Bruce Boudreau, entraîneur-chef des Canucks de Vancouver, a joliment résumé le thème du duel qui opposera son équipe au Canadien ce mercredi soir à Montréal : « Un match entre deux équipes qui veulent prouver qu’elles sont meilleures que ce que les gens en disent. »

Chez le Tricolore, cette phrase peut être dite avec le sourire. L’équipe joue pour ,500 (6-6-1), et fait déjà taire ses détracteurs — encore que tout soit loin d’être parfait. Chez les Canucks, toutefois, le ton est plus grave.

Personne ne voyait les Vancouvérois en finale de la Coupe Stanley, mais personne ne les voyait forcément dans la cave de la faiblarde division Pacifique non plus. Les quatre victoires récoltées au cours des six derniers matchs sont un relatif baume sur le début de saison catastrophique du club : 0-5-2 à ses sept premières sorties. Le genre de faux départ qui peut coûter une place en séries éliminatoires avant le mois de novembre.

Ça va mieux, donc, surtout du côté de l’attaque, qui a des allures de rouleau compresseur. Elias Petterson, Bo Horvat, J. T. Miller et Quinn Hughes, avancent à un rythme égal ou supérieur à un point par rencontre. À ses débuts nord-américains, l’ailier russe Andrei Kuzmenko a déjà 11 points en 13 matchs. En tenant aussi en compte que l’avantage numérique roule à fond de train, on peut d’emblée prédire que le Canadien aura fort à faire pour garder la tête hors de l’eau dans sa zone.

À l’autre extrémité de la patinoire, c’est… différent.

Les Canucks concèdent quatre buts par match, en moyenne, au 30e rang de la LNH. À cinq contre cinq, ce n’est pas la fin du monde. Les performances très honnêtes des gardiens de but Thatcher Demko et Spencer Martin rachètent partiellement les largesses des patineurs devant eux. Le désavantage numérique, toutefois, est une authentique catastrophe : 60,5 % d’efficacité, au dernier rang du circuit. Douze fois en 13 matchs a-t-on accordé au moins un but à court d’un homme.

« On doit évidemment corriger ça en priorité », a convenu le défenseur Luke Schenn mercredi matin.

Mais ça ne s’arrête pas là. C’est tout l’effort défensif qui doit être mieux calibré, estime Bruce Boudreau.

« L’attaque est généralement prise en charge par des athlètes capables de le faire ; tu n’as pas à leur dire grand-chose, a souligné l’entraîneur. La défense, c’est un travail à six hommes, tu dois être impliqué. On doit certainement faire mieux. »

Invité à préciser sa pensée sur l’implication de ses joueurs, Boudreau a apporté certaines nuances. Ses troupes donnent du leur, assure-t-il, mais pas toujours de la bonne façon. « Quand on ne gagne pas, tout le monde veut faire le travail des autres au lieu du sien ; or, à vouloir être partout, ils n’aident personne. »

Un peu de stabilité dans la formation ne fera pas de tort non plus. Cinq des 12 attaquants en uniforme mardi contre les Sénateurs d’Ottawa n’évoluaient pas à Vancouver la saison dernière. En défense, la récente acquisition d’Ethan Bear, pourtant pas une grande vedette de la ligue, a ralenti les portes tournantes qui ont déjà vu défiler 11 patineurs.

« C’est un défenseur de la LNH. C’est bien d’avoir des gars qui connaissent la ligue et qui savent comment y jouer », a dit Boudreau au sujet de Bear, une remarque qui n’est pas exactement une fleur pour les jeunes défenseurs de l’organisation auparavant appelés en renfort.

Qu’importe : les solutions, il faudra impérativement les trouver, insiste Luke Schenn.

« Pour gagner dans cette ligue, il faut défendre notre zone durement : ce n’est pas une bonne recette de juste tenter de marquer un maximum de but. »

De sages paroles, qui doivent toutefois subir le test de la réalité. Ce qui sera fait sur la glace du Centre Bell dès 19 h 30.