Le pire ennemi d’une reconstruction réussie demeure l’impatience.

Pierre Dorion l’avait été à l’aube de la saison précédente en déclarant que les Sénateurs étaient prêts à passer à la prochaine étape, à peine trois ans après avoir entamé son grand chantier.

Le DG des Sénateurs avait reconnu par la suite son erreur. Cet été cependant, il a gonflé à nouveau les attentes, non pas en paroles, mais par ses actions.

On ne pourra jamais le blâmer d’avoir cédé un septième choix au total et des choix de deuxième et troisième rondes pour obtenir l’un des meilleurs buteurs de la LNH, Alex DeBrincat, âgé de seulement 24 ans. Claude Giroux ne constitue pas une embauche catastrophique non plus même s’il aura 35 ans sous peu, puisqu’il a obtenu un contrat de seulement trois ans.

Mais Dorion et les Sénateurs entrent dans une zone dangereuse à compter de maintenant. En encaissant un sixième revers de suite, mardi, contre les Canucks, Ottawa a chuté au 30e rang du classement général, avec une fiche de 4-8.

Les Sénateurs se retrouvent désormais à sept points de trois équipes en lutte pour la dernière place donnant accès aux séries, et pas les moindres, le Lightning, les Panthers et les Rangers. Ils doivent aussi devancer les Sabres, les Capitals, le Canadien et les Penguins.

Voyons si Pierre Dorion cédera à la panique pour tenter de sauver une saison qu’il annonçait spectaculaire. La pire idée serait de sacrifier à nouveau de hauts choix et, ou, des espoirs, pour renverser la situation.

Les Sénateurs ont déjà cédé leur choix de première ronde en 2022 et leur premier choix de 2021, Tyler Boucher, repêché au dixième rang, n’annonce pas de grandes promesses.

Une chose importante à garder en perspective : l’arrivée de deux joueurs offensifs n’allait pas transformer une équipe classée au 26e rang du classement général en 2021-2022 en puissance de la Ligue nationale.

Anton Forsberg demeure un gardien qui, à 29 ans, n’a jamais pu s’imposer dans la LNH avant l’an dernier et Cam Talbot, 35 ans, a changé d’équipe cinq fois depuis 2019.

La défense demeure au mieux correcte, malgré l’arrivée du prometteur Jake Sanderson, avec un top six constitué de Thomas Chabot, Artem Zub (blessé, remplacé par le jeune Jacob Bernard-Docker), Sanderson, Travis Hamonic, Erik Brannstrom et Nick Holden.

Avec un club si fragile, la perte du centre numéro un, Josh Norris, s’avère douloureuse, même si les Sénateurs ont de la profondeur à l’attaque.

Même si la saison est jeune, il commence déjà à se faire tard. Aucune des cinq pires équipes au classement à pareille date en 2021 n’a raté les séries par moins de 29 points au final.

Classement en date du 9 novembre 2021

28– Seattle

À 6 points d’une place en séries, les a ratées par 37 points.

29- Chicago

À 7 points d’une place en séries, les a ratées par 29 points.

30– Montréal

À 7 points d’une place en séries, les a ratées par 45 points.

31– Ottawa

À 7 points d’une place en séries, les a ratées par 27 points.

32– Arizona

À 12 points d’une place en séries, les a ratées par 40 points.

Les Canucks ont effectué une remontée au classement en deuxième moitié de saison l’an dernier, après avoir congédié leur entraîneur le 5 décembre pour le remplacer par Bruce Boudreau, mais ils se classaient au 19e rang du classement général, à seulement trois points d’une place en séries en date du 9 novembre.

Au pire, si Ottawa ne se replace pas, l’organisation bénéficiera d’un autre très haut choix au repêchage en 2023, dans l’une des cuvées les plus riches des dernières décennies. Ça pourrait même être une bénédiction…

Pauvre Sean Monahan !

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Sean Monahan

Disons les choses franchement, Sean Monahan n’a pas été gâté, mardi soir, en étant placé au centre d’Evgenii Dadonov et Jonathan Drouin. Le premier ne semble plus rien avoir à donner, dépassé par la vitesse du jeu. Le second n’a vraisemblablement pas envie de se rompre les os dans l’espoir de gagner des batailles pour la rondelle et marquer des buts.

Dès sa première présence, contre les Wings, Drouin a été coupable d’un revirement en territoire défensif qui a mené à une longue et pénible présence du quintette dans sa zone. Puis il y a eu ce cafouillage à la ligne bleue adverse en supériorité numérique. Drouin a joué 10 : 29 à égalité numérique. Le plus bas total du club, après Slafkovsky (10 : 02), expulsé de la rencontre avec un peu plus de cinq minutes à faire en troisième.

La patience a ses limites. Voyons combien de temps encore sera-t-on patient avec ces deux-là. Et si, entretemps, Rem Pitlick aura eu le temps, à Laval, de saisir le message de la direction, clairement insatisfaite de son début de saison et de son manque de hardiesse comparativement à la saison précédente…

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