Qui aurait cru qu’un statisticien des Draveurs de Trois-Rivières dirigerait un jour la Ligue de hockey junior majeur du Québec pendant 36 ans et qu’il changerait à jamais le visage de la ligue ?

Personne, sauf Gilles Courteau.

Âgé de 65 ans, Courteau a confirmé vendredi qu’il se retirera de toutes les activités de la LHJMQ en mai 2024, après avoir été impliqué au sein de la ligue pendant près de 50 ans.

Entouré du président du comité exécutif, Richard Létourneau, et du deuxième vice-président du comité exécutif, Bobby Smith, Courteau a tracé quelques grandes lignes de ses réalisations dans la LHJMQ, tout en remerciant de façon émotive sa femme et ses deux enfants.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Gilles Courteau était ému lors de la conférence de presse annonçant sa retraite.

« Je pense que ma plus grande fierté est l’implantation de notre programme de bourses d’études. Pendant mon mandat, nous avons versé plus de 17,5 millions de dollars à des joueurs qui en ont profité », a souligné Courteau.

Sur le plan des affaires, un de nos plus grands accomplissements est d’avoir pu décentraliser la ligue de la grande région de Montréal. Nous avons maintenant des équipes ancrées dans plusieurs régions du Québec, ainsi que dans trois provinces atlantiques.

Gilles Courteau

Courteau a indiqué au cours de son annonce que le processus pour le remplacer s’amorcerait après les Fêtes et qu’il s’échelonnerait jusqu’à la fin du mois de mai. C’est à ce moment que l’identité du candidat retenu sera dévoilée.

Entre-temps, Courteau a souligné qu’il restera en poste pour les six premiers mois de l’année financière 2023-2024, avant de rendre les rênes à son successeur et de l’épauler dans ses nouvelles fonctions jusqu’au 31 mai 2024. Il se retirera à ce moment-là pour de bon, après 49 ans d’implication dans la LHJMQ.

« Ce que je retiens de toutes mes années dans la ligue, c’est qu’elles ont passé à la vitesse de l’éclair, a-t-il déclaré. Je me souviens autant de mes débuts avec les Draveurs que des moments que je vis présentement. J’ai vécu ces années-là avec beaucoup de passion et j’ai été très bien entouré par ma famille. Mon épouse et mes enfants ont été des atouts importants dans la longévité de ma carrière. »

Pour rendre hommage à la carrière de Courteau, la coupe du Président, le trophée qui récompense l’équipe gagnante des séries de la LHJMQ, sera renommée le trophée Gilles-Courteau.

PHOTO ROBERT NADON, 1999-09-22

Robert LeBel, Gilles Courteau et Paul Dumont lors du 25e anniversaire de la LHJMQ, en 1994.

Une carrière bien remplie

Originaire de Trois-Rivières, Courteau a été embauché par les Draveurs à titre de statisticien, en 1975, avant de reprendre ce rôle au sein de la centrale administrative de la LHJMQ, en 1977.

Courteau a ensuite été nommé directeur administratif des Remparts de Québec, en 1980, et directeur général de l’équipe, en 1982. Parallèlement, il a travaillé à temps partiel pour les Nordiques de Québec jusqu’en 1985.

Lorsque les Remparts ont cessé leurs activités, en 1985, Courteau a remplacé Claude Carrier comme directeur administratif de la LHJMQ. Il a par la suite pris la relève de Guy Morissette, qui a démissionné de son poste de président du circuit au milieu de la saison 1985-1986.

Sous la gouverne de Courteau, la LHJMQ a mené à bien plusieurs expansions pour faire passer le nombre d’équipes de 10 à 18. La ligue a d’ailleurs effectué une première percée dans les Maritimes le 17 mars 1994, avec la venue des Mooseheads de Halifax.

En 1996, Courteau a vécu l’un de ses premiers moments marquants en tant que président de la LHJMQ. Couronnant une superbe saison de 56 victoires et de 114 points, les Prédateurs de Granby ont remporté la coupe Memorial, mettant fin à une disette de 15 ans pour la ligue et de 25 années pour le Québec.

Depuis cette conquête, la LHJMQ a redoré son blason au sein de la Ligue canadienne de hockey. Elle a remporté le trophée le plus important du hockey junior canadien à neuf reprises au cours des 24 dernières saisons complétées et six fois lors des 10 dernières éditions du tournoi de la Coupe Memorial.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Alexandre Daigle, premier choix au repêchage de la LNH, en 1993, entouré de Gary Betman et Randy Sexton.

Pendant le mandat de Courteau à titre de président, huit joueurs de la LHJMQ ont été sélectionnés au tout premier rang du repêchage de la LNH, soit Pierre Turgeon (1987), Alexandre Daigle (1993), Vincent Lecavalier (1998), Marc-André Fleury (2003), Sidney Crosby (2005), Nathan MacKinnon (2013), Nico Hischier (2017) et Alexis Lafrenière (2020).

À l’extérieur de la patinoire, Courteau a mis en place plusieurs programmes pour les joueurs et il s’est assuré que la LHJMQ puisse les encadrer pendant leur stage junior afin qu’ils deviennent des professionnels et de bons citoyens.

« Au fil des années, nous avons mis en place des bourses d’études, nous avons implanté la fréquentation scolaire obligatoire et nous avons clarifié le statut du joueur pour qu’il soit reconnu comme un athlète-étudiant. Je suis heureux de voir l’encadrement des équipes envers les joueurs », avait affirmé Courteau à La Presse Canadienne, en 2020.

Avant de tirer un trait définitif sur sa carrière, Courteau souhaite continuer cet encadrement et cette éducation des joueurs, dans la foulée des nombreux cas d’agression sexuelle répertoriés dans le hockey junior au cours des dernières années. Plus tôt cette semaine, la LHJMQ a d’ailleurs été frappée par des accusations de viol collectif impliquant des joueurs des Voltigeurs de Drummondville.

« Nous avons des politiques en place depuis plus de 12 ans. Nous en avons ajouté des nouvelles et nous avons renforcé les politiques existantes. Nous avons embauché Léa Clermont-Dion pour offrir des conférences sur le consentement à nos joueurs. Nous devons continuer d’éduquer nos joueurs et nous continuerons à donner des webinaires d’information », a conclu Courteau.