premier choix des Coyotes lors du repêchage de 2020. Par la suite, un article-choc de l’Arizona Republic avait révélé la teneur de l’intimidation qu’avait fait subir Miller à Isaiah Meyer-Crothers, quatre ans plus tôt.

Le journal écrivait ceci : « Il y a quatre ans, Miller a reconnu devant une cour de la jeunesse de l’Ohio avoir intimidé Isaiah Meyer-Crothers, notamment en lui faisant lécher un bonbon qui avait été frotté à son insu dans un urinoir. Meyer-Crothers a aussi dit que Miller l’interpellait constamment en utilisant le mot qui commence par la lettre N et le frappait à répétition. D’autres élèves ont confirmé aux policiers les allégations que Miller utilisait des insultes à caractère raciste. »

Sous pression, les Coyotes avaient fini par libérer le joueur.

« Plus facile de ne rien faire »

Vendredi après-midi, le directeur général des Bruins, Don Sweeney, a tenté d’expliquer sa décision.

Décision qu’il a qualifiée de « très difficile, autant personnellement que professionnellement ».

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Le directeur général des Bruins de Boston, Don Sweeney

Il a dit croire en la « rédemption » du joueur, même s’il avance dans la foulée que le choix de son organisation pourrait s’avérer le « mauvais ». Le DG a souligné avoir longtemps analysé les pour et les contre de cette signature.

« On savait que ça allait nous amener beaucoup de négativité dont nous n’avions pas besoin, bien honnêtement. Mais chaque fois qu’on voulait rebrousser chemin, on revenait au fait qu’il a fait ces gestes lorsqu’il avait 14 ans. »

Selon Sweeney, « ç’aurait été beaucoup plus facile de ne rien faire ».

« Les bottines devaient suivre les babines [we had to walk the walk] », a-t-il illustré.

Si on veut être ouverts et inclusifs, on doit permettre aux gens de continuer à grandir malgré des erreurs dans leur parcours, en s’assurant qu’ils ne les répètent pas au sein de notre organisation.

Don Sweeney, directeur général des Bruins de Boston

Oui, Miller a contacté la victime récemment. Un processus plus long que la normale en raison du processus judiciaire qui a eu lieu. Mais les Bruins eux-mêmes n’ont consulté ni Isaiah Meyer-Crothers ni sa famille avant de prendre la décision de s’entendre avec le controversé défenseur. D’ailleurs, en entrevue à CBS Boston, la mère de la victime, Joni, a précisé que Miller n’avait jamais cherché à s’excuser avant la semaine dernière, par le biais d’un message sur Instagram.

« Les deux côtés de l’histoire ont été bien documentés », a répondu Sweeney à une question d’une journaliste. Il faisait référence au procès de Miller devant une cour de la jeunesse en Ohio. Le DG a ajouté qu’il serait prêt à discuter avec Isaiah subséquemment.

Quelle a été la réaction du groupe de leaders dans le vestiaire des Bruins ?

« Ils ont eu la même réaction que tout le monde : “Pourquoi ?” »

« Il n’y a pas de pardon [envers Miller] dans cette histoire, a fait valoir Sweeney. On y voit une occasion pour le jeune homme d’avoir une carrière malgré de très mauvaises erreurs passées. Je n’ai pas senti que j’avais besoin d’avoir les deux versions des faits pour savoir que la culpabilité réside à 100 % en Mitchell. »

« Puni » à vie

Dans le communiqué publié vendredi, Mitchell Miller dit avoir « mieux compris, depuis l’évènement, les conséquences de [ses] actions ». « Il y a sept ans », dit-il, ce n’était pas le cas.

« En tant que membre des Bruins, je vais continuer de participer à des programmes autant pour m’éduquer que pour faire partager mes torts, dans le but de montrer les impacts négatifs que ces gestes peuvent causer aux autres. Ce que j’ai fait à 14 ans était mal et inacceptable. Le manque de respect envers autrui ne devrait pas avoir sa place dans ce monde. »

Don Sweeney n’a pas voulu divulguer quels étaient les programmes en question.

« Mitchell a été puni, et il devra porter les conséquences de cette punition pour le reste de sa vie. »